Né le 23 février 1900 à Brulange (Moselle), fusillé le 24 janvier 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; chef-surveillant dans le métro ; résistant gaulliste.

Selon une publication de la ville des Lilas, "originaire de la Lorraine, il fut mis devant un mur à l’âge de 14 ans pour y être fusillé au début de la guerre de 1914-1918. Il ne dut son salut qu’à une attaque surprise des Français de son village", même un peu héroïsé ce souvenir ne manqua pas de marquer Lucien Noël au début de la Seconde guerre mondiale.
Lucien Noël était le chef de la station « Pelleport » du métro parisien. Il avait quitté sa région natale pendant la Première Guerre mondiale pour s’engager dans l’armée française et ce faisant, échapper à la conscription dans l’armée allemande. Son père avait été arrêté en 1870 par les Prussiens pour avoir déclaré publiquement que « le sang qui coulait dans ses veines était du sang français. » Sa femme Marthe était également employée à la compagnie du métropolitain. Ils avaient deux fillles et un garçon et ils habitaient 5 place des Myosotis aux Lilas (Seine, Seine-Saint-Denis).
Au début de l’été 1941, après avoir entendu l’appel du Général de Gaulle diront ses proches, il prit l’initiative de créer un mouvement de résistance qu’il baptisa « France Libre ». Il prit le pseudonyme de Jacques Gaudremanche. Sa fille Lucienne en assurait le secrétariat. Les frères Palmier, Henri et René imprimeurs rue de Ménilmontant à Paris (XXe arr.), imprimèrent les premiers tracts et des cartes d’adhérent que Lucien Noël commença à distribuer à des connaissances pour tenter d’élargir le recrutement qui compta 15 membres. Un certain Jean Rastelli qu’un serveur du café-tabac « Le Pelleport » lui avait amené et dont il avait fait un « recruteur » ne tarda pas à se rendre au 36 quai des Orfèvres à Paris (Ier arr.) chez le chef de la Brigade criminelle, le commissaire Weber, pour dénoncer les activités de ses nouveaux amis. Le policier le présenta à son collègue des Renseignements généraux, le commissaire Jean Baillet, qui en fit aussitôt un indicateur rétribué, lui demandant de rassembler le plus d’informations possible sur le mouvement.
Sept membres du mouvement furent identifiés. Le 7 ou le 8 octobre 1941 (selon les sources) René Rivart et Madeleine Nouvel furent arrêtés à Guémené-Penfao (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) chez les parents de Madeleine par deux inspecteurs des brigades spéciales missionnés par Jean Baillet. Le 9 octobre, les cinq autres membres du groupe identifiés Lucien Noël, Marcel Llabourt, Henri Palmier, René Palmier et Léon Llorca étaient arrêtés à Paris par le commissaire Baillet, accompagné d’inspecteurs de son service et de policiers allemands.
Une perquisition au domicile des Noël conduisit à la découverte d’armes, de tracts d’inspiration gaulliste et de cartes d’adhésion au mouvement « France Libre ».
Livrés aux Allemands, les sept résistants furent traduits devant le tribunal de guerre de Fresnes le 15 décembre 1941 (ou selon une autre source devant le tribunal du Gross Paris le 16 décembre 1941). Le commissaire Baillet venu témoigner à charge se vit confier un supplément d’information par les juges militaires allemands pour vérifier la réalité des contacts des accusés avec les services gaullistes.
Le procès reprit le 15 janvier 1942. Selon le témoignage de Madeleine Nouvel qui allait finalement être acquittée, « Baillet revint déposer, jurant devant Dieu et devant les hommes que nous étions tous gaullistes et coupables. » Lucien Noël était défendu par Maître Letrange qui tenta de plaider la provocation policière. L’indicateur Rastelli, que les Allemands avaient soupçonné un temps d’avoir lui-même caché les armes chez les Noël, fut entendu à huis clos par le tribunal. Finalement, cinq condamnations à mort furent prononcées le 16 janvier 1942 pour « intelligence avec l’ennemi » à l’encontre de Lucien Noël et de ses quatre amis Marcel Llabourt, Henri Palmier, René Palmier et René Rivart qui furent fusillés ensemble au Mont-Valérien le 24 janvier 1942.
Lucien Noël fut inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) le 24 janvier 1942 division 39, ligne 1, n°17 puis transféré le 25 novembre 1944 au cimetière des Lilas.
La mention Mort pour la France lui fut attribuée par le Secrétariat général aux Anciens Combattants le 2 août 1945.
Une plaque apposée dans la station de métro « Pelleport » perpétue la mémoire de Lucien Noël. Son nom figure sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien et sur les plaques commémoratives de la mairie des Lilas. Une rue des Lilas porte le nom de Lucien-Noël.
Lucien Noël laissa à sa femme une dernière lettre dont voici quelques passages.
"Ma chère Marthe,
Voici l’heure de notre séparation. J’aurai voulu suivre avec toi la route que nous avons suivie ensemble... En mourant, ma dernière pensée sera pour toi et mes enfants. Du ciel, je veillerai sur vous. Nous serons enterrés au cimetière d’Ivry. Je voudrais revenir au cimetière des Lilas après la guerre. Ma chère Marthe, pardonne à tous ceux qui nous ont fait tant de mal, comme j’ai pardonné moi-même."

Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)
Sources

SOURCES : AVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). — Archives de la CCCP : notes Jean-Pierre Ravery. — Noëlle Gérôme Le deuil en hommage : monuments et plaques commémoratives de la RATP, Éd. Créaphis, 1995. — Ville des Lilas, Patrimoine mémoire. La Résistance aux Lilas. Résistants dont les noms figurent sur nos plaques de rues, janvier 2010. — MémorialGenWeb. — Site Internet Mémoire des Hommes. — Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry.

Jean-Pierre Ravery

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