Né le 30 mai 1916 à Toulouse (Haute-Garonne), fusillé le 11 janvier 1944 à la Doua (Villeurbanne, Rhône) ; employé de commerce ; résistant au sein du réseau Alphonse (réseau Buckmaster).

Pierre Biou
Pierre Biou
Fils de Louis Biou, quincailler, et Marie, Émilie Dane, Pierre Biou était employé de commerce et habitait 12 rue Volta à Toulouse (Haute-Garonne) avec sa famille.
Il fut agent de liaison dans le réseau Alphonse (l’un des réseaux Special Operations Executive, SOE, commandé par le colonel Buckmaster). La police allemande l’arrêta à Lyon (Rhône) le 3 août 1943 au cours d’un voyage.
Interné à la prison Montluc (Lyon, Rhône) le même jour, il s’évada et fut repris. Le tribunal militaire allemand siégeant à Lyon le condamna à mort le 31 décembre 1943 pour transport d’armes, aide à l’ennemi et comme franc-tireur.
Il écrivit une dernière lettre avant d’être exécuté.
Le 11 janvier 1944, les Allemands le fusillèrent, en même temps que Jean Dorval, sur le stand de tir du terrain militaire de la Doua.
Enterré dans le charnier de la Doua, son corps fut retrouvé après la guerre et identifié par son père le 1er octobre 1945. Pierre Biou fut inhumé à Toulouse.
Il fut homologué sous-lieutenant des Forces françaises de l’intérieur (FFI).
Dernière lettre
 
Cher Tonton, chère Marcelle,
C’est une bien pénible corvée de laquelle je vous charge ce jour, mais je compte sur vous pour annoncer cette terrible nouvelle à Papa et Maman avec tous les ménagements.
Dans quelques instants je serai sur le chemin qui mène vers Dieu, je m’y engage muni de tous les sacrements de l’Eglise. C’est dans ce royaume que j’ai la foi de vous retrouver à tous et de goûter parmi vous à toutes les joies célestes auprès desquelles nos pauvres plaisirs terrestres sont bien peu de choses.
Je demande profondément pardon à Papa et à Maman de toutes les contrariétés que j’ai pu leur causer, et surtout de cette grande peine, mais c’est une décision de Dieu et comme telle nous devons la supporter avec courage. Je vous demande à tous de ne pas avoir de haine contre les hommes qui m’ont jugé, ils l’ont fait en leur âme et conscience persuadés qu’ils accomplissaient leur devoir.
Je vais comparaître devant le tribunal de Dieu et seul ce jugement a d’importance pour moi, le jugement des hommes est peu de choses.
Jusqu’au dernier moment je vous aurai tous présents à mon esprit et c’est avec des pensées d’amour que je quitterai cette pauvre terre ; je demande à Dieu de vous aider tous à supporter ce coup et de prendre cette pauvre humanité en pitié en faisant revenir la paix sur terre et dans le coeur des hommes.
Si cela est possible je désire que mon corps aille reposer auprès de vous dans notre caveau de famille.
Je vous quitte en vous disant à tous que je suis sûr de vous retrouver un jour comme je vais retrouver ceux qui m’ont précédé, je vais abandonné cette pauvre dépouille, comme on quitte un vieux costume devenu hors d’usage, mon âme restera auprès de vous.
Vous embrasserez toute la famille pour moi, Marcel et Louis Dané et leur famille, Mon Parrain, ma tante, Jacqueline et son mari, Marcel et Louis Dodina et leur famille, Jean Charouleau et sa famille et tous mes amis. Je les bénis tous.
A mon Père et à ma Mère tous mes meilleurs baisers.
Adieu,
Pierrot
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen, 21 P 425 986, 21P 23642. – Arch. Dép. Rhône, 3335W22, 3335W13, 3460W2. – Arch. Mun. Lyon, 1025WP25.

Jean-Sébastien Chorin

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