Né le 23 juillet 1920 à Beveren-Waes (Belgique), fusillé après condamnation à mort le 23 septembre 1943 à Mézières (Ardennes) ; dessinateur industriel ; résistant au sein de l’Organisation civile et militaire (OCM).

Alphonse Masier
Alphonse Masier
Né en Belgique mais naturalisé français, Alphonse Masier vivait avant la seconde guerre mondiale à Paris avec ses parents François-Joseph et Lydia et ses frères et sœurs René, Marie-Antoinette et Jeanne-Marie. Son père y dirigeait un bureau d’études de plans et dessins. Lors de l’exode qui accompagna la retraite de l’armée française en juin 1940, la famille Masier se replia à Lussac-les-Châteaux (Vienne) où elle s’installa durablement au mois d’août 1940. Le père d’Alphonse Masier y relança son bureau d’études, travaillant pour une entreprise de travaux publics de Lussac-les-Châteaux. Il y employait son fils Alphonse comme dessinateur industriel. Lussac-les-Châteaux étant située en zone libre à quelques kilomètres de la ligne de démarcation, il semble qu’Alphonse Masier (Christian Richard op. cit.) se soit engagé très tôt dès l’été 1940, dans une filière d’évasion des prisonniers de guerre. N’acceptant pas la défaite, il s’engagea en janvier 1941 dans l’armée d’armistice où il se lia d’amitié avec un jeune ardennais, Jacques Rousseau, engagé dans la même unité. Démobilisé de l’armée d’armistice fin 1942, armée dissoute sur ordre de l’Allemagne à la suite de l’invasion de la zone libre, Alphonse Masier arriva à Sedan en janvier 1943 chez son ami Jacques Rousseau qui le fit embaucher comme dessinateur industriel dans l’entreprise de son père pour couvrir leurs activités de résistant. Il devint membre de l’OCM le 12 février 1943. Un groupe appartenant à l’OCM sous l’autorité d’Ernest Cardot s’était organisé dans la région de Sedan, auquel appartinrent Jacques Rousseau et Alphonse Masier. Ernest Cardot commença dès février 1943, à installer un maquis dans les bois d’Autrecourt, où les hommes, sous couvert de travaux forestiers, récupéraient des armes sur les champs de bataille de 1940 et les remettaient en état. Pour y participer et leur assurer un refuge, Alphonse Masier fit appel début mars 1943 à son frère René Masier et un de ses amis lussacois Jean Pinot, tous deux réfractaires STO qui le rejoignirent alors.
Un des membres du maquis, Charles Ravenel, ancien repris de justice au caractère violent et imprévisible, mit rapidement en danger l’existence de l’organisation. Il fut décidé de l’éliminer. Le 5 juin 1943 dans la soirée, Ernest Cardot, Achille François et Alphonse Masier, sous le prétexte d’aller y chercher des armes, l’emmenèrent au bois de l’Alma, près de Mouzon. Ils devaient l’assommer et l’abattre avec sa propre arme, un revolver qu’il portait toujours sur lui. Une lutte s’engagea, des coups de feu furent tirés : Achille François fut tué, Ernest Cardot s’écroula mortellement blessé, il décéda le jour-même à l’hôpital de Sedan. Charles Ravenel parvint à s’enfuir mais fut peu de temps après, le 7 juin, arrêté par la police allemande. Interrogé il livra les noms des membres du maquis. Le 9 juin 1943, alors que son frère René, Jean Pinot (aidé par une jeune fille de Torcy qui le conduisit en vélo à Bouillon en Belgique) et Jacques Rousseau, se sentant menacés parvinrent à s’enfuir, Alphonse Masier refusa de partir avec eux et fut arrêté. L’enquête mit en évidence le rôle d’Alphonse Masier dans la formation du maquis. Masier, pour sauver ses camarades, assuma seul toute la responsabilité des faits qui leur étaient reprochés et déclara « être Français et catholique, et prêt à donner sa vie pour ses idées si cela est nécessaire ». Le colonel allemand qui présidait le tribunal déclara à l’issue de l’audience : « Vous êtes un héros (« Sie sind ein Held »), j’aimerais avoir un fils comme vous. »
Alphonse Masier fut condamné à la peine de mort par le tribunal militaire allemand de Charleville (tribunal de la Feldkommandantur 684) le 31 août 1943, et fusillé le 23 septembre, à 7 h 30, sur le plateau de Berthaucourt à Mézières. Il fut inhumé le 20 octobre 1944 au cimetière de Torcy (commune de Sedan).
Déclaré Mort pour la France, son nom figure sur le monument aux morts de Lussac-les-Châteaux et sur le Mémorial de Berthaucourt à Charleville-Mézières. Lorsqu’à la fin juin 1944, la décision fut prise dans le secteur de Lussac-les-Châteaux de créer un maquis, auquel participait comme membre fondateur René Masier, il fut décidé de nommer ce maquis « Masier » en mémoire d’Alphonse Masier. Ce maquis de l’AS participa du début juillet 1944 au 5 septembre 1944 à la libération du département de la Vienne.
Son nom est inscrit sur le Mémorial de Berthaucourt à Charleville-Mézières.
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). — Témoignage Mme. Perrée-Masier, nièce d’Alphonse Masier — Philippe Lecler, Le temps des partisans, Langres, Éd. D. Guéniot, 2009. — Philippe Lecler, « Une page tragique de la Résistance dans la région de Sedan : le maquis d’Autrecourt et l’affaire du bois de l’Alma », in Revue historique ardennaise, no 45, 2013 — Christian Richard Groupement Le Chouan, maquis Est et Nord-Est de la Vienne, Lagardère, Le Chouan, Masier Michel Fontaine Ed. 2015 — Mémorial genweb.

Philippe Lecler, Michel Thébault

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