Né le 29 janvier 1922 à Saint-Clément-lès-Mâcon (Mâcon, Saône-et-Loire), fusillé le 1er février 1944 à la Doua, Villeurbanne (Rhône) ; postier ; résistant du réseau Marc Breton et du maquis de l’Armée secrète (AS) de Beaubery (Saône-et-Loire).

 Marcel Renard
Marcel Renard
Fils de Pierre et de Françoise Gorlier, Marcel Renard exerçait la profession de postier et demeurait à Saint-Clément-lès-Mâcon, 98 rue de Lyon, chez ses parents.
À partir de septembre 1941, il fut un agent du réseau Marc Breton, sous le matricule MB/189. En 1943, réfractaire au Service du travail obligatoire (STO), il fit partie du maquis de l’AS de Beaubery, situé, à partir de septembre 1943, à Combrenod, sur la commune de Montmelard (Saône-et-Loire).
Le 11 novembre 1943, les soldats allemands attaquèrent le camp. Les maquisards résistèrent, puis, par prudence, ils se replièrent le lendemain à Gillette, hameau de Gibles (Saône-et-Loire).
Le 14 novembre, les soldats allemands attaquèrent à nouveau, à Gibles. Les résistants tentèrent de leur échapper en gagnant les bois. Ils laissèrent un détachement à l’arrière-garde pour faire disparaître toutes traces. Ce groupe de six hommes, constitué de Marcel Renard, Raymond Falaize, Jean Santopietro, les frères Lucien et Michel Mazaud et Georges Genevois, fut surpris par une patrouille allemande et fait prisonnier.
Vraisemblablement conduit à Mâcon, Marcel Renard fut ensuite transféré à la prison de Montluc (Lyon, Rhône) avec ses compagnons.
Les 14 et 15 janvier 1944, le tribunal militaire allemand siégeant à Lyon jugea et condamna à mort Marcel Renard et quinze camarades du maquis (Paul Meyer, Raymond Falaize, René Richard, Jean Santopietro, Michel et Lucien Mazaud, Jean-Baptiste Gardenet, Philibert Morel, Antonin Trivino, Georges Genevois, Claudius Deschamps, Clovis Bernard, Bruno Quinchez, Jean Michenot et Lucien Guilloux), comme francs-tireurs et pour avoir favorisé l’ennemi.
Le 1er février 1944, les Allemands le fusillèrent avec ses compagnons sur le stand de tir du terrain militaire de la Doua.
Enterré dans le charnier de la Doua, son corps fut retrouvé après la guerre et identifié par sa mère grâce à ses vêtements le 1er août 1945.
Il reçut la Médaille de la Résistance en 1946.

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Dernière lettre
 
Lyon, prison de Montluc (Rhône) - 1er février 1944
Lyon, le 1er février 1944
Mes biens chers tous,
L’heure est venue de faire un grand pas, je dois être fusillé ce soir .à 16 heures. II est 1h de l’après-midi. J’ai bon courage malgré tout, j’irai jusqu’au bout la tête haute. En ce moment, je n’ai pas peur, J’espère que cela durera [jusqu’à] à la dernière minute comme à présent. J’ai été condamné à mort par le Tribunal militaire allemand le 15 janvier 1944. Mes chers parents, ne vous découragez pas, ne vous laissez pas abattre par la douleur, restez fermes jusqu’au bout, pensez à Maurice et Georgette, dites à Maurice qu’il fasse tout ce qu’il peut pour ’vous. Mon corps, je pense qu’il vous sera rendu à la fin de la guerre, vous en serez probablement avisés par les Allemands. Je désirais être enterré à St-Clément-les-Mâcon. Ma lettre est mal écrite, mais c’est à cause du froid qu’il fait ici.
Mes chers parents, n’en veuillez à personne, je suis allé seul au maquis, je suis donc seul responsable de ma mort, je pense à notre famille entière, embrassez-la toute sans exception (mes pensées et derniers souvenirs vont aussi à la famille Montangerant et autres).. Dites à mes camarades que je leur souhaite bonne chance, qu’ils soient heureux dans la vie.
Mais c’est à votre sujet que j’insiste particulièrement, profitez de vos derniers jours, qu’ils ne soient pas tristes à l’excès. Gardez-moi dans votre cœur le plus longuement possible, restez dignes malgré tout, la vie redeviendra belle, après la pluie le beau temps. Avant de mourir, je vais me confesser et entendre une dernière messe dite par un officier allemand ; je pense que mon linge vous sera retourné : j’ai mon complet, je ne l’ai pas porté en prison. Donnez tout ce qui m’appartient à Maurice et qu’il en profite.
Pour Odette, qui certainement aura beaucoup de chagrin, tachez de lui donner confiance en l’avenir : puisque le destin veut que nous ne soyons pas unis dans la vie, il faut s’incliner. J’ai pensé beaucoup à elle également, qu’elle soit heureuse, c’est tout ce que je désire pour elle. Je la serre bien fort sur mon cœur et l’embrasse tendrement avant de mourir.
Maintenant, je vais terminer là ma dernière lettre, la dernière relation entre vous et moi, mes chers tous. À tous, avant de mourir, je vous dis courage, confiance. Mille baisers, mes dernières pensées, mes derniers souvenirs.
Adieu.
 
Pour reconnaître mon corps, je porte : un pantalon de cheval de l’armée, une paire de chaussettes montantes, une paire de chaussures noires, mes deux maillots verts, le maillot noir, chemise rouge, chemisette rouge, tricot de corps, cache-col carré rouge.
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). – Arch. Dép. Rhône, 3335W22, 3335W13, 3808W15, 3460W3. – Bruno Permezel, Montluc. Antichambre de l’inconnu (1942-1944), Éd. BGA Pernezel, 1999. – Guy Krivopissko, La vie à en mourir, Tallandier, 2003., p. 269-271. – Amicale du Bataillon du Charollais, Le maquis de Beaubery et le bataillon Charollais, 1983. – Association nationale des médaillés de la Résistance française, Annuaire des médaillés de la Résistance française, 1953. – André Jeannet, Mémorial de la Résistance en Saône-et-Loire. Biographies de résistants, 2005.

Jean-Sébastien Chorin

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