Né le 3 septembre 1920 à Saint-Martin-d’Ablois (Marne), fusillé après condamnation à mort le 19 février 1944 à L’Épine (Marne) ; vigneron ; militant socialiste ; résistant ; FFC-Action D ; FTPF-FFI.

Julien Ducos
Julien Ducos
SOURCE : 
Pierre Servagnat, La Résistance et les FFI
dans l’arrondissement d’Épernay
Sur le monument aux martyrs de la Résistance</br> d'Épernay
Sur le monument aux martyrs de la Résistance
d’Épernay
Sur le monument aux morts
Sur le monument aux morts
Dans le cimetière
Dans le cimetière
À Saint-Martin-d'Ablois
À Saint-Martin-d’Ablois
Sur la plaque commémorative</br>de la Butte des fusillés à L'Épine
Sur la plaque commémorative
de la Butte des fusillés à L’Épine
<i>Paris-Soir</i>, n° 1192, 2 mars 1944
Paris-Soir, n° 1192, 2 mars 1944
Butte des fusillés à L'Épine
Butte des fusillés à L’Épine
Dans le cimetière du Nord à Reims
Dans le cimetière du Nord à Reims
SOURCE : 
Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson
Julien Ducos était le fils de Julien Marcel Ducos, vigneron, et de Pauline Adrienne Lejarle, sans profession. Célibataire, il était domicilié à Saint-Martin d’Ablois (Marne), où il exerçait la profession de vigneron chez son père.

Militant de la JAC (Jeunesse agricole chrétienne), Julien Ducos rejoignit le groupe de Francs-tireurs et partisans français (FTPF) constitué à Saint-Martin d’Ablois par Marcel Soyeux. Il participa à des opérations de parachutage, de sabotage de pylônes et d’installations ferroviaires, et en novembre 1943 à un important transport d’armes. Il fut arrêté le 17 novembre 1943, à la suite d’attentats sur la ligne Paris-Strasbourg et d’une dénonciation qui aboutit au démantèlement du groupe de Saint-Martin-d’Ablois.
Inculpé d’attentats contre du matériel ferroviaire, il fut condamné à mort le 16 février 1944 par le tribunal militaire allemand FK 531 siégeant à Châlons-sur-Marne (Châlons-en-Champagne) et fusillé le 19 février 1944 sur le terrain de La Folie à L’Épine avec quatorze autres FTPF : Robert Baudry, Gilbert Cagneaux, Maurice Chuquet, Michel Destrez, Jean Goutmann, Georges Laîné, James Lecomte, Émile Rochet, Roger Sondag, Camille Soudant, Marcel Soyeux, Henri Speeckaert, André Tessier et Louis Vanseveren.

Dernière lettre à sa famille de Julien Ducos, retranscrite par l’abbé Pierre Gillet et publiée dans Cahiers châlonnais :

Prison de Châlons-sur-Marne
19 février 1944
Chers parents, chère petite soeur,
Adieu, car je vais tomber où sont tombés déjà tant
de camarades ; je viens d’être confessé et je pars mu-
ni des saints sacrements.
Avant de mourir, je vous demande pardon de la pei-
ne que je vais vous causer, mais soyez, courageux,
et fiers. Je vous demande aussi pardon de tous les
ennuis et tracas que je vous aurais causés dans ma cour-
te vie, car je n’ai pas toujours été raisonnable,
pourtant, vous étiez si bons pour moi.
Adieu, papa, toi qui m’as toujours montré le che-
min de l’honneur et de l’honnêteté. Sois fier de moi,
car toi aussi tu auras donné à la France un fils ; no-
tre sacrifice ne sera pas inutile.
Adieu, maman, toi qui m’as mis au monde et qui t’
es penchée si souvent sur mes peines ; sois courageuse,
il te reste encore Yvonne pour te consoler.
Et toi, petite sœur chérie, adieu aussi ; c’est à
toi que je confie papa et maman ; rends-les toujours
heureux, fais-leur une vieillesse heureuse ; aie sur
tout soin de maman, ça va être terrible pour elle,
console-la bien.
Et maintenant on vient nous chercher, quand le
jour va se lever, nous ne serons plus ; nous allons fi-
nir comme tous les patriotes ; notre sacrifice, je
crois, ne sera pas inutile, car il donnera à la Fran-
ce le jour de la victoire finale, le droit d’être,
elle aussi, fière de ses fils. J’ai toujours été un
bon patriote et je ne regrette rien.
Adieu aussi, tante Reine et cher Maurice qui fu-
rent aussi si bons pour moi et qui me consoliez quand
j’avais des peines. Adieu à toute la famille et à tous
les bons copains.
Votre fils, ton frère qui va mourir, et qui vous
envoie ses derniers baisers.
Vive la France !
Julien Ducos !


Le tribunal civil de première instance de Châlons-sur-Marne a rendu le 31 mars 1944 un jugement déclaratif de décès transcrit le 24 avril à l’état civil de Châlons sous le numéro 279, qui le déclare « décédé à Châlons-sur-Marne le 19 février à huit heures sept minutes ».

Inhumé après l’exécution dans le cimetière de l’Est de Châlons, le corps de Julien Ducos a été exhumé le 6 octobre 1944 et a été transféré dans le cimetière de Saint-Martin-d’Ablois.

Julien Ducos a été reconnu « Mort pour la France » en 1945. Il a été homologué FFI et FFC au titre du réseau Action D et le titre d’Interné-résistant lui a été décerné.

Le garde-chasse, Marius Pilon, qui avait dénoncé le groupe FTPF de Saint-Martin-d’Ablois, a été abattu en juillet 1944, exécution revendiquée dans le communiqué 87 publié dans le numéro 62 du journal clandestin des FTPF France d’abord, daté du 12 août 1944.

Dans la Marne, le nom de Julien Ducos est inscrit sur la plaque commémorative de la Butte des fusillés à L’Épine, et sur le monument aux morts de Saint-Martin-d’Ablois, où une rue porte son nom. Il figure aussi sur la stèle érigée par le Parti socialiste SFIO au cimetière du Nord à Reims et sur la liste des fusillés du monument aux martyrs de la Résistance élevé à Épernay.
Sources

SOURCES : AVCC, Caen, AC 21 P 175 689. – SHD, Vincennes, GR 16 P 196722. – Arch. CH2GM-Marne, Direction de l’état civil et des recherches, dossier de Brinon, B7/3024, n° 007193. – Arch. Dép. Marne, M 7463, exécutions par les Allemands 1941-1944 ; M 4774, fusillés ou exécutés par les Allemands, liste dressée à la demande du ministère de l’Intérieur en octobre 1944. – Arch. FN/FTPF/ANACR-51. – L’Union, 27 février 1946. – Pierre Servagnat, La Résistance et les Forces françaises de l’intérieur dans l’arrondissement d’Épernay. Souvenirs du capitaine Servagnat. Ceux de la Résistance, Presses de l’Imprimerie de Montligeon, 1946. – Pierre Gillet, « Châlons sous la botte – Souvenirs de la Résistance à Châlons-sur-Marne et dans l’arrondissement (1940-1945) », Cahiers châlonnais, no 3, Châlons-sur-Marne, 1983, réédité en 1998. – Jean-Pierre Husson, La Marne et les Marnais à l’épreuve de la Seconde Guerre mondiale, Presses universitaires de Reims, 2 tomes, 2e édition, 1998. – La vie à en mourir-Lettres de fusillés 1941-1944, lettres choisies et présentées par Guy Krivopissko, Tallandier, 2003. – Jean-Pierre et Jocelyne Husson, La Résistance dans la Marne, dvd-om, AERI-Département de la Fondation de la Résistance et CRDP de Champagne-Ardenne, Reims, 2013. – État civil, Saint-Martin d’Ablois (acte de naissance) ; Châlons-en-Champagne (transcription du jugement déclaratif de décès).

Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

Version imprimable