Né le 16 février 1913 au Havre (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), fusillé le 15 mars 1944 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; employé de commerce ; résistant du réseau Turma-Vengeance, Compagnon de la Libération.

Fils de René, importateur, et de Mary née Morris, sans profession – le couple se maria le 20 juin 1910 à Seattle dans l’État de Washington (États-Unis) –, Bernard Chevignard eut cinq frères et sœurs, et vécut pendant la Première Guerre mondiale à Gevrey-Chambertin où la famille s’était retirée. Rentré à Paris, il fit des études à Saint-Jean-de-Passy dans le XVIe arrondissement, obtint la première partie du baccalauréat. Il devança l’appel en octobre 1933, effectua son service militaire au 8e Régiment de dragons, suivit le peloton de sous-officier. Nommé maréchal des logis en avril 1934, il termina son service militaire à Lunéville (Meurthe-et-Moselle). À l’automne 1934, il devint employé dans une entreprise de transports de Levallois-Perret (Seine, Hauts-de-Seine).
Rappelé fin août 1939 dans la cavalerie comme maréchal des logis, il fut cité à l’ordre de la Division lors de la campagne de France. Prisonnier vers le 20 juin 1940, interné à Reims, il s’évada en septembre 1940. De Paris, il gagna la zone libre et fut démobilisé en octobre. En décembre 1940, il se porta volontaire pour encadrer les chantiers de jeunesse, puis fut envoyé à l’École nationale des cadres à Uriage (Isère). Les cadres d’Uriage se démarquèrent de la politique de collaboration du gouvernement de Vichy. Il quitta les Chantiers de jeunesse en septembre 1941, rejoignit sa famille à Paris qui était opposée comme lui à l’occupation allemande.
En mars 1943, il rencontra les docteurs François Wetterwald et Vic-Dupont du réseau Turma-Vengeance. Le premier le chargea de constituer et d’entraîner une section spéciale, chargée de protéger les membres de l’organisation et de réaliser des sabotages et attentats. Il parvint à recruter, armer et habiller un groupe d’action, puis à organiser deux sections. Automobiles, essence, armes, uniformes et papiers furent volés aux Allemands. Il organisa des groupes à Nevers et Fourchambault dans la Nièvre, ainsi qu’à Évreux (Eure). Il participa le 16 juin 1943 à l’exécution d’une sentinelle allemande près du viaduc de Chantilly où se préparait un sabotage. Il mettait au point la destruction de la ligne téléphonique Paris-Bruxelles-Berlin.
Alors qu’il était recherché par les Allemands, ceux-ci se présentèrent au domicile de sa mère 11 rue Duban (XVIe arr.) ; un aviateur américain s’y trouvait. Arrêtée, Mary Chevignard, née dans l’État du Dakota aux États-Unis, fut déportée le 31 janvier 1944 à Ravensbrück (Allemagne). Matricule 27624, libérée par la Croix-Rouge le 9 avril 1945, elle mourut peu après son retour.
Bernard Chevignard avait comme adjoint Michel Pelletier avec qui il participa à plusieurs actions notamment des vols d’automobiles rue Lauriston et avenue des Champs-Élysées. Par deux fois il fut poursuivi dans Paris. Il remit douze mille francs à Michel Pelletier pour assurer la vie du groupe.
Le 22 août 1943, alors qu’il sortait d’une cabine de la piscine Molitor revêtu d’un uniforme allemand, deux employés de l’établissement tentèrent de l’arrêter. Il s’échappa en passant à travers une baie vitrée, mais fut rattrapé dans la rue. Sa sœur qui l’attendait avec une bicyclette assista impuissante à la scène. Incarcéré au Cherche-Midi (VIe arr.), prison administrée par les Allemands, interrogé, torturé à plusieurs reprises, il fut ensuite incarcéré à Fresnes, et comparut le 3 mars 1944 devant le tribunal du Gross Paris rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.), avec Albert Koulmann, François Sachetti, André Tavernier et Michel Pelletier.
Condamné à mort pour « intelligence avec l’ennemi et meurtre », Bernard Chevignard fut passé par les armes le 15 mars 1944 au Mont-Valérien, ainsi que ses compagnons. À titre posthume, il fut nommé chevalier de la Légion d’honneur et reçut la Croix de guerre avec deux citations. Par décret du 20 janvier 1946, il devint compagnon de la Libération ; le général de Gaulle écrivit à son propos : « Il est de ceux dont la mémoire servira toujours d’exemple. »
Le 18 juin 2012, la municipalité du Havre inaugura, place du Général-de-Gaulle, une stèle à la mémoire des fusillés de la ville. Le nom de Bernard Chevignard y figure.
Sources

SOURCES : Arch. PPo., BA 2117. – DAVCC, Caen, Boîte 5/B VIII dossier 5 (Notes Thomas Pouty). – J.-C. Notin, 1 061 Compagnons. Histoire des Compagnons de la Libération, Éd. Perrin, 2000. – FMD, Livre-Mémorial, op. cit. – Vladimir Touplin, Dictionnaire des compagnons de la Libération, Bordeaux, Elytis, 2010. — Site Internet Mémoire des Hommes. – Site Internet de l’Ordre de la Libération. – Mémorial GenWeb. – État civil, Le Havre.

Daniel Grason

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