Né le 22 septembre 1922 à Peaugres (Ardèche), fusillé le 1er février 1944 à la Doua, commune de Villeurbanne (Rhône) ; étudiant ; maquis de l’Armée secrète (AS) de Beaubery (Saône-et-Loire).

Bruno Quinchez
Bruno Quinchez
Bruno Quinchez était le fils d’Edgar, ingénieur en chef et directeur d’usines, et de Mathilde Mongolfier. Il fit partie des scouts routiers à Neuilly-sur-Seine (Seine, hauts-de-Seine) où il étudiait à l’école Saint-Croix. Étudiant, il prépara le concours de l’école de Saint-Cyr. et en sortit en juin 1943. Il demeurait à Lyon (Rhône), 4 rue du Plat, chez ses parents.
Agent du service Périclès, il rejoignit, en juillet 1943, l’École des cadres du Louvre dans le massif de Belledonne (Isère). Puis il fut envoyé à l’École départementale-Maquis de Saône-et-Loire, à Beaubery. En septembre 1943, le maquis fut déplacé à Combrenod, sur la commune de Montmelard (Saône-et-Loire).
Le 11 novembre 1943, les soldats allemands attaquèrent le camp. Les maquisards résistèrent, puis, par prudence, ils se replièrent le lendemain à Gillette, hameau de Gibles (Saône-et-Loire).
Le 14 novembre, les soldats allemands attaquèrent à nouveau, à Gibles. Les résistants tentèrent de leur échapper, mais le massif montagneux fut vite cerné. Les Allemands arrêtèrent Bruno Quinchez et six autres de ses camarades alors qu’ils tentaient de sortir du bois. Bruno Quinchez fut grièvement blessé.
Vraisemblablement conduit à Mâcon (Saône-et-Loire), il fut ensuite transféré à la prison Montluc (Lyon, Rhône) et emprisonné dans la cellule 107.
Les 14 et 15 janvier 1944, le tribunal militaire allemand siégeant à Lyon jugea et condamna à mort Bruno Quinchez et quinze de ses camarades du maquis, comme francs-tireurs et pour avoir favorisé l’ennemi.
Le 1er février 1944, il écrivit une dernière lettre à ses parents puis il a été fusillé au stand de tir du terrain militaire de la Doua avec ses compagnons.
Inhumé dans un charnier sur place, son corps fut retrouvé après la guerre et identifié par sa belle-mère, Jeanne Boissonnet, le 30 juillet 1945.
Reconnu Mort pour la France, il reçut la Médaille de la Résistance en 1946.
Son nom est inscrit à Villeurbanne sur le monument aux morts et sur le Mur des fusillés et à Beaubery sur le mémorial.
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Dernières lettres
 
Lyon, le 1er février 1944
8 heures
 
Mes chers parents
Je vous envoie cette lettre, c’est la dernière. Condamnés à mort le 15 janvier nous devons être exécuté ce soir à 16 heures.
La mort est peu de chose ; je regrette surtout de mourir si jeune, car j’avais beaucoup de projets. Hubert les réalisera à ma place, il connaissait assez ma pensée.
Je regrette pour vous car cela vous fera beaucoup de peine. Je n’ai jamais perdu courage. La destinée ne se commande pas. Dieu l’a voulu ainsi, peut-être pour mon plus grand bien. J’aurais peut-être dû écouter Papa en Juillet.
Ma vocation militaire est morte dans l’œuf, je le regrette, il y avait tant de choses à faire pour la France et il reste à faire ! Que notre mort ne soit pas inutile. Ne cherchez pas à me venger.
Tout ce je possède je le donne à Hubert. Qu’il en profite et sache s’en servir. La justice, le dévouement à autrui, voilà tout ce que je lui donne comme conseils.
Ne pleurez pas trop, il faut savoir supporter les malheurs dans la vie. Je vous demande pardon de tout ce que j’ai fais contre vous. Priez pour moi. Nous mourrons encore bien. Nous avons l’assistance d’un prêtre catholique allemand.
J’avais cru bien faire, mes sentiments étaient bons, parfois j’au eu l’erreur, jamais je n’ai pu l’éviter.
Au revoir, à Dieu mes chers Parents, je vous embrasse de tout cœur ainsi que tous.
Bruno, votre fils qui vs aimait bien.
Que maman ne regrette rien, je l’ai toujours considéré comme une vraie mère. Je l’a remercie de tout.
Si vous voulez avoir de mes nouvelles, adressez-vous à mes compagnons de cellule. Il y en a qui passeront chez vous, car certains ont été libérés.
« Vive la France »
Dieu et Patrie »
Bruno
J’ai mon portefeuille où il y a 2.320 frs et ma montre. Tachez de les récupérer.
 
Lettre au Colonel de la Forest-Divonne.
Mon colonel.
En m’inclinant devant votre douleur je veux vous dire que de cœur je suis avec vous. Je viens surtout vous dire et ce sera peut-être la seule consolation pour les siens, que votre fils est tombé en héros….Les derniers jours qui ont précédé sa fin, alors que vous, son Père, faisez l’impossible pour le sauver, et que lui savait qu’aucune force humaine l’arracherait à son horrible destin, il a été pour ceux qui l’entouraient, le plus noble, le plus sublime exemple de courage calme remontant et exhortant ses compagnons, faisant le sacrifice de sa vie avec simplicité et une grandeur qui forcèrent l’admiration de ceux-là même qui le gardaient.
Voici, mon Colonel, ce que je voulais vous dire et si votre cœur de Père saigne d’une immense douleur, du moins votre cœur de Français et de soldat y puisera une virile consolation.
Encore une fois, je vous redis mon affection profonde et mon admiration pour ce fils aîné.

Ce document manuscrit ne semble pas être de sa plume mais a été recopié après son décès.
Le Colonel est Bernard de la Forest Divonne (1880-1964) famille de la noblesse de Savoie.
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). – Arch. Dép. Rhône, 182W265, 3335W22, 3335W7, 3808W15, 3460W3. – Bruno Permezel, Montluc. Antichambre de l’inconnu (1942-1944), 1999. – Amicale du bataillon du Charollais, Le Maquis de Beaubery et le bataillon Charollais, 1983. – Association nationale des médaillés de la Résistance française, Annuaire des médaillés de la Résistance française, 1953.— MémorialGenweb. — Remerciements à Yvan Isaac qui nous a communiqué en mars 2022 la dernière lettre détenue par sa mère, cousine de Bruno Quinchez. — Notes Annie Pennetier.

Jean-Sébastien Chorin

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