Né le 18 septembre 1902 à Saint-Victor-sur-Loire (Loire), fusillé comme otage le 26 septembre 1941 à la centrale de Loos-lès-Lille (Nord) ; ouvrier mineur ; militant syndicaliste et communiste du Nord.

Fils d’Adrien Bancel, mineur, et de Marie Roynet, ménagère, ouvrier mineur dans le bassin de Saint-Étienne (Loire) depuis sa sortie de l’école primaire, Victor Bancel milita très tôt dans les organisations syndicales minières ce qui lui valut d’être congédié alors qu’il avait à peine dix-huit ans. Dans l’incapacité de trouver de l’embauche dans sa région d’origine du fait des consignes patronales, il dut se résoudre à s’installer à Condé-sur-Escaut (Nord). Militant actif du Parti communiste et de la CGTU, il subit de ce fait deux nouveaux licenciements, à la fosse Thiers des mines d’Anzin (Nord) tout d’abord puis au chantier militaire d’Escautpont. Embauché à la fosse Soult des mines de Thivencelles, il y fut élu délégué mineur en 1932. Il était alors secrétaire adjoint de la cellule du PCF de Fresnes-sur-Escaut et secrétaire adjoint du rayon de Condé-sur-l’Escaut.
Candidat malheureux aux cantonales de 1934 et 1937 face au conseiller général sortant, le socialiste Pierre Delcourt, Victor Bancel fut en revanche élu conseiller municipal de Condé-sur-l’Escaut, où il demeura désormais, lors de la consultation de 1935. Désigné comme premier adjoint, il remplit en fait les fonctions de maire en raison de l’âge avancé et de l’état de santé déficient du maire en titre, Beauvois.
Condamné le 5 décembre 1938 à quatre mois de prison pour « entraves à la liberté du travail, avec violences » après sa participation à la grève du 30 novembre 1938, il fut immédiatement révoqué des Mines et perdit ainsi son poste de délégué.
Ayant refusé de désavouer le Pacte germano-soviétique en septembre 1939, Victor Bancel fut démis de son mandat municipal et arrêté par la police française. Incarcéré à la centrale de Loos près de Lille, il fut emmené par les gardes mobiles en compagnie de plusieurs militants communistes, le 20 mai 1940, pour entreprendre un étrange périple avec la débâcle comme toile de fond. Dirigé sur Dunkerque, il s’embarqua pour l’Angleterre d’où il rejoignit Cherbourg puis, après avoir traversé l’ensemble du territoire du nord au sud, il prit le bateau à Marseille pour l’Algérie où il fut placé en détention « administrative ». Libéré en 1941 en raison de ses charges familiales (il était père de sept enfants), il regagna la France et, dès son retour, il participa à une grève déclenchée par le syndicat clandestin des mineurs. Arrêté le 26 août 1941 à Fresnes-sur-Lescaut par des agents de la Gestapo ou par la Feldgendarmerie (AVCC), il fut envoyé à la prison de Loos-lès-Lille puis au centre de la rue Négrier à Lille pour y être fusillé. Il était présenté comme un ancien « meneur de grève, pris en représailles à un vol d’explosif » (AVCC).
Désigné comme otage en représailles aux attentats par explosifs dans le Nord qui eurent lieu dans la nuit du 22 au 23 septembre 1941, Victor Bancel a été fusillé à la prison de Loos le 26 septembre 1941 avec quatorze autres otages (voir Louis Blondeau).
Victor Bancel s’était marié le 19 mars 1921 à Fresnes (Nord) avec Georgette Losse, et était père de six enfants.
En septembre 2012, une plaque fut apposée sur les lieux en hommage aux cinq fusillés du 15 septembre (Albert Deberdt, Louis Doisy, Joseph Noël, Henri Ployard et Hugo Zajak) et aux vingt fusillés du 26 septembre 1941.
Sources

SOURCES : AVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). – Arch. Dép. Nord, M. 154/191. – H. Ieria, Les Militants ouvriers du Valenciennois de 1919 à 1939, mémoire de maîtrise, Lille, 1974. – J.-M. Fossier, Zone interdite, op. cit. – Notes Frédéric Stévenot. – État civil.

Yves Le Maner, Claude Pennetier

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