Né le 31 décembre 1907 à Paillencourt (Nord), fusillé le 8 février 1943 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; mécanicien ; résistant du réseau La Voix du Nord et membre des FTPF.

Fils de Victor, scieur de long et de Rose, née Afflard, couturière, Gilbert Betrancourt épousa Madeleine Peronne le 20 février 1932 en mairie de Paillencourt près de Cambrai. Le couple eut deux filles. Gilbert Betrancourt travaillait comme ajusteur dans une usine de Denain (Nord). Mobilisé en 1939, il fut libéré en 1940. Il fut très sensible à l’appel du général de Gaulle du 18 juin 1940.
Il eut des activités résistantes au sein du réseau La Voix du Nord. En contact avec Jules Nautour, il était son agent de liaison. Il repéra dans la région de Cambrai des objectifs susceptibles d’être bombardés par l’aviation anglaise. Il prit part à l’activité militante, colla des tracts, distribua La Voix du Nord. Rentrant de son travail, il fut prévenu en décembre 1941 que des policiers français ou allemands l’attendaient à son domicile. Il se réfugia chez un ami dans une ferme à Cartignies (Nord). Isolé, il décida de quitter Cartignies pour trouver refuge chez Désirée Leprêtre au 60 rue Henri-Chesquière à Hellemmes (Nord). Il prit des contacts, participa à des actions avec les FTP entre la fin janvier 1942 et son arrestation en octobre 1942, notamment avec Armel Marsy. Le 30 avril 1942 la Cour spéciale de Douai (Nord) le condamna par contumace à cinq ans de prison et mille deux cents francs d’amende pour « menées communistes »
À Lille (Nord) le 21 octobre 1942 vers 22 h 10 une grenade fut lancée contre la vitrine de « La Taverne lilloise ». Deux marins et un employé des chemins de fer allemands, le patron de la taverne et une serveuse furent blessés par des éclats de verre. Des témoins virent deux cyclistes prendre la fuite par la rue de la Vieille Comédie. Une enquête des Renseignements généraux fut menée sous la direction du commissaire central de Lille René Rochat, et de la police allemande.
L’enquête de la police française s’orienta immédiatement « dans les milieux susceptibles de sympathiser aux idées communistes. » Soupçonné d’être l’un des auteurs de l’attentat de Lille, Gilbert Betrancourt fut arrêté le 24 octobre 1942 par la police française au domicile de Désirée Leprêtre à Hellemmes. Il présenta une carte d’identité au nom de Langlois Eugène, Maurice, la signature du commissaire censé avoir délivré la pièce était illisible.
Selon le commissaire René R… qui l’interrogea : « Après plusieurs heures d’interrogatoire, cet homme a reconnu que le nom de Langlois ne correspondait pas à son identité et qu’il se nommait en réalité Betrancourt Gilbert, René. Il fut probablement frappé lors de l’interrogatoire. Il vivait depuis décembre 1941 chez Désiré Leprêtre, cinquante-et-un ans, employée au Service régional des Assurances sociales, elle connaissait sa situation. »
Gilbert Betrancourt affirma aux policiers qu’il n’avait pas participé à l’attentat de « La Taverne lilloise ». À la suite d’autres arrestations, les policiers conclurent que Gilbert Betrancourt était avec René Camphin l’un des responsables des Francs-tireurs et partisans (FTP) dans la Région du Nord. En fait, il n’était pour rien dans l’attentat de Lille.
Livré à la police allemande, Gilbert Betrancourt fut incarcéré à la prison de Loos-lès-Lille et torturé lors des interrogatoires. Transféré à la prison de Fresnes (Seine, Val-de-Marne) le 5 janvier 1943, il comparut devant le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.) et il fut condamné à mort pour « activités de franc-tireur ».
Gilbert Betrancourt fut passé par les armes le 8 février 1943 au Mont-Valérien avec neuf autres résistants du Nord et du Pas-de-Calais : Victor Bodelle, Victor Bourle, Georges Capelle, Yves Decugis, Roger Devreese, Maurice Lombart, Élie Lorthois, Armel Marsy et Jean Ochin.
Gilbert Betrancourt fut inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) le 8 février 1943 division 47, ligne 1, n°23 ; son épouse fit revenir son corps le 8 octobre 1947 à Paillencourt où il fut ré-inhumé.
Désirée Leprêtre déclara le 5 octobre 1954 que Gilbert Betrancourt « était réfractaire et se cachait à mon domicile. Je le connaissais pour son activité résistante au sein des FTP. Il est certain que cet homme était un résistant authentique ». Martha Desrumeaux, la populaire dirigeante communiste du Nord, confirma le 3 novembre 1954 que Gilbert Betrancourt avait fait partie des FTP.
Gilbert Betrancourt fut reconnu « Mort pour la France » par le ministère des Anciens Combattants le 28 février 1946 ; il fut homologué membre des Forces françaises de l’intérieur (FFI) et Interné résistant (DIR). Il fut décoré de la Croix de guerre, de la Médaille militaire, et de la Médaille de la Résistance (décret du 2 avril 1959, publié au JO du 8 avril 1959).
Son nom figure sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien. Le nom de Gilbert Betrancourt a été donné à la rue principale de Paillencourt et il a été gravé sur le monument aux morts de cette commune.
Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)
Sources

SOURCES : Arch. PPo. GB 112 (rapport du 10 novembre 1942). — Bureau Résistance GR 16 P 56936. — DAVCC, Caen, Boîte 5 Liste S 1744-27/43 (Notes Delphine Leneveu et Thomas Pouty), AC 21 P 313031 et AC 21 P 625503. — Jean-Marie Fossier, Zone interdite, op. cit. — Blog Résistance Avesnois 1940-1945. — État civil, Paillencourt. — Site Internet Mémoire des Hommes. — Mémorial GenWeb. — Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry.

Daniel Grason

Version imprimable