Né le 6 janvier 1921 à Saint-Martin-d’Ablois (Marne), fusillé après condamnation à mort le 19 février 1944 à L’Épine (Marne) ; vigneron ; militant socialiste ; résistant ; FFC-Action D ; FTPF-FFI.

Marcel Soyeux
Marcel Soyeux
SOURCE : 
Pierre Servagnat, La Résistance
et les FFI dans l’arrondissement d’Épernay
Sur le monument aux morts
Sur le monument aux morts
À Saint-Martin-d'Ablois
À Saint-Martin-d’Ablois
Sur le monument aux martyrs de la Résistance</br> d'Épernay
Sur le monument aux martyrs de la Résistance
d’Épernay
Sur la plaque commémorative</br>de la Butte des fusillés à L'Épine
Sur la plaque commémorative
de la Butte des fusillés à L’Épine
<i>Paris-Soir</i>, n° 1192, 2 mars 1944
Paris-Soir, n° 1192, 2 mars 1944
Butte des fusillés à L'Épine
Butte des fusillés à L’Épine
Dans le cimetière du Nord à Reims
Dans le cimetière du Nord à Reims
SOURCE : 
Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson
Marcel Soyeux était le fils d’Achille Ernest Soyeux, vigneron, et de Célina Marie Janvier, sans profession. Célibataire, il exerçait la profession de vigneron chez ses parents à Saint-Martin-d’Ablois (Marne),
Il constitua un petit groupe de Francs-tireurs et partisans français (FTPF) à Saint-Martin-d’Ablois et il prit contact en juillet 1943 avec le groupe Ceux de la Résistance-Bureau de opérations aériennes, région CDP3 (CDLR-BOA-CDP3) d’Épernay dirigé par Pierre Servagnat.
Dans la nuit du 21 au 22 septembre 1943, au lieu-dit La Cave, entre Port-à-Binson et Damery, il participa avec le groupe des Forces françaises de l’intérieur (FFI) de Port-à-Binson à un sabotage qui fit dérailler un train de permissionnaires allemands et immobilisa le trafic sur la ligne Paris-Strasbourg pendant trois jours.
Au début de novembre 1943, il cacha dans une cave trois tonnes de matériel réceptionnées par une équipe BOA.
À la suite d’attentats sur la ligne Paris-Strasbourg, une dénonciation aboutit au démantèlement du groupe de Saint-Martin-d’Ablois. Marcel Soyeux fut arrêté par la police allemande le 19 novembre 1943 et inculpé pour participation à des attentats contre du matériel ferroviaire.
Il a été condamné à mort le 16 février 1944 par le tribunal militaire allemand FK 531 de Châlons-sur-Marne (Châlons-en-Champagne) et fusillé le 19 février 1944 sur le terrain de La Folie à L’Épine, avec quatorze autres FTPF : Robert Baudry, Gilbert Cagneaux, Maurice Chuquet, Michel Destrez, Julien Ducos, Jean Goutmann, Georges Laîné, James Lecomte, Émile Rochet, Roger Sondag, Camille Soudant, Henri Speeckaert, André Tessier et Louis Vanseveren.

Dernière lettre de Marcel Soyeux à sa fiancée (orthographe et rédaction d’origine) :

 Vendredi 18 février 1944
Ma petite fiancée chérie
À l’heure où tu recevras cette lettre, tu
sauras certainement les résultats du
tribunal, vu que Michel [Michel Destrez] a écrit
mercredi soir, moi je n’ai pas eu
le courage de te l’écrire tout de suite,
je ne voulais pas que tu saches par
moi, car je sais que je vais te briser le cœur
surtout ne t’affoles pas, et ne fais pas
de bêtises, car tout n’est pas encore
perdu, nous sommes condamnés à mort,
je ne croyais pas quand même,
car je n’ai rien fait de mal, ce qui
me vaut ca, c’est d’avoir accompagné
Michel, le jour où il a fait sauté 2
piglônes, on m’a demandé le recours en
grâce, j’espère qu’on l’aura, mais si on
est pour y passer, que ce soit le plus
tôt possible, car voilà deux nuits
blanches que je passe, je suis en cellule
que je me ferais des cheveux, j’espère encore t’écrire
mais je n’ai plus qu’une enveloppe, j’espère en
recevoir lundi, je t’écrirai souvent pour te rassurer,
hier je n’en avais pas le courage, mais maintenant
je t’écrirai, car je ne travaille plus, je suis seul jour
et nuit, et ca me fait un bien immense plaisir
de parler un peu avec toi mon trésor, il me
semble que tu es près de moi, ma tête contre la
tienne et nos deux cœurs battant à l’unisson
mais la réalité est là et le réveil est dur. Je
vais te mettre un petit mot pour mes
parents, car je veux garder cette enveloppe
pour t’écrire encore une fois cette semaine
mais malgré tout aie confiance, je t’aime
et si jamais je dois mourir, ma
dernière pensée sera pour toi.
Mon trésor chéri, je t’embrasse
tendrement en te serrant sur
mon cœur.
Ton petit Marcel

