Né le 31 août 1922 à Tarbes (Hautes-Pyrénées), fusillé le 8 avril 1944 à Toulouse (Haute-Garonne) ; résistant ; membre des Corps francs de Libération.

source : musée de la déportation et de la résistance de Tarbes.
Rue Paul Mathou à Bagnères-de-Bigorre.
Paul Mathou était le fils d’Henri et de Marie-Antoinette Espouey. Il était domicilié à Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées) où il fit ses études à l’école primaire. En septembre 1938, il entra à l’école pratique d’industrie et artisanat rural de Gourdan-Polignan (Haute-Garonne). Il poursuivit des études de mécanique. Fin 1941, il était titulaire du brevet d’études industriel et du CAP de mécanique générale.
Il s’engagea en octobre 1941 au 44e régiment de tirailleurs algériens et y demeura jusqu’à la dissolution fin 1942. Requis pour le Service du travail obligatoire (STO) en Allemagne, il s’évada de Dusseldorf en novembre 1943 et rejoignit la Résistance.
Membre des Corps francs du mouvement Libération, il appartint au maquis de Banios dans les Hautes-Pyrénées d’octobre 1943 à son arrestation. Le 29 mars 1944, les Allemands attaquèrent le maquis ; il couvrait le repli de ses camarades avec son fusil-mitrailleur. Blessé à l’épaule, il fut arrêté. Conduit à l’hôpital de Tarbes (Hautes-Pyrénées) afin d’y être soigné, il fut ensuite écroué à la prison Saint-Michel à Toulouse.
Condamné à mort par un tribunal militaire allemand le 8 avril 1944, il a été fusillé le jour même à Toulouse. Son corps fut retrouvé en septembre 1944 dans le charnier de Bordelongue (Toulouse).
Dans sa dernière lettre, il écrivit :
Bien chers parents chéris et petite mère chérie. Lorsque vous recevrez cette lettre, vous serez attristés mais j’espère que vous supporterez l’épreuve aussi bien que je la supporte. Il y a une demi-heure, j’ai été condamné à mort par la cour martiale allemande. Je m’en serais peut-être sorti mais il y a eu un attentat à Toulouse et je crois que nous sommes pris comme otages. Nous sommes neuf qui devons être exécutés aujourd’hui, à 17 heures. Il y a onze jours que je m’attendais à cela. J’ai été amené de Banios le 29 mars, à 8 heures. Je n’ai pas pu m’échapper car j’ai été blessé à l’épaule. Ils m’ont emmené à Tarbes en camion et j’ai été soigné en arrivant, je n’ai pas souffert. Trois jours après, le 1er avril (ce poisson), ils m’ont emmené à Toulouse et j’ai été mis en cellule. La nourriture n’était pas mauvaise... [passage censuré par les Allemands] On m’a fait raser, on m’a donné une chemise propre vers 10 heures, on m’a emmené devant le tribunal. La séance a duré une heure et quarante minutes. On nous a distribué des colis de la Croix-rouge. Nous avons fait un excellent repas, le dernier, tous les neufs, bons Français et bons camarades. Personne ne s’est plaint. Nous avons accepté notre sort avec courage. Nous sommes tous les neuf dans une même pièce. Nous faisons notre courrier. Nous avons touché cinq cigarettes et je vous écris en fumant la deuxième. Je supporte mon sort avec courage, je suis prêt à affronter la mort. J’ai fait mon examen de conscience, je meurs bon Français. Je me suis montré toujours attaché à ma France si belle que j’aime tant... J’ai la consolation de mourir en uniforme français et en soldat. Le seul regret, à ce sujet-là, est que je n’ai pu avoir ma chéchia. Elle est à Tarbes. J’embrasse bien fort toute la famille et amis. Dites leur que mourir est moins dur que l’on ne se l’imagine... Adieu ma mère chérie, adieu tous mes amis, un dernier adieu pour maman.

Depuis 2001, par décision du conseil régional de Midi-Pyrénées, le lycée de Gourdan-Polignan — école des métiers et artisanats ruraux de Gourdan-Polignan [1922) devenue collège d’artisanat rural en 1941 puis lycée technique en 1963 et, enfin, lycée polyvalent — porte son nom. Celui-ci figure sur le monument commémoratif érigé en l’honneur des élèves du lycée technique puis polyvalent de Gourdan-Polignan (Haute-Garonne). Une plaque prend en compte ceux qui furent tués pendant la Seconde Guerre mondiale et les conflits postérieurs à 1945. Il a été également gravé : sur le monument commémorant la mémoire des résistants enterrés clandestinement à Bordelongue par les troupes d’occupation qui a été érigé sur les lieux mêmes du charnier ; sur le monument érigé à Bagnères-de-Bigorre à la mémoire des morts de la résistance. Sur ce monument figure l’inscription suivante : "Aux soldats de la Résistance morts pour la patrie. Leur vie fut humble, leur mort héroïque".
Une rue de Bagnères-de-Bigorre porte de nom de Paul Mathou.
Voir Toulouse, prison Saint-Michel et charnier de Bordelongue (9 novembre 1943- 18 avril 1944)
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen, dossier 21P87802. — La Dépêche du Midi, 28 juin 2000, 23 août 2008. — La répression de la Résistance par les autorités d’occupation et le régime de Vichy, préface de Pierre Izard, brochure éditée par le Musée départemental de la Résistance et de la déportation de la Haute-Garonne à l’occasion du concours national de la résistance, Toulouse, 2011, 66 p. [pp. 44, 48]. — Site MemorialGenWeb (consulté (André Balent) le 11 décembre 2017. — Site de l’Amicale des anciens élèves du lycée de Gourdan-Polignan, consulté le 30 avril 2020. Notes de Serge Tilly.

Jean-Pierre Besse, André Balent

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