MASIER Alphonse, Jean, Joseph
Né le 23 juillet 1920 à Beveren-Waes (Belgique), fusillé après condamnation à mort le 23 septembre 1943 à Mézières (Ardennes) ; dessinateur industriel ; résistant au sein de l’Organisation civile et militaire (OCM).
Un des membres du maquis, Charles Ravenel, ancien repris de justice au caractère violent et imprévisible, mit rapidement en danger l’existence de l’organisation. Il fut décidé de l’éliminer. Le 5 juin 1943 dans la soirée, Ernest Cardot, Achille François et Alphonse Masier, sous le prétexte d’aller y chercher des armes, l’emmenèrent au bois de l’Alma, près de Mouzon. Ils devaient l’assommer et l’abattre avec sa propre arme, un revolver qu’il portait toujours sur lui. Une lutte s’engagea, des coups de feu furent tirés : Achille François fut tué, Ernest Cardot s’écroula mortellement blessé, il décéda le jour-même à l’hôpital de Sedan. Charles Ravenel parvint à s’enfuir mais fut peu de temps après, le 7 juin, arrêté par la police allemande. Interrogé il livra les noms des membres du maquis. Le 9 juin 1943, alors que son frère René, Jean Pinot (aidé par une jeune fille de Torcy qui le conduisit en vélo à Bouillon en Belgique) et Jacques Rousseau, se sentant menacés parvinrent à s’enfuir, Alphonse Masier refusa de partir avec eux et fut arrêté. L’enquête mit en évidence le rôle d’Alphonse Masier dans la formation du maquis. Masier, pour sauver ses camarades, assuma seul toute la responsabilité des faits qui leur étaient reprochés et déclara « être Français et catholique, et prêt à donner sa vie pour ses idées si cela est nécessaire ». Le colonel allemand qui présidait le tribunal déclara à l’issue de l’audience : « Vous êtes un héros (« Sie sind ein Held »), j’aimerais avoir un fils comme vous. »
Alphonse Masier fut condamné à la peine de mort par le tribunal militaire allemand de Charleville (tribunal de la Feldkommandantur 684) le 31 août 1943, et fusillé le 23 septembre, à 7 h 30, sur le plateau de Berthaucourt à Mézières. Il fut inhumé le 20 octobre 1944 au cimetière de Torcy (commune de Sedan).
Déclaré Mort pour la France, son nom figure sur le monument aux morts de Lussac-les-Châteaux et sur le Mémorial de Berthaucourt à Charleville-Mézières. Lorsqu’à la fin juin 1944, la décision fut prise dans le secteur de Lussac-les-Châteaux de créer un maquis, auquel participait comme membre fondateur René Masier, il fut décidé de nommer ce maquis « Masier » en mémoire d’Alphonse Masier. Ce maquis de l’AS participa du début juillet 1944 au 5 septembre 1944 à la libération du département de la Vienne.
Son nom est inscrit sur le Mémorial de Berthaucourt à Charleville-Mézières.
SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). — Témoignage Mme. Perrée-Masier, nièce d’Alphonse Masier — Philippe Lecler, Le temps des partisans, Langres, Éd. D. Guéniot, 2009. — Philippe Lecler, « Une page tragique de la Résistance dans la région de Sedan : le maquis d’Autrecourt et l’affaire du bois de l’Alma », in Revue historique ardennaise, no 45, 2013 — Christian Richard Groupement Le Chouan, maquis Est et Nord-Est de la Vienne, Lagardère, Le Chouan, Masier Michel Fontaine Ed. 2015 — Mémorial genweb.
Philippe Lecler, Michel Thébault