Né le 20 août 1924 à Langon (Ille-et-Vilaine), fusillé le 13 décembre 1943 à Angers (Maine-et-Loire) ; élève instituteur ; militant communiste ; résistant FTPF dans le Maine-et-Loire et membre du Front national.

Fils de Pierre Porcher, cantonnier, et de Marie-Rose Massiot, ménagère, le 1er octobre 1941, Pierre Porcher intégra l’École normale d’Angers (promotion Cyrano) après avoir été reçu au concours d’entrée. Il était alors élève instituteur au lycée David-d’Angers (Angers) et interne à l’école primaire supérieure (EPS) Chevrollier.
Pierre Porcher s’engagea, en octobre 1942, dans le groupe de résistants des Normaliens qui venait d’être mis sur pied par la promotion Cyrano. Celui-ci dépendait du Front patriotique de la jeunesse (FPJ), filiale du Front national. Il distribuait des tracts anti-allemands et participait à des attaques de mairie, dont celle de la mairie de Vern-d’Anjou (Maine-et-Loire) dans la nuit du 16 au 17 juin 1943. Ainsi, vers deux heures du matin, Pierre Porcher, Roger Pelluau, André Moine, Alfred Clément, Julien Alix et son frère Gabriel, tous membres du Front national et des FTPF, arrivaient, avec un maximum de précaution pour ne pas être repérés, auprès de la maison communale. Ils se séparèrent en deux groupes : les uns faisaient le guet, tandis que les autres entraient dans le bâtiment. Son forfait perpétré, le groupe repartit à bicyclette en direction d’Angers. Mais environ une vingtaine de minutes plus tard, soit à 3 h 50, une patrouille de deux soldats allemands exécutant leur service sur la route de Brain-sur-Longuenée à Gené (Maine-et-Loire), au lieu-dit « La Maison neuve », à 1 500 mètres environ au nord de Brain-sur-Longuenée, interpellèrent les six cyclistes qui circulaient à une heure interdite et les appréhendèrent afin de les conduire au poste de police. En chemin, Roger Pelluau et André Moine ouvrirent le feu avec leur revolver sur les deux Allemands. Ces derniers ripostèrent sans résultat. Le groupe de résistants prit alors la fuite, laissant les deux soldats blessés derrière eux. Dès le matin, un commissaire et des inspecteurs de la Section spéciale de la 4e brigade de police de sûreté d’Angers et des gendarmes de la brigade de Vern-d’Anjou étaient sur les lieux de la fusillade et débutaient leur enquête. Sur place, il fut retrouvé quatre douilles de pistolet automatique de 7,65 mm. Et, à environ 500 mètres, les enquêteurs découvrirent : une bicyclette d’homme, couleur noire, sans marque ni plaque quelconque, usagée, la roue avant complètement inutilisable ; une valise contenant un veston en tissu gris, une paire de sandales, un pyjama, des mouchoirs, une chemise kaki, des timbres officiels de la mairie de La Membrolle-sur-Longuenée (Maine-et-Loire) attaquée un mois auparavant environ ; un sac contenant une machine à écrire et des timbres officiels de la mairie de Vern-d’Anjou, cambriolée quelques heures plus tôt ; une pompe d’une autre bicyclette. C’est au cours de cette précipitation que Pierre Porcher avait dû abîmer sa bicyclette. Mais en abandonnant son moyen de locomotion et tout ce qui était dessus, il allait devenir le responsable involontaire de l’arrestation des normaliens et élèves du lycée Chevrollier membres du Front national.
Après examen de la mallette, les policiers français découvrirent à l’intérieur deux listes : la première donnait des noms de jeunes gens, tous élèves-maîtres de l’EPS Chevrollier ; la deuxième des adresses d’élèves-maîtres. Des documents, ainsi qu’un pyjama laissé sur les lieux portant le no 54 et les initiales P.P. (Pierre Porcher) permirent d’identifier les auteurs de ce méfait et de procéder à leur arrestation ainsi qu’à celle de leurs complices. En fait, André Moine et Pierre Porcher l’avaient empruntée hâtivement à un camarade avant leur départ en expédition à la mairie de Vern-d’Anjou. Ils n’avaient pas vu qu’elle renfermait ces deux listes. Les conséquences furent dramatiques pour le groupe des normaliens.
Ainsi, dès le 17 juin dans la soirée, la police allemande se présenta au réfectoire de l’EPS Chevrollier et arrêta six élèves instituteurs, dont Pierre Porcher. D’autres interpellations suivirent, entre autres le 21 juin. Pierre Porcher fut d’abord conduit au siège de la Section des affaires politiques (SAP), rue Racine à Angers, pour y être interrogé. Il fut ensuite incarcéré à la prison du Pré-Pigeon à Angers, dans le quartier français.
Le 21 juin, il fut remis aux autorités militaires allemandes et transféré dans une geôle du quartier allemand.
Le 9 août 1943, une partie des inculpés dans l’affaire de la mairie de Vern-d’Anjou furent déportés en Allemagne. Pierre Porcher resta emprisonné. Le 1er décembre suivant, il fut condamné à mort par le tribunal militaire de la Feldkommandantur 595 d’Angers. Il fut reconnu coupable d’aide à l’ennemi et d’être un franc-tireur. Son recours en grâce rejeté, il a été fusillé dans la clairière de Belle-Beille à Angers, le 13 décembre 1943 à 8 h 45.
Depuis la Libération, une école d’Angers porte son nom. La plaque qui le présentait a disparue suite à la vente d’une partie des locaux.
Il reçut une citation à l’ordre de la division : « Jeune héros, courageux et brave. Arrêté et martyrisé par la Gestapo, il a été fusillé le 13 décembre 1943, sans avoir dévoilé les rouages de son organisation. »
Tous les troisièmes dimanches du mois d’octobre, une cérémonie a lieu devant le monument des fusillés de Belle-Beille, au cours de laquelle son nom est cité.
La mention « Mort pour la France » lui fut attribuée le 9 mai 1947.


Angers, champ de tir de Belle-Beille (Maine-et-Loire) 1944 –1944
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen, Liste S 1744 (Notes Thomas Pouty). – Arch. Dép. Maine-et-Loire, 77 W 48, 181 J 50, 303 W 286, 303 W 291, 303 W 293, 303 W 294. – Arch. mun. Angers, 4H103. – Acte de décès, Registre des inhumations du cimetière de l’Est à Angers. – Association amicale des anciens élèves du lycée David-d’Angers, Bulletin d’honneur de la guerre et de la Résistance 1939-1945, Angers, 1948, p. 16. – Association amicale des anciens élèves du lycée David-d’Angers, Cérémonie commémorative du 23 octobre 1949, Hommage aux morts et disparus de la guerre et de la Résistance 1939-1945, Angers, 1949, 15 p. – Lycée David-d’Angers, En souvenir de nos martyrs 1940-1944, Angers, p. 17-18. – État civil.

Bertrand Gogendeau

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