Né le 28 octobre 1912 à Rennes (Ille-et-Vilaine), fusillé comme otage le 13 avril 1942 au Mont-Valérien (commune de Suresnes) ; infirmier ; communiste ; membre du Front national et de l’Organisation spéciale puis FTP ; résistant.

Fils de Jean, employé de commerce et de Fernande, née Duperret, Jean Stephan épousa Paulette Barrot le 4 mai 1936 en mairie de Chelles (Seine-et-Marne). Le couple eut deux enfants et vivait à Gagny (Seine-et-Oise, Seine-Saint-Denis). Jean Stephan était infirmier à l’hôpital psychiatrique de Neuilly-sur-Marne. Il organisa la distribution de tracts du parti communiste dès 1940, il devint membre de l’Organisation spéciale en 1941. Il participa à incendier avec une bombe au phosphore un hangar près de Gonesse en août 1941, une autre opération similaire eut lieu à Vincennes. Il était avec Maurice Ancelle dans le groupe qui récupéra deux cents kilos de dynamite entreposés dans les carrières de Clichy-sous-Bois.
Jean Stephan était l’un des organisateurs avec Léon Parouty de la diffusion de la propagande communiste à Clichy-sous-Bois, le Raincy, Montfermeil ou Livry-Gargan. Deux gendarmes français l’interpellèrent le 21 mars 1942 à Neuilly-sur-Marne à la sortie de son travail pour défaut d’éclairage de sa bicyclette. Après le contrôle de son identité, les sacoches étaient fouillées, elles contenaient des tracts : « Indépendance de la France, tous unis jusqu’à la victoire » et un appel du « Comité syndical anglo-soviétique aux ouvriers et ouvrières du monde entier » ainsi que des carnets d’adresses.
Le jour même, la gendarmerie le livrait aux Occupants, Jean Stephan était incarcéré à la prison du Cherche-Midi, VIe arr., administrée par les Allemands où il fut interrogé. Le 21 mars 1942, il était transféré à la prison de la Santé.
Le 2 avril 1942 vers 22 heures 30, à La Courneuve (Seine, Seine-Saint-Denis), pendant une alerte des résistants tiraient des coups de feu contre une sentinelle allemande postée devant le groupe scolaire Paul-Doumer. Un résistant lançait une grenade dans une salle du rez-de-chaussée où étaient plusieurs soldats allemands, l’un d’eux fut légèrement blessé.
En représailles les Allemands décidèrent de fusiller plusieurs otages, Jean Stephan fut passé par les armes le 13 avril 1942. Son inhumation eut lieu dans le carré militaire du cimetière de Chelles, son nom figure sur le monument « À la mémoire des victimes civiles de la déportation et de la Résistance et des combats de la Libération », ainsi que sur la plaque de la mairie de la ville.
Sa ville natale Gagny donna son nom à une rue, et l’inscrivit sur le monument aux morts dans le cimetière de la ville, ainsi que sur la plaque commémorative dans l’Église Saint-Germain dédiée aux morts de la guerre 1939-1945.
À Neuilly-Plaisance, ville où il travaillait et demeurait une plaque commémorative fut apposée sur le bâtiment administratif de l’hôpital psychiatrique de Ville-Evrard. Sur proposition du Comité local de libération, le 22 octobre 1944 date de la fusillade de Châteaubriant, l’allée des Ormes devint avenue Jean Stephan, à Chelles une rue fut nommée du nom de Jean Stephan.
Jean Stéphan a été homologué Interné de la résistance (IR), membre des Forces françaises de l’intérieur (FFI).



L’abbé allemand Franz Stock l’évoque dans son Journal de guerre :
« Lundi 13.4.42
6 exécutions
Remplacé l’aumônier militaire Loevenich à la Santé, 6 otages :
Larue, 21, avenue de la mairie, Fresnes
Nicolas, André, 29, bd Pasteur, Fresnes, son père employé, 126, bd Auguste Blanqui
Stephan, Jean, 16, rue Henri Dubois, Gagny (S. et. O.)
Risser, Camille, 5, rue Robert Turquan, XVIe
Nève, Pierre, prof. lycée Charlemagne
Vetter Alfred , chez Mme Bournagaud , 52 , rue de Villejuif à Vitry (S.)
6 heures du matin à la Santé. Aucun ne voulut de secours spirituel, pas même le jeune Nicolas, 20 ans, très agité et qui pleurait, n’a jamais pratiqué, Vetter vient de Strasbourg, tous morts sans la foi. Stephan était infirmier, intelligentsia communiste, pareil pour Nève, tous plus ou moins communistes. 8 devaient au départ être fusillés, puis uniquement 6. 4 ont été enterrés dans le cimetière de Courbevoie, 2 de La Garenne. »
Sources

SOURCES : Arch. PPo. BA 1752, BA 2117. – Arch. DAVCC Caen, B VIII dossier 3 (notes de Thomas Pouty). – Service historique de la Défense Vincennes GR 16 P 556954. – J. Clesse, S. Zaidman, La Résistance en Seine-Saint-Denis 1940-1944, Éd. Syros, 1994. – Site internet Mémoire des Hommes. – Site internet GenWeb. – État civil, Rennes. – Nos remerciements à madame Aline Duchêne pour les précisions qu’elle nous a communiquées.

Daniel Grason

Version imprimable