Né le 1er février 1918 à Rennes (Ille-et-Vilaine), fusillé comme otage le 15 décembre 1941 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; étudiant en médecine ; responsable des Jeunesses communistes en Ille-et-Vilaine ; résistant.

Henri Bannetel
Henri Bannetel
Henri Bannetel était le fils unique de Eugène, Marie, Joseph Bannetel, un jardinier puis employé à la mairie de Rennes et de Julienne Henry. Domicilié à Rennes, rue Danton, il fit toutes ses études dans les écoles de la ville. Après le baccalauréat obtenu au lycée de garçons, avenue Janvier, il entra à l’école de médecine, rue Dupont-des-Loges. Brillant étudiant, il se préparait à une belle carrière de médecin.
Très vite, il s’inscrivit aux Jeunesses communistes et milita parmi les étudiants. Dès 1940, il entra dans la Résistance et organisa plusieurs groupes de résistance au sein de l’Université. Dès la création du Front national, en mai 1941, Henri Bannetel fut nommé responsable pour la jeunesse rennaise. À ce titre, il assura plusieurs liaisons entre Paris et la Bretagne, s’occupant du transport de matériel destiné aux premiers groupes de résistants actifs. Il devint le responsable en Ille-et-Vilaine des Jeunesses communistes en 1941.
Arrêté à Rennes le 25 juin 1941, incarcéré à la prison Jacques-Cartier, il était qualifié de « juif communiste ». Il fut interné à Compiègne (camp de Royallieu) où il retrouva trois communistes rennais : Émile Drouillas (secrétaire fédéral), René Perrault (jeune cheminot) et Jean Rouault, le plus âgé, cheminot lui aussi. Henri utilisa sa détention pour réviser ses cours et préparer ses examens. Ses parents lui envoyèrent des colis ainsi que ses cours de médecine.
Transféré à Romainville et enfin à la prison du Cherche-Midi, à Paris, il a été fusillé comme otage au Mont-Valérien le 15 décembre 1941, en représailles aux attentats du 28 novembre 1941 et du 7 décembre 1941 à Paris et en région parisienne. Il a été fusillé avec l’instituteur Jean-Marie Damichel. Il écrivit une lettre d’adieu à ses parents et à ses amis la veille de son exécution.
Sa mère partagea son engagement. De 1942 à la Libération, elle abrita à son domicile des responsables régionaux et interrégionaux FTP de Bretagne et de Normandie. Elle collecta du ravitaillement pour les maquisards d’Ille-et-Vilaine, participa à la diffusion de la presse clandestine, distribua des faux papiers d’identité aux Réfractaires et aux FTP. Elle assura les liaisons avec les interrégionales femmes, elle les aida dans leur travail de formation des groupes de Résistance. Elle entreposa à son domicile du matériel (armes, explosifs…). Le commandant Pétri (alias Tanguy ou Loulou) conclut ce rapport ainsi : « Femme d’un grand courage, patriote, active et généreuse. Malgré l’arrestation et la mort de son fils, elle a continué son activité de Résistante ». Après la guerre, Julienne Bannetel ne cessa pas d’aider les familles de fusillés ou de déportés dans leurs démarches administratives ou dans leur vie quotidienne. Elle lutta jusqu’à sa mort, en 1961, pour rappeler le souvenir des luttes de la Résistance.
Ses parents réussirent à faire exhumer le corps d’Henri Bannetel en 1946. Il fut enterré au Cimetière du Nord à Rennes.
A titre posthume, il a été cité à l’Ordre de la Division en décembre 1945, avec attribution de la Croix de Guerre avec étoile d’argent et nommé au grade de Capitaine au titre de la Résistance Intérieure Française (RlF) le 10 octobre 1950.
Lettre écrite quelques jours avant son exécution au Mont-Valérien
 
Le 9 décembre 1941
 
Chers amis
 
La lettre que voici sera la dernière que vous recevrez de ma main, quand vous la recevez, vous aurez déjà appris ma mort par la voie des journaux. Dans la lettre que je vous envoyais il y a quelques jours, je vous parlais des conditions de vie ennuyeuses, mais supportables dans lesquelles nous avons vécu jusqu’ici....(mot illisible).......de vous parler de notre situation administrative. Nous sommes en effet considérés comme otages et c’est comme tels que nous allons être fusillés pour "payer" l’attentat terroriste qu’un anarchiste quelconque aura commis.
Au moment où j’attendais l’autorisation d’aller passer mes examens, j’ai été appelé avec 9 autres internés pour être mis au secret dans un coin du camp en attendant d’être collés au mur.(ligne illisible).....
surtout de telle sorte, mais je serai aussi calme devant la mort que je le suis maintenant pour vous écrire. Je ... la conscience absolument tranquille et ce n’est pas moi qui suis à plaindre. Je regrette seulement ma vie d’études médicales si passionnantes et aussi l’ambiance joyeuse de la salle de garde. Bientôt je connaitrais ce secret peu enviable qu’est l’espérance de la mort, ce sera mes derniers travaux de physiologie. Sur ce, je vous serre cordialement la main à tous et vous prie de transmettre mon salut à mes professeurs.
Adieu
 
Henri Bannetel
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen, B VIII dossier 2 (Notes Thomas Pouty). – SHD, Vincennes, GR 16 P 30427. — Site de la DMPA, fusillés du Mont-Valérien. – Georges Cogniot, Parti pris, t. 1, Éd. Sociales, 1976 (Georges Cogniot dans ses mémoires dit qu’il a été fusillé à Compiègne avec Damichel, en fait c’est au Mont-Valérien). – Mémoire de granit p 18 . — site Mémoire de guerre (Rennes). — État civil. — Notes d’Annie Pennetier.

Jean-Pierre Besse, Renée Thouanel

Version imprimable