Né le 1er octobre 1921 à La Mulatière (Rhône), fusillé le 1er février 1944 à la Doua, commune de Villeurbanne (Rhône) ; tanneur ; résistant au maquis de l’Armée secrète (AS) de Beaubery (Saône-et-Loire).

Jean Santopietro
Jean Santopietro
Arch. Dép. Rhône, 3460W3
Jean Santopietro était le fils d’Italiens immigrés en France : Angelo Santopietro et Adelina Palombo. Ses parents demeuraient 19 rue des Ateliers à La Mulatière lorsqu’il naquit, puis la famille Santopietro s’installa rue Neuve à Pierre-Bénite entre 1921 et 1926. Angelo et Adelina Santopietro se firent naturaliser français avant 1931. Jean Santopietro fut élève à l’École technique d’Oullins, puis travailla avec son père aux Tanneries lyonnaises ; il y exerçait la profession de chef d’équipe.
Jean Santopietro fit partie du maquis de Beaubery. Ce maquis de l’AS fut déplacé en septembre 1943 à Combrenod, sur la commune de Montmelard.
Le 11 novembre 1943, les soldats allemands attaquèrent le camp. Les maquisards résistèrent, puis, par prudence, ils se replièrent le lendemain à Gillette, hameau de Gibles.
Le 14 novembre, les soldats allemands attaquèrent à nouveau, à Gibles. Les résistants tentèrent de leur échapper en gagnant les bois. Ils laissèrent un détachement à l’arrière-garde pour faire disparaître toutes traces. Ce groupe de six hommes, constitué de Jean Santopietro, Raymond Falaize, les frères Michel et Lucien Mazaud, Marcel Renard et Georges Genevois, fut surpris par une patrouille allemande et