Né le 31 décembre 1901 à Calais (Pas-de-Calais), mort de ses blessures le 15 septembre 1943 à Calais ; cheminot ; militant communiste ; résistant FTPF (Résistance Fer).

Auguste Langlet
Auguste Langlet
Tombe d'Auguste Langlet
Tombe d’Auguste Langlet
Cliché René Vandenkoornhuyse
Fils d’Auguste Langlet, cartonnier alors âgé de vingt-sept ans, et Adèle Léonie Marcelline Gengembre, ménagère âgée également de vingt-sept ans, Auguste Langlet naquit au domicile de ses parents, 98 rue Lamartine (avant de déménager au 58 rue Malherbe). Chauffeur à la SNCF, il se maria le 1er octobre 1927 avec Marguerite Nouvelle, wheeleuse. Le couple eut un fils, Paul, et habitait 147 rue de Vauxhall.
Frère de Maurice Langlet, Auguste Langlet fut élevé à Calais dans le quartier de la Nouvelle-France. Il était le beau-frère de Renée Langlet.
Au moment de son recensement militaire, il était remontreur, et vivait chez ses parents, rue Lamartine. Auguste Langlet fut incorporé au 43e régiment d’infanterie, où il arriva le 14 mai 1923. Il participa à l’occupation de la Ruhr (du 29 octobre 1923 au 18 janvier 1924), et fut libéré le 7 mai 1924, muni de son certificat de bonne conduite.
Par la suite, il fut classé comme affecté spécial à La Chapelle-Triage (Seine-Saint-Denis), en tant qu’homme d’équipe à la Compagnie des chemins de fer du Nord. Il fut ensuite classé comme manœuvre au dépôt de Calais en septembre 1930.
De fait, Auguste Langlet déclara résider à Drancy en septembre 1928, au 4 rue de la République. Le 19 septembre 1930, il était à Calais, au 60 rue Malherbe. Le 1er juillet 1936, il est noté qu’il demeurait dans la Seine, sans autre précision.
Militant communiste, Auguste Langlet entra dans les FTPF et fut chargé de recruter des hommes pour le premier détachement à Calais et à Boulogne. Son groupe commença ses actions en crevant les réservoirs des camions militaires allemands puis de tenter de mettre le feu aux véhicules. Adaptant progressivement leur technique, ils réussirent à incendier un garage allemand, rue du Moulin-Brûlé. Langlet devint responsable militaire pour le littoral, secondé par Émile Allain.
Dans la soirée du 15 juillet 1943, un groupe de FTP coupa vingt-deux fils téléphoniques le long de la ligne de chemin de fer Calais-Boulogne à côté de la route de Fréthun. Toutes les lignes sauf deux étaient utilisées par la SNCF. Les câbles téléphoniques de l’armée allemande ne furent pas touchés : ils étaient reliés à la batterie de DCA très proche, et l’ennemi serait intervenu trop rapidement (témoignage de Roger Dubois, alias Roger Lebrun)
Dans la nuit du 24 au 25 juillet, sur ordre d’Auguste Langlet, Roger Dubois et Marius Louchez détruisirent une petite centrale à l’aide de sachets de poudre, d’une mine antichar, d’une mèche d’amadou, le tout recouvert de plusieurs bottes de paille ramassées dans un champ avoisinant.
Le 10 septembre 1943, Auguste Langlet, Roger Dubois, Marius Louchez et plusieurs nouvelles recrues participèrent à un sabotage des lignes téléphoniques le long de la voie de chemin de fer, au pont Jourdan à Calais. Ces lignes assuraient la communication entre la gare centrale et les différents postes d’aiguillage. Surpris par une patrouille allemande, Auguste Langlet fut mortellement blessé, et Marius Louchez fut atteint par une balle dans les reins. Après bien des péripéties, Roger Dubois emmena Marius Louchez à Wimereux, rue de l’Église, chez un patriote de ses amis, Léon Fayolle. L’état de Louchez réclamait des soins médicaux. Fayolle essaya d’extraire la balle avec un fil de fer mais l’entreprise fut trop douloureuse pour être supportée sans anesthésie. Le blessé fut emmené à Outreau chez Louis Fourrier. Il y fut soigné par le docteur André Croquelois qui le fit transporter ensuite dans une clinique clandestine de Berck. Roger Dubois et Marius Louchez survécurent à la guerre. Robert Chaussois recueillit leurs témoignages.
Hospitalisé pour une fausse appendicite aiguë, Auguste Langlet fut cependant identifié et retrouvé par la police allemande. Torturé à l’hôpital, il tenta de se pendre pour ne pas risquer de parler. Bénéficiant de la complicité des religieuses, il mourut de ses blessures.
Son détachement FTPF organisa une souscription en faveur de sa veuve. Après la Libération, Auguste Langlet fut réinhumé au carré des fusillés du secteur sud.
Confirmé dans le grade de lieutenant des FFI (et homologué en tant que membre des FFC et FFI), il fut décoré à titre posthume de la Croix de guerre avec palme. Il fut reconnu « mort pour la France » des suites de ses blessures au titre des FTPF (AC 21 P 66447). Il ne semble pas avoir obtenu la médaille de la Résistance.
À l’occasion de la construction d’une cité des cheminots en 1948, la SNCF donna son nom à une voie. Il est inscrit sur le monument commémoratif aux déportés et résistants de Coulogne, commune limitrophe de Calais. On peut le retrouver sur le monument commémoratif de la gare de Calais.
Sa femme, Marguerite, domiciliée dans le XVIIIe arr. de Paris, fit des démarches auprès du ministère des Anciens Combattants, en 1946, pour faire reconnaître les actions de résistance de son mari.
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen AC 21P 66447. — SHD, Vincennes, GR 16P 336274 (nc). — Arch. dép. Pas-de-Calais, 1R9399 (reg. matr., n° 2664). — Robert Chaussois, Calais au pied du mur. Mars 1943-janvier 1944, SA Imprimerie centrale de l’Ouest, La Roche-sur-Yon. — État civil de Calais (Arch. dép. 3E1931/356). — Notes René Vandenkoornuyse et Frédéric Stévenot.

Claude Pennetier

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