Né le 21 avril 1893 à Fère-Champenoise (Marne), fusillé après condamnation à mort le 6 juin 1944 à L’Épine (Marne) ; débitant de boissons ; militant communiste ; résistant ; FTPF ; FFC au titre du réseau Brutus.

Raoul Mathieu
Raoul Mathieu
SOURCE : L’Union
Sur le monument</br>aux martyrs de la Résistance de Reims
Sur le monument
aux martyrs de la Résistance de Reims
78, avenue de Paris à Reims
78, avenue de Paris à Reims
Dans le cimetière de l'Ouest à Reims
Dans le cimetière de l’Ouest à Reims
Sur la plaque commémorative</br>de la Butte des fusillés à L'Épine
Sur la plaque commémorative
de la Butte des fusillés à L’Épine
Dans <i>L'Éclaireur de l'Est</i>
Dans L’Éclaireur de l’Est
Butte des fusillés à L'Épine
Butte des fusillés à L’Épine
En mairie de Fère-Champenoise
En mairie de Fère-Champenoise
SOURCE : 
Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson
Raoul Mathieu était le fils de Fernand Frédéric Mathieu, employé de commerce, et de Joséphine Henriette Bruchez, sans profession. Il avait épousé Renée Marcelle Carrut le 27 septembre 1919 à Pleurs (Marne). Le couple, qui avait trois enfants, tenait un débit de boissons 80, avenue de Paris à Reims (Marne).

En 1943, Raoul Mathieu prit la tête d’un groupe de Francs-tireurs et partisans français (FTPF) qui assurait des transports d’armes et constituait des dépôts. Renée, qui appartenait au réseau Brutus-Nord, lui servait d’agent de liaison.
Ce groupe FTPF prit part au sabotage de câbles et pylônes électriques et d’écluses dans le secteur de Reims. Le couple hébergeait des camarades communistes inter-régions chez eux au 78, avenue de Paris, où était caché un dépôt d’armes et d’explosifs.

Le 7 décembre 1943, lors d’une réunion de l’état-major FTPF à leur domicile, ils furent tous les deux arrêtés par la Police allemande en même temps que plusieurs membres du groupe, dont Roland Moret et Raoul Cholet.
Selon le témoignage de l’aviateur allié Ian Robb, incarcéré avec lui à la prison de Reims, Raoul Mathieu fut terriblement torturé au siège de la Gestapo de Reims, au point qu’il supplia ses camarades de cellule « de lui donner un couteau ou un rasoir pour pouvoir se suicider ».

Transféré à la prison de Châlons-sur-Marne (Châlons-en-Champagne) après le bombardement de la prison de Reims par l’aviation alliée le 30 mai 1944, Raoul Mathieu a été condamné à mort le 6 juin 1944 pour détention d’armes et d’explosifs par le tribunal militaire allemand FK 531 de Châlons-sur-Marne.
Il a été fusillé le jour même à L’Épine sur le terrain de La Folie avec six autres résistants : René Brémont, Marcel Cheval, Roger Kerger, Georges Monaux, Roland Moret (fusillé à 20 h 15 en même temps que Raoul Mathieu) et Charles Tasserit.

Aucun acte de décès n’a été dressé, omission réparée par un jugement déclaratif de décès rendu par le tribunal de Première instance de Châlons-sur-Marne le 8 juillet 1944 et transcrit à l’état civil de L’Épine le 19 juillet 1944. Ce jugement déclare Raoul Mathieu « fusillé le 6 juin 1944 à vingt-heures quinze minutes sur ordre des troupes d’occupation et inhumé sur le territoire de cette commune ».

Inhumé sur place, le corps de Raoul Mathieu a été exhumé le 13 septembre 1944 et transféré le 15 septembre 1944 à Reims dans le cimetière de l’Ouest.

Raoul Mathieu a été reconnu « Mort pour la France » en 1947 et a été homologué FFC au titre du réseau Brutus. Les titres d’Interné-résistant et de Combattant volontaire de la Résistance (CVR) lui ont été décernés, ainsi que la Médaille de la Résistance par décret du 3 juillet 1946 publié au JO du 11 juillet 1946.

Son épouse, Renée Mathieu, a été incarcérée à Reims puis à Laon, internée au Fort de Romainville, et a été déportée comme résistante le 18 avril 1944 à Ravensbrück. Elle n’a appris l’exécution de son mari qu’à son retour de déportation le 24 mai 1945.

Dans la Marne, le nom de Raoul Mathieu est inscrit sur la plaque commémorative de la Butte des Fusillés à L’Épine. À Reims, une plaque commémorative a été apposée en 1947 par la municipalité au domicile de Raoul Mathieu 78, avenue de Paris et son nom est inscrit sur le monument aux martyrs de la Résistance et de la Déportation. Il figure aussi sur la plaque FFI de la mairie de Fère-Champenoise.
Sources

SOURCES : AVCC, Caen, AC 21 P 925 85 et 594 129 — SHD, Vincennes, GR 16 P 403557. – Dossier De Brinon, B7/1180, Liste S. 1744, numéro 015194. – Arch. Dép. Marne, M 7463, exécutions par les Allemands 1941-1944 ; fusillés ou exécutés par les Allemands, liste dressée à la demande du ministère de l’Intérieur en octobre 1944. – Arch. ONACVG-SD51, dossier CVR. – Arch. COSOR-51. – Arch. FN/FTPF/ANACR-51. – L’Union, 9 novembre 1945. – L’Union (photo), 9 novembre 1945. – Pierre Gillet, « Châlons sous la botte. Souvenirs de la Résistance à Châlons-sur-Marne et dans l’arrondissement (1940-1945) », Cahiers châlonnais, n° 3, Châlons-sur-Marne, 1983, réédité en 1998. – Ian Robb, « Flight to betrayal », in Arthur G. Kinnis et Stanley Booker, 168 Jump into hell. A true story of betrayed allied airman, Beaver Creek Printing, Richmond Hill (Canada), 1999. – Jean-Pierre et Jocelyne Husson, La Résistance dans la Marne, dvd-rom, AERI-Département de la Fondation de la Résistance et CRDP de Champagne-Ardenne, Reims, 2013. – État civil, Fère-Champenoise (acte de naissance) ; Châlons-en-Champagne (pas de trace de la tanscription du jugement déclaratif de décès).

Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

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