ABBAL Roger, Louis
Né le 4 juin 1923 à Bédarieux (Hérault), fusillé par condamnation d’un tribunal allemand le 29 avril 1944 à la Doua (Villeurbanne, Rhône) ; maître d’internat ; résistant au sein de l’Armée secrète (AS) et des Mouvements unis de Résistance (MUR).
Il s’engagea dans la Résistance en novembre 1942. Ses parents suivirent son exemple.
Il reçut chez ses parents tous les journaux clandestins de la Résistance (Libération, Combat, Franc-Tireur, La Voix de la patrie, Les Feuillets chrétiens) et il les diffusa au Bousquet d’Orb (Hérault), à Olargues (Hérault), Saint-Pons (Saint-Pons-de-Thomières, Hérault) et Bédarieux. Il reçut également les mots d’ordre au domicile de ses parents. Il effectua les liaisons entre Béziers, Bédarieux et Hérépian (Hérault). Il fut en contact avec les chefs de l’Armée secrète (AS) de la région : le commandant Tourrenc (alias Caroux), Benezech (alias Poitevin), chef AS à Béziers (Hérault), François Durand (alias Duroc), chef du secteur, à Hérépian.
Souhaitant participer à des actions, il achemina de Béziers les premières armes à Bédarieux et les camoufla à la campagne. Il aida François Durand, le chef du secteur AS d’Hérépian, Bédarieux, Lamalou-les-Bains, à organiser plusieurs « dixaines » et « trentaines », groupes de résistants dans la région. Il fournit des fausses cartes d’identité aux réfractaires du Service du travail obligatoire (STO) et recruta pour le maquis de Laurens. Roger Abbal équipa les jeunes réfractaires en donnant ses chemises, ses chaussures, ses chaussettes, de la nourriture et de l’argent.
Suite à plusieurs actions des Mouvements unis de Résistance (MUR) (en particulier l’assassinat du chef de la collaboration à Sète et quelques sabotages) en décembre 1943 et janvier 1944, les polices allemande et française devinrent plus actives et les MUR subirent une vague d’arrestations : notamment celle de la famille Abbal à Bédarieux.
Le soir du 2 février 1944, Roger Abbal, Alexandre Piquet et François Revelle se réunirent au domicile des Abbal pour préparer une expédition punitive contre un collaborateur. La Gestapo et les miliciens cernèrent la maison et arrêtèrent les trois résistants et les parents Abbal. Louis Abbal fut blessé par balle à l’épaule droite et à la cuisse droite.
Roger Abbal, Piquet et Revelle furent escortés au château Baldy (Bédarieux). Ils subirent des tortures. Roger Abbal fut déshabillé, agenouillé sur l’arête coupante d’une règle et battu à coup de nerf de bœuf.
Le 3 février 1944, Roger, Louis et Marie-Jeanne Abbal furent emprisonnés à la prison militaire allemande à Montpellier (Hérault) puis internés à Montluc (Lyon, Rhône) le 6 avril 1944.
Le 22 avril, le tribunal militaire allemand siégeant à Lyon jugea Louis et Roger Abbal. Le père fut acquitté et le fils condamné à mort.
Les Allemands le fusillèrent sur le stand de tir du terrain militaire de la Doua (Villeurbanne, Rhône) le 29 avril 1944 avec Alexandre Piquet.
Enterré dans un charnier à la Doua, son corps fut retrouvé et reconnu le 7 septembre 1945 par sa mère.
Roger Abbal reçut la Médaille de la Résistance à titre posthume.
Une place à Bédarieux porte son nom.
Il écrivit une lettre d’adieu à sa mère le 22 avril 1944.
SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). – Arch. Dép. Rhône, 3335W22, 3335W12, 3335W9, 3460W2. – Arch. Dép. Hérault, 177J12, 177J10. – Bruno Permezel, Montluc. Antichambre de l’inconnu (1942-1944), 1999. – Joseph Lanet, Mémoires de Résistance, la création et l’organisation de l’Armée secrète à Béziers, Saint-Pons, Bédarieux et Narbonne, 2010. – Association nationale des médaillés de la Résistance française, Annuaire des médaillés de la Résistance française, 1953.
Jean-Sébastien Chorin