Né le 18 janvier 1905 à Paris (Ier arr.), fusillé comme otage le 11 août 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; artisan imprimeur.

Eugène Houdart épousa en 1930 Joséphine Hudelaine, papetière. Le couple eut une fille, Monique, et vivait au 1 impasse Saint-Sébastien à Paris (Ier arr.). En 1932, il exerçait sa profession d’imprimeur dans un local au 4 de la même impasse. Sa femme travaillait avec lui. Eugène Houdart était spécialisé dans l’impression de prospectus publicitaire.
Pendant la guerre, le Parti communiste mit sur pied un réseau de plusieurs artisans imprimeurs, de façon à confectionner et éditer la propagande clandestine. L’une des difficultés et non des moindres était de se procurer de l’encre et du papier. Le marché publicitaire était en fort recul, l’activité de l’atelier de l’impasse Saint-Sébastien manquait de travaux. En tant qu’utilisateurs, Eugène et Marguerite Houdart bénéficiaient de la possibilité d’attribution de papier. Il restait un stock de papier dans l’atelier, Joséphine Houdart le vendit au marché noir à un bon prix en janvier 1942.
Le 26 mai 1942, Maurice Grandcoing, chargé d’approvisionner les imprimeries clandestines du parti communiste en papier, vint acheter à Eugène et Marguerite Houdart trente ramettes de papier de différentes couleurs pour 4500 francs, ils ignoraient son activité politique. Les policiers de la BS filaient plusieurs imprimeurs depuis plusieurs mois dans le cadre de l’affaire appelée par eux Ambroise-Tintelin. Le 18 juin 1942 au petit matin, des inspecteurs de la BS1 arrêtèrent le couple. Des scellés furent posés sur les portes d’entrées du logement et de l’atelier.
Emmenés dans les locaux des Brigades spéciales à la préfecture de police, ils déclarèrent qu’ils n’étaient ni membres du Parti communiste ni sympathisants, mais qu’avant 1940 ils fréquentaient régulièrement les milieux du Parti social français (PSF) du colonel de La Rocque. Le 25 juin 1942, Eugène Houdart était envoyé au Dépôt de la préfecture de police. Le 10 août des hommes de la Feldgendarmerie vinrent le chercher.
Le lendemain, 11 août, quatre-vingt-huit otages dont Eugène Houdart furent passés par les armes au Mont-Valérien. Le même jour, le journal collaborationniste Le Matin publiait un « Avis » signé d’un responsable SS : « Malgré plusieurs avertissements, le calme a à nouveau été troublé sur certains points de la France occupée. Des attentats ont été perpétrés contre des soldats allemands par des terroristes communistes à la solde de l’Angleterre. [...] J’ai en conséquence, fait fusiller 93 terroristes qui ont été convaincus d’avoir commis des actes de terrorisme ou d’en avoir été complices. »
Joséphine Houdart fut déportée par le convoi du 24 janvier 1943 à Auschwitz-Birkenau (Pologne), elle y mourut le 1er mai 1943.
Sources

SOURCES : Arch. PPo. BA 2117, BA 2298, PCF carton 13 rapports hebdomadaire sur l’activité communiste, 221W 3. – Bureau Résistance (pas de dossier). – Arch. . – DAVCC, Caen, otage B VIII dossier 3 (Notes Thomas Pouty). – Serge Klarsfeld, Le livre des otages, op. cit.Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier, Les Éd. de Minuit, 1995. – FMD, Livre-Mémorial, op. cit.Le Matin, 11 août 1942. – Site Internet Mémoire des Hommes. – Site Internet CDJC XLV- 45.

Daniel Grason

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