Né le 28 janvier 1899 à Contré (Charente-Inférieure, Charente-Maritime), fusillé le 11 janvier 1944 au camp de Souge, commune de Martignas-sur-Jalle (Gironde) suite à une condamnation à mort ; assureur ; résistant en Charente-Maritime ; initiateur du mouvement rochelais de résistance Honneur et Patrie, responsable départemental de l’Armée secrète (AS).

Léopold Robinet était le fils d’un cultivateur. Élève intelligent, il eut un parcours scolaire sans histoire et se tourna vers une carrière d’assureur à Saintes (Charente-Inférieure, Charente-Maritime) puis à La Rochelle (Charente-Inférieure, Charente-Maritime). Engagé volontaire en avril 1918 pour participer à la Première Guerre mondiale, il fut envoyé en Syrie. Le 19 avril 1921, il retrouva la vie civile. Il adhéra à la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO). Il fut à nouveau mobilisé pendant la Seconde Guerre mondiale, du 19 septembre 1939 au 18 juillet 1940, avec le grade d’adjudant-chef du génie. En 1940, il était à la tête d’un gros cabinet de contentieux dans le centre-ville de Saintes. Marié dans cette ville le 8 août 1922 avec Renée Bruneteau, il se remaria à La Rochelle le 5 octobre 1940 avec Paule, Héloïse Rousset, institutrice.
Après sa démobilisation, il rentra à La Rochelle et reprit la direction de son cabinet de contentieux, rue Dupaty. En désaccord avec la signature de l’armistice et n’acceptant pas l’Occupation, il se lança très tôt dans une résistance individuelle en distribuant à ses clients et amis des tracts qu’il rédigeait avec l’aide de sa femme. Rapidement, il rassembla autour de lui amis et connaissances, souvent d’affinités socialistes, et, dans le courant de l’année 1942, le groupe prit le nom d’Honneur et Patrie.
Grâce aux contacts et aux amitiés des uns et des autres, le groupe s’étendit géographiquement sur l’ensemble du département, associant des hommes, des embryons de Résistance, des groupes bien constitués. Léopold Robinet prit contact avec le colonel Thinières, le chef régional de l’AS pour le Sud-Ouest, puis avec le général Bruncher, son responsable départemental.
Membre du Parti socialiste clandestin, il eut des contacts avec Libération-Nord, mais surtout avec l’Organisation civile et militaire (OCM). Il avait de fréquents contacts avec l’état-major régional de ce mouvement et avec son responsable, André Grandclément. D’ailleurs, il se rendait régulièrement à Bordeaux (Gironde), où il transmettait les renseignements recueillis. Principal artisan de la structuration de la Résistance départementale, il en devint le responsable civil. Le 15 juillet 1943, sur proposition du colonel Thinières, chef de l’AS du sud-ouest, il fut nommé chef départemental de l’AS, grade homologué par Londres.
Les activités d’Honneur et Patrie étaient diverses : aide au passage de la ligne de démarcation, filières d’évasion par l’Espagne, recherche de renseignements militaires, en particulier sur les mouvements des bateaux et sous-marins qui relâchaient à la base de La Pallice (La Rochelle) et sur le mur de l’Atlantique, parachutages d’armes.
Au printemps 1943, Léopold Robinet créa dans le nord-est du département le petit maquis transitoire de Chantemerlière pour accueillir les réfractaires au Service du travail obligatoire (STO). Il prit vite conscience de la fragilité de ce refuge et, par mesure de sécurité, il décida, dès le mois d’août suivant, sa dissolution. Ce fut d’ailleurs une de ses dernières décisions, puisque à partir du 13 septembre la police allemande entamait le démantèlement du mouvement avec les premières arrestations les 13 et 14 septembre.
Le 16 septembre 1943 à 5 heures du matin, ou le 15, la maison entièrement cernée, il fut arrêté. Ce jour-là, il avait rendez-vous à la gare de La Rochelle avec Tanguy Prigent, que sa famille, bien qu’étroitement surveillée, réussit à faire prévenir par des voisins.
Léopold Robinet fut interné à la prison de Lafond à La Rochelle, où il retrouva plusieurs de ses compagnons. Consciente de l’importance de la prise, la police allemande utilisa les grands moyens pour le faire parler : tortures, coups, manque de nourriture. Elle voulait connaître les complicités, et surtout les caches d’armes parachutées dans l’été. Il eut pour pseudonymes « Hector » et « Prairial ». L’un de ses codétenus témoigna, à son retour de déportation, des violences qu’il avait subies : « Je soussigné [...] certifie avoir été arrêté le même jour que le commandant Léopold Robinet, notre chef de l’organisation de Résistance du groupe Honneur et Patrie de l’OCM. Je déclare aussi avoir partagé avec lui la même cellule dans la prison de Lafond à La Rochelle pendant 3 mois. Je puis assurer que, malgré les horribles tortures qui lui ont été infligées, il n’a jamais livré aucun secret, pas plus qu’aucun de nos camarades. Je suis sûr qu’il n’a pas été trouvé sur lui de pièces compromettantes. »
Il fut transféré au fort du Hâ à Bordeaux, où il fut jugé avec soixante-dix-sept membres du mouvement par le tribunal militaire allemand de La Rochelle (FK 540) déplacé dans cette ville. Pendant le procès, selon le témoignage d’un de ses coaccusés, il assuma toute la responsabilité, cherchant à minimiser la leur. Il fut condamné à mort, ainsi que vingt de ses compagnons. Espérant le sauver, sa femme fit appel, pour assurer sa défense, à un avocat parisien spécialisé dans ce type de procès. Après consultation du dossier et de l’avocat commis d’office à Bordeaux, il ne lui laissa que peu d’espoir, déclarant qu’il ne pouvait le sauver seul. Cependant, jusqu’au matin de l’exécution, il lui laissa espérer que la peine de mort pouvait être commuée en déportation.
Léopold Robinet a été fusillé avec ses compagnons au camp de Souge le 11 janvier 1944.
Il fut homologué, à titre posthume, commandant des Forces françaises de l’intérieur (FFI) et fut élevé au grade de chevalier de la Légion d’honneur (JO du 25 novembre 1947).
Le décret signé Vincent Auriol stipulait : « Organisateur du premier mouvement de résistance armée en Charente-Maritime sous le nom de ``Honneur et patrie’’, s’est rallié avec ses troupes à l’AS du Sud-Ouest et est devenu le chef départemental durant la période particulièrement active de recrutement, sabotages et parachutages. Par surcroît a mis sur pied un excellent réseau de renseignements sur la côte de l’Atlantique et dans les Îles. Arrêté par la Gestapo en septembre 1943, est tombé sous les balles ennemies le 11 janvier 1944 à Souge. Restera un bel exemple de devoir et de sacrifice. »
Il est inhumé dans sa commune natale. Il y a un boulevard Léopold-Robinet à La Rochelle.
Sources

SOURCES : SHD, DIMI, Bureau Résistance, dossier 16P515326. – Fédération de la Résistance de la Charente-Maritime, La Résistance en Charente-Maritime, CDrom, AERI, 2010 (fiche rédigée par Nicole Proux). – Honneur et Patrie, brochure de l’ONACVG de la Charente-Maritime, sans date. – Renseignements fournis par la mairie de Contré. – État civil.

Jean-Pierre Besse

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