Né le 14 novembre 1884 à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), fusillé comme otage le 22 octobre 1941 au terrain militaire du Bêle à Nantes ; directeur technique d’industrie ; résistant du réseau Georges-France 31.

Léon Jost
Léon Jost
Musée de la résistance nationale
Fils du fondé de pouvoir de la Biscuiterie Lefèvre-Utile, Léon Jost fut élève du lycée Clemenceau de Nantes, de la classe de huitième au baccalauréat (1901) de l’enseignement secondaire moderne. Il fit toute sa carrière dans la maison LU et devint directeur de la fabrication. Marié, il avait deux enfants.
Blessé lors de la Grande Guerre, le 8 janvier 1915, il fut amputé de la jambe gauche. Titulaire de la Croix de guerre 1914-1918, commandeur de la Légion d’honneur, président de la fédération des anciens combattants de Loire-Inférieure, il fut président départemental à partir de 1926 de l’Union nationale des mutilés et réformés anciens combattants, et accéda à de nombreuses responsabilités dans des organisations d’anciens combattants, entre autres vice-président national de l’Union nationale des mutilés et réformés.
Le 28 juillet 1940, il devint président du comité départemental d’aide aux prisonniers. En plus d’apporter secours et nourriture aux prisonniers des camps du département, il accueillit aussi clandestinement les évadés et les aida à franchir la ligne de démarcation. Le comité aurait fait évader 2 248 prisonniers de guerre notamment vers l’Angleterre via Douarnenez.
Membre du réseau Georges-France 31, il fut arrêté le 15 janvier 1941 pour « aide à PG évadés » et « intelligence avec l’ennemi ». Libéré le 18 février et à nouveau arrêté le 3 mars, il fut mis au secret puis condamné le 15 juillet 1941 à trois ans de forteresse. Il fut interné successivement à la prison des Rochettes (Nantes) et à la prison Lafayette (Nantes). Son fils Michel était prisonnier de guerre en Allemagne.
Le 22 octobre 1941 il fut au nombre des quarante-huit otages exécutés sur ordre de Hitler, en représailles à la mort d’un commandant allemand (le Feldkommandant Hotz) abattu le 20 octobre à Nantes.
Il fut homologué, à titre posthume, lieutenant des Forces françaises de l’intérieur (FFI) et reçut la Croix de guerre 1939-1945 et la médaille de la Résistance.
Les souvenirs écrits en prison par Léon Jost entre mai et juillet 1941 ont été édités : Un dernier tour en ville. Un Nantais de la Belle Époque aux cinquante otages, Thonon-les-Bains, L’Albaron, 1991.
Dernière lettre :
Ma chère femme aimée,
le grand moment est venu, nous venons d’être informés que nous serons fusillés aujourd’hui. L’honneur qui m’avait été refusé une première fois va m’être accordé : je vais mourir pour la France !
Tu sais quels sont mes sentiments au moment de te quitter ; je ne puis que te répéter mes sentiments d’amour et de reconnaissance. Tu as été une épouse et une mère admirables. Maintenant, tu vas être un chef de famille. Les enfants se grouperont autour de toi et vous serez forts tous trois.
Si j’ai un regret de quitter la vie, c’est de vous laisser alors que nous étions si heureux.
[...] La peine que je vais te causer, cet immense chagrin s’adoucit de la certitude que j’ai d’avoir fait mon possible pour te rendre heureuse. Notre bel amour va avoir une fin. Adieu, mon aimée, je vais réaliser mon rêve, je vais mourir en soldat.
Votre mari, fils, père, frère, qui vous aime de toute son âme qui va quitter et voler vers vous.
Vive la France !!!
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). – SGA, DIMI, Bureau Résistance, dossier 16P 311 769. – Archives. Dep. 44, 1694 w 16. - Jean-Pierre Sauvage, Xavier Trochu, Mémorial des victimes de la persécution allemande en Loire-Inférieure 1940-1945, fusillés et exécutés, Nantes, 2001. – État civil.

Jean-Pierre Besse, Delphine Leneveu

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