Né le 19 juillet 1896 à Humbercourt (Somme), fusillé par condamnation le 7 avril 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; instituteur.

René Caron (GenWeb)
René Caron (GenWeb)
René Caron était fils d’Alexandre Caron, cultivateur, et de Laurence, née Delansorne, cultivatrice ; il était marié avec Adrienne Delavier et le couple eut trois enfants. La famille demeurait à Noyelles-en-Chaussée (Somme), René Caron y exerçait la profession d’instituteur et était secrétaire de mairie.
René Caron fut incorporé au 87e Régiment d’infanterie le 9 avril 1915, il fut passé dans la réserve de l’armée active le 10 avril 1918, puis démobilisé le 1er septembre 1919. En 1939 il fut mobilisé comme lieutenant au 28e Régiment régional d’infanterie.
Devant l’avance très rapide des troupes allemandes, les autorités belges décidèrent de remettre aux autorités françaises soixante-dix-neuf prisonniers dont Léon Degrelle, chef du parti rexiste. Ces détenus étaient, selon les Belges, des nazis dont certains étaient soupçonnés d’espionnage. Trois autocars partirent de Bruges et gagnèrent Dunkerque via Ostende, à la frontière franco-belge. Là, Léon Degrelle fut reconnu, tiré de l’autocar et passé à tabac par des militaires français, il s’en tira avec quelques « bleus » ; le convoi repartit sans lui, et sous les huées et les jets de pierre.
Le convoi arriva à Abbeville dans la nuit du 19 au 20 mai 1940. Ne sachant où incarcérer les prisonniers, on les enferma dans la cave du kiosque à musique. Les Allemands étaient aux portes de la ville. Le capitaine Marcel Dingeon de l’état-major de la place, un architecte mobilisé, donna l’ordre verbal au sergent-chef Émile Molet et à sa section de la 5e compagnie du 28e Régiment régional, d’exécuter les soixante-dix-huit détenus. Les exécutions étaient commencées quand le lieutenant René Caron arriva sur place ; il n’y mit pas fin. Le lieutenant Jean Leclabart du 28e Régiment passait par là. Il connaissait le règlement militaire et demanda à voir l’ordre d’exécution. Comme cet ordre était inexistant, il fit arrêter le massacre. Vingt et un prisonniers dont une femme avaient déjà été exécutés.
Quelques semaines plus tard, René Caron fut fait prisonnier par les Allemands, il s’évada, rentra à son domicile, reprit son métier d’instituteur. Le 14 juillet 1941 les élèves de René Caron auraient déposé des fleurs au monument aux morts. Il fut dénoncé, arrêté le 3 septembre 1941 par des Allemands de la Sipo-SD (police de sécurité et de renseignement de la SS) de Bruxelles. Incarcéré à la prison d’Abbeville (Somme), puis à Amiens(Somme) le 27 décembre 1941, il fut transféré le 11 janvier 1942 à la prison de Fresnes à Paris (XIVe arr.).
René Caron comparut le 17 janvier 1942 devant le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.), et fut condamné à mort pour « mauvais traitements à des prisonniers allemands et meurtres ». Il fut passé par les armes en compagnie d’Émile Molet le 7 avril 1942 au Mont-Valérien.
La presse collaborationniste, notamment Le Matin et L’Ouest-Éclair approuvèrent les deux exécutions : « Les deux coupables du meurtre de vingt et une personnes à Abbeville ont été fusillés » et « Un officier français et un sous-officier condamnés à mort pour avoir fait fusiller 21 prisonniers civils ».
René Caron fut inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) le 7 avril 1942 division 39, ligne 2, n°37 puis transféré le 25 janvier 1950 au carré des corps restitués au cimetière nouveau de Saint-Acheul à Amiens (Somme).
La mention Mort pour la France fut attribuée à René Caron par le Secrétariat général aux Anciens Combattants le 13 juillet 1945.
Son nom figure sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien et sur les monuments aux morts de Noyelles-en-Chaussée et de Bernay-en Ponthieu (Somme).


L’abbé allemand Franz Stock l’évoque dans son Journal de guerre :
« Madi 7.4.42
6 exécutions
...
Prévenu à midi que 6 [détenus] doivent être fusillés, 2 de Fresnes, 4 de la Santé. Part à 12h30 pour Fresnes, prépare Molet François de Beaurevoir (Aisne) et Caron de Noyelles-en-Chaussée par Abbeville, à la mort. Les deux se sont confessés et ont communié, Molet était un catholique pratiquant, 4 enfants, l’autre 3. Les deux sont accusés d’avoir abattu des prisonniers de guerre à Abbeville lors de l’avancée en mai 1940. Ils disent qu’ils ont obéi aux ordres. L’aumônier Loevenich devant accompagner les 4 autres, je pars avec ces deux-là pour la Santé, d’où l’aumônier militaire les accompagne au fort. Enterrés à Ivry. »
Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen, Boîte 5, AC 21 P 433 504. — Blog de Jacky Tronel https://prisons-cherche-midi-mauzac.com/des-hommes/francois-molet-et-laffaire-des-21-fusilles-du-kiosque-a-musique-dabbeville-14368. — Le Matin, 11 avril 1942. — L’Ouest-Éclair, 13 avril 1942. — Site Internet Mémoire des Hommes. — MémorialGenWeb. — Franz Stock, Journal de guerre. Écrits inédits de l’aumônier du Mont Valérien, Cerf, 2017, p. 76-77. — Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry.

Daniel Grason

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