Né le 20 janvier 1913 à Fère-en-Tardenois (Aisne), fusillé après condamnation à mort le 6 juin 1944 à L’Épine (Marne) ; agent SNCF ; syndicaliste ; résistant ; FFC au titre du réseau Turma Action-Vengeance ; Résistance-Fer ; FFI.

Marcel Cheval
Marcel Cheval
SOURCE : Photo communiquée
par sa fille Jacqueline Cheval
Maison régionale des syndicats de Reims
Maison régionale des syndicats de Reims
Sur le monument</br>aux martyrs de la Résistance de Reims
Sur le monument
aux martyrs de la Résistance de Reims
En gare de Reims
En gare de Reims
Dans le quartier Croix-Rouge
Dans le quartier Croix-Rouge
À Reims 5, rue Sébastopol
À Reims 5, rue Sébastopol
Sur la plaque commémorative</br>de la Butte des fusillés à L'Épine
Sur la plaque commémorative
de la Butte des fusillés à L’Épine
Dans <i>L'Éclaireur de l'Est</i>
Dans L’Éclaireur de l’Est
Butte des fusillés à L'Épine
Butte des fusillés à L’Épine
Dans le hall d'entrée du lycée Roosevelt
Dans le hall d’entrée du lycée Roosevelt
SOURCE : 
Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson
Marcel Cheval était le fils de Louis Gaston Cheval, maréchal-ferrant, et de Madeleine Louise Robinet, sans profession. Il avait épousé Marguerite Léonie Renom le 3 novembre 1935 à Reims (Marne) où le couple, qui avait une petite fille née en 1940, était domicilié, et où Marcel Cheval exerçait la profession d’ajusteur, puis de sous-chef de brigade à la SNCF.

Membre de Libération-Nord, Marcel Cheval rejoignit le réseau Turma Action-Vengeance en août 1942, sous les ordres du cheminot rémois André Patureaux qui lui confia le commandement de l’un des quatre groupes d’action de ce réseau dans le secteur de Reims. En janvier 1943, il fut nommé chef du secteur « Cloisonnement » avec le grade de lieutenant par Lucien Bazin, responsable départemental d’Action-Vengeance.
Marcel Cheval organisa de nombreux sabotages pour immobiliser les locomotives du dépôt de Reims par tous les moyens (explosifs, dégradations et enlèvement de pièces essentielles) et pour retarder leur réparation.
Le 16 septembre 1943, il participa à un important sabotage par explosifs avec son camarade Georges Monaux.
Arrêté le 17 décembre 1943 par la Police allemande à Troyes (Aube) où il venait d’être muté, il a été livré à la Gestapo de Reims qui lui fit subir plusieurs interrogatoires et tortures.
Interné à la prison de Reims pendant plusieurs mois, il a été transféré à Châlons-sur-Marne (Châlons-en-Champagne) le 30 mai 1944 après le bombardement de la prison de Reims par l’aviation alliée.

Condamné à mort le 6 juin 1944 par le tribunal militaire allemand FK 531 de Châlons-sur-Marne, il a été fusillé le jour même sur le terrain de la Folie à L’Épine avec six autres résistants : René Brémont, Roger Kerger, Raoul Mathieu, Georges Monaux (fusillé en même temps que Marcel Cheval), Roland Moret et Charles Tasserit.

Dernière lettre de Marcel Cheval à sa famille :

Châlons-sur-Marne le 6 juin
Ma chérie, ma Jacqueline, maman
Je viens d’être condamné à mort par les Allemands. Je leur pardonne car ils font leur devoir, rudement peut-être pour ce que j’ai fait, mais c’est la guerre. Espérons que notre sacrifice ne sera pas inutile pour tous. Ma chère femme je te laisse ma Jacqueline à élever et ma mère avec toi pour la veiller et lui montrer le droit chemin. J’ai du courage et j’espère mourir en Français, mais que ces heures, les dernières de ma vie vont être longues à passer. Ma chérie encore une fois pardon et remercie bien Maître Lelarge, il a fait tout ce qu’il devait faire mais les circonstances sont contre nous. Fais ton possible pour que je puisse dormir mon dernier sommeil près de papa et que Dieu vous garde après m’avoir accueilli près de Lui. Mes meilleurs souvenirs à toute la famille et aux amis. Le temps effacera bientôt mon souvenir parmi eux, il y
a tant de victimes en ce moment que nous passerons inaperçus pour tous. Maman console ma Margot, tu sais que je l’aimais tant et veille sur sa vie et sur celle de Jacqueline. Albert je te les confie à ma dernière heure et j’espère que ma confiance sera bien placée. Ma petite Margot, vis pour Jaquotte et pour mon souvenir, tout ce que tu feras sera bien, et je demande pour toi la bénédiction de Dieu. Ma Jacqueline quand tu liras ces lignes je serai mort et ton père ne sera plus qu’un triste souvenir pour ta petite tête. Aime toujours ta maman et ta mère et pense en priant à ton petit père.
Je vous quitte, ce jour 6 juin à 16 H, combien d’heures me reste-t-il à vivre ?
A tous mes meilleurs baisers. A vous trois, toute ma tendresse, tout mon amour et au Ciel ! J’espère avoir un prêtre pour mourir en Chrétien. Encore une dernière fois, adieu et tous mes baisers les plus tendres. Baisers à la tante Maria. Agot adieu !
Marcel


Aucun acte de décès n’a été dressé, omission réparée par un jugement déclaratif de décès rendu par le tribunal de Première instance de Châlons-sur-Marne le 21 juillet 1944 et transcrit à l’état civil de L’Épine le 31 juillet 1944. Ce jugement déclare Marcel Cheval « fusillé le 6 juin 1944, à vingt heures cinq minutes, sur ordre des troupes d’occupation et inhumé sur le territoire de cette commune ».

Inhumé sur place, le corps de Marcel Cheval a été exhumé et transféré le 9 septembre 1944 à Reims dans le cimetière de l’Est.

Marcel Cheval a été reconnu « Mort pour la France » en 1945. Il a été homologué FFI et FFC (agent P2 chargé de mission de 2e classe) avec le grade de lieutenant. Les titres d’Interné-résistant et de Combattant volontaire de la Résistance (CVR) lui ont été décernés, ainsi que la Médaille de la Résistance par décret du 3 juillet 1946 publié au JO du 11 juillet 1946. Le 14 juillet 1950, la Légion d’honneur lui a été décernée à titre posthume et remise à sa fille Jacqueline. Au titre de Résistance-Fer, il a été cité à l’ordre du Corps d’armée et a reçu à titre posthume la Croix de guerre avec étoile vermeil.

Dans la Marne, le nom de Marcel Cheval est inscrit sur la plaque commémorative de la Butte des fusillés à L’Épine.
À Reims, une plaque commémorative a été apposée en 1947 par la municipalité à son domicile, 5 rue de Sébastopol, et une allée du quartier Croix-Rouge porte son nom depuis 1971.
Il figure aussi sur la plaque apposée à la Bourse du Travail, aujourd’hui Maison régionale des syndicats, sur le monument aux martyrs de la Résistance, sur une stèle en gare SNCF, et sur la plaque dédiée aux anciens élèves morts pour la France dans le hall d’entrée du Lycée Roosevelt, avant-guerre Collège Jolicœur où Marcel Cheval a été élève..
Sources

SOURCES : AVCC, Caen, AC 21 P 44 314. – SHD, Vincennes, GR 16 P 126958. – Arch. CH2GM-Marne, Direction de l’état civil et des recherches, dossier de Brinon B 7/1137, n° 004755. – Arch. dép. Marne, M 7463, exécutions par les Allemands 1941-1944 ; fusillés ou exécutés par les Allemands, liste dressée à la demande du ministère de l’Intérieur en octobre 1944. – Arch. ONACVG-SD51, dossier CVR. – Arch. COSOR-51. – Arch. familiales (photo) communiquées par sa fille Jacqueline Cheval. – Pierre Gillet, « Châlons sous la botte. Souvenirs de la Résistance à Châlons-sur-Marne et dans l’arrondissement (1940-1945) », Cahiers châlonnais, n° 3, Châlons-sur-Marne, 1983, réédité en 1998. – Jean-Pierre et Jocelyne Husson, La Résistance dans la Marne, dvd-rom, AERI-Département de la Fondation de la Résistance et CRDP de Champagne-Ardenne, Reims, 2013. – État civil, Fère-en-Tardenois (acte de naissance) ; L’Épine (transcription du jugement déclaratif de décès).

Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

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