Dernière lettre de Marcel Soyeux à ses parents et à son petit frère (orthographe et rédaction d’origine) :

Samedi matin 19 Février
Cher papa, chère maman, cher petit frère
Je vous écrit avant de mourir, et je vous supplie de
me pardonner la peine que je vais vous faire
on vient de venir me dire, je m’y attendais
aussi je vais tacher d’être courageux, soyez
courageux aussi, je vais avoir fini de souffrir
embrassez bien pour moi ma chère petite
Suzanne que j’aimais bien et qui va être
bien malheureuse, que René ne fasse ja-
mais de bêtises comme ça, dites au revoir
à Dédé, Robert ma tante Jeanne, toute
la famille. Chers parent, surtout ne m’en
voulez pas et toi papa non plus, René est
la pour prendre ma place, embrassez bien
Julien, Andrée, Lina, et aussi tout le monde
d’Haudilcourt. Mes pauvres chers parents
je vous quitte pour toujours en vous embrassant
tendrement. Adieu pour toujours.
Votre fils qui vous aimait
Marcel

Le tribunal civil de première instance de Châlons-sur-Marne a rendu le 31 mars 1944 un jugement déclaratif de décès transcrit le 9 avril à l’état civil de Châlons sous le numéro 263, qui le déclare « décédé à Châlons-sur-Marne le 19 février 1944 à huit heures sept minutes ».

Inhumé après l’exécution dans le cimetière de l’Est de Châlons, le corps de Marcel Soyeux a été exhumé le 6 octobre 1944 et a été transféré dans le cimetière de Saint-Martin-d’Ablois.

Marcel Soyeux a été reconnu « Mort pour la France » en 1945 et a été homologué FFI et FFC au titre du réseau Action-D. Le titre d’Interné-résistant lui a été décerné, ainsi que la Médaille de la Résistance par décret du 23 octobre 1945 publié au JO le lendemain.

Le garde-chasse Marius Pilon, qui avait dénoncé le groupe FTPF de Saint-Martin-d’Ablois, a été abattu en juillet 1944, exécution revendiquée dans le communiqué 87 publié dans le numéro 62 du journal clandestin des FTPF France d’abord, daté du 12 août 1944.

Dans la Marne, le nom de Marcel Soyeux est inscrit sur la plaque commémorative de la Butte des fusillés à L’Épine et sur le monument aux morts de Saint-Martin-d’Ablois, où une rue porte son nom. Il figure aussi sur la liste des fusillés du monument aux martyrs de la Résistance élevé à Épernay et, avec Julien Ducos, sur la stèle érigée à Reims dans le cimetière du Nord par le Parti socialiste SFIO.
Sources

SOURCES : SHD, Vincennes, GR 16 P 555 224. – Arch. CH2GM-Marne, Direction de l’état civil et des recherches, dossier de Brinon, B7/3024, n° 019823. – Arch. Dép. Marne, M 7463, exécutions par les Allemands 1941-1944, fusillés ou exécutés par les Allemands, liste dressée à la demande du ministère de l’Intérieur en octobre 1944. – Arch. FN/FTPF/ANACR-51. – Dernières lettres de Marcel Soyeux à sa fiancée et à ses parents, communiquées en 2006 à Fabienne Dherse, professeur d’histoire au collège d’Aÿ, par Madame Erard, belle-sœur de Marcel Soyeux. – L’Union, 16 avril 1946. – Pierre Servagnat, La Résistance et les Forces françaises de l’intérieur dans l’arrondissement d’Épernay. Souvenirs du capitaine Servagnat. Ceux de la Résistance, Presses de l’Imprimerie de Montligeon, 1946. – Pierre Gillet, « Châlons sous la botte. Souvenirs de la Résistance à Châlons-sur-Marne et dans l’arrondissement (1940-1945) », Cahiers châlonnais, no 3, Châlons-sur-Marne, 1983, réédité en 1998. – Jean-Pierre Husson, La Marne et les Marnais à l’épreuve de la Seconde Guerre mondiale, Presses universitaires de Reims, 2 tomes, 2e édition, 1998. – Jean-Pierre et Jocelyne Husson, La Résistance dans la Marne, dvd-rom, AERI-Département de la Fondation de la Résistance et CRDP de Champagne-Ardenne, Reims, 2013. – État civil, Saint-Martin-d’Ablois (acte de naissance) ; Châlons-en-Champagne (transcription du jugement déclaratif de décès).

Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

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