Né le 16 avril 1896 à Bézancourt près de Gournay (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), fusillé le 30 janvier 1942 au champ de tir du Madrillet, Grand-Quevilly ; instituteur ; militant communiste et syndicaliste de Seine-Inférieure (Seine-Maritime) ; résistant du Front national pour la liberté.

René Longé, dans l'Avenir Normand du 3 février 1945
René Longé, dans l’Avenir Normand du 3 février 1945
Fils d’un couple de boulangers, René Longé, 1m70, cheveux, yeux gris, selon sa fiche matricule militaire, travaillait comme clerc d’huissier à Bézancourt, lorsqu’il fut ajourné par la commission militaire de réforme de Rouen (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) le 13 juin 1917.
Après avoir suivi les cours de l’École normale d’instituteurs de Rouen, il fut nommé instituteur adjoint à l’école Géricault, probablement en juillet 1924. Il eut notamment pour élèves des fils d’ouvriers qui lui manifestèrent une véritable affection. Il était pour tous « Papa Longé ». Il enseigna par la suite au Petit-Quevilly.
Membre du Parti communiste, il rejoignit par conviction le Syndicat de l’enseignement laïque de Seine-Inférieure affilié à la CGTU, qui comptait 17 membres en 1925, et ne pesait guère face aux 600 adhérents du Syndicat national des instituteurs (CGT). Dès 1925, il prit en charge la trésorerie du bureau dont le secrétaire était Roger Poujol et le secrétaire adjoint Albert Costentin. Le trio, réélu presque tous les ans, représentait 60 adhérents, qui rejoignirent les 2000 du SNI unifié en 1935. Reconnu par ses pairs pour son impartialité et ses qualités de gestionnaire, René longé siégea jusqu’en 1939 au conseil syndical de la section de Seine-Inférieure.
Ami d’André Pican, de Roger Poujol et de Suzanne Costentin, enseignants comme lui, il participa à la reconstitution du PCF clandestin, et assura la responsabilité de la collecte des fonds pour le soutien des familles des emprisonnés. C’est à son domicile que l’Avenir normand, publication clandestine du Parti communiste, était déposé pour être réparti dans l’agglomération rouennaise.
Dénoncé, il fut arrêté dans sa classe, à Petit-Quevilly, le 22 octobre 1941 ainsi que son fils, élève du lycée Corneille de Rouen, et incarcéré au Palais de justice, prison allemande où il fut atrocement torturé.
Cette date d’arrestation indique que Longé père et fils furent touchés par la rafle des 21 et 22 octobre 1941 dans laquelle plus de 150 communistes « notoires » de Seine-Inférieure furent arrêtés et emprisonnés. Ce coup de filet, soigneusement organisé par la police française dans le département, était une riposte à l’entrée du Parti communiste dans la lutte armée et les sabotages... depuis août 1941. Ces prisonniers politiques furent écroués principalement dans la centrale de Rouen Bonne-Nouvelle et constituaient une réserve d’otages dans laquelle les autorités d’occupation pouvaient puiser pour les exécuter en représailles à de nouveaux attentats communistes.
L’instituteur René Longé fut arrêté, jugé et exécuté les mêmes jours que quatre militants de la vallée du Cailly (ND-de-Bondeville et Maromme) : Henri Billaux, Fernand Dubuc, Charles Tierce et Raymond Duflo. En effet, les attentats avaient repris de plus belle dans la région en ce début de 1942.
Jugé le 20 janvier 1942, René Longé fit preuve d’un courage exemplaire, songeant surtout à sauver son fils. Il fut condamné à mort par le tribunal militaire allemand de Rouen (FK 517) le 20 janvier 1942 puis fusillé le 30 janvier 1942 avec les quatre de la vallée du Cailly cités plus haut.
Son fils fut condamné à cinq ans de travaux forcés.
René Longé fut homologué RIF et DIR, résistant du Front national.
(Lieux d’exécution et de mémoire, voir à Grand-Quevilly (76) Stand de tir du Madrillet=
René Longé s’était marié avec Andrée Ybert, le 11 septembre 1920 à Rouen où le couple habitait 29, rue Coignebert en 1923, puis 21, rue Saint Nicaise à partir de 1926.
Sources

SOURCES : Arch. Nat. F60 1554. – DAVCC, Caen, Liste S 1744. – A. Delaunay, Le Syndicalisme chez les instituteurs de la Seine-Inférieure, Mémoire de Maîtrise, Université de Rouen, 1975. – Hommage aux fusillés et aux massacrés de la Résistance en Seine-Maritime, ouvrage de l’ADFFM de Seine-Maritime 1994. – Note de Jacques Girault. — Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 375916 et Caen SHD/ AC 21 P 565799 (nc). — Arch. Dép. Seine-Maritime Etat civil, Matricule militaire, 10 MP 1410 Syndicats dissous avant 1936.

Jean-Paul Nicolas

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