Né le 30 mai 1914 à Saint-Michel-Sougland (Aisne), fusillé le 26 mai 1944 au fort des Ayvelles (Ardennes) suite à une condamnation à mort ; cheminot à Lumes (Ardennes) ; résistant (résistance Fer, OCM).

Rêve Roc était un enfant de l’assistance publique, sa mère était décédée peu après sa naissance, son père alors qu’il n’avait que 5 ans. À 13 ans, il quitta l’école et occupa différents emplois comme ouvrier dans l’industrie et dans l’agriculture. Au retour de son service militaire en 1937, il épousa Alice Poirot, qui donna naissance à deux enfants. Peu de temps après, il fut admis aux chemins de fer et fut nommé homme d’équipe au service de l’Exploitation à Lumes-Triage.
Comme tous les Ardennais, Rêve Roc connut l’évacuation en mai 1940. On ne sait à quelle date il rentra chez lui et reprit ses fonctions professionnelles. À partir d’octobre 1943, Rêve Roc appartint à la Résistance. Il faisait partie d’une équipe de saboteurs qui s’attaquaient au matériel allemand, il distribuait aussi des tracts et faisait passer des prisonniers de guerre évadés d’Allemagne. Sans doute appartint-il au groupe de Pol Renard, qui travaillait comme lui au triage de Lumes en tant que surveillant principal au service électrique de la Compagnie de l’Est. On sait par ailleurs qu’il était en contact avec deux comptables de Charleville (Ardennes), membres comme Renard de l’OCM (Organisation Civile et Militaire), André Marchand* et Pierre Chardin*, son ami de toujours.
Dans le courant du mois de février 1944, au café de la Plage à Charleville, Rêve Roc fit la connaissance de deux militaires allemands dont l’un parlait très bien le français. La conversation s’engagea, et les trois hommes sympathisèrent, ils se revirent à plusieurs reprises dans le même établissement. Un soir, il demanda à l’un de ses nouveaux amis, moyennant finance, l’identité des officiers de la Feldkommandantur 684 de Charleville, soi-disant « pour leur vendre du café ». Il lui proposa en outre son aide, gîte et vêtements civils, dans l’éventualité où son camarade et lui souhaiteraient déserter. Cette imprudence fut fatale. Le lendemain de cette conversation, le 24 février dans la soirée, les Feldgendarmes arrêtèrent Rêve Roc dans un café de la ville et trouvèrent sur lui de fausses cartes de ravitaillement en pain. Il fut incarcéré à la prison de Charleville, place Carnot. Son épouse parvint à lui faire passer des vêtements mais ne put le voir.
Le dossier de l’affaire fut transmis pour instruction au tribunal militaire de la Feldkommandantur. Rêve Roc releva du chef d’inculpation « d’atteinte à la force défensive de l’armée ». Il fut condamné à la peine de mort le 17 mai 1944 et fusillé dans les fossés du fort des Ayvelles le 26 mai.
Les obsèques de Rêve Roc furent célébrées en l’église Sainte-Jeanne-d ’Arc de Charleville, les honneurs militaires lui furent rendus. Le titre d’Interné résistant lui a été attribué le 31 mai 1963 et la médaille de la Résistance lui fut décernée à titre posthume (décret du 17 déc. 1968, JO du 17 janv. 1969).
Son nom est inscrit sur la pierre du Mémorial de Berthaucourt (Charleville-Mézières), sur le monument aux morts de Charleville-Mézières, ainsi que sur la plaque commémorative des fusillés du fort des Ayvelles à Villers-Semeuse.
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). Liste des médaillés de la Résistance à titre posthume (ap. 1948). SHD, dossiers adm. résistants. — Philippe Lecler, Le temps des partisans, Langres, Éd. D. Guéniot, 2009. – Notes Frédéric Stévenot. – Mémorial des cheminots victimes de la répression 1940-1945, Thomas Fontaine (dir.) Perrin/SNCF, 2017, pp. 1287-1288, biographie rédigée par Stéphane Robine. — État civil.

Philippe Lecler

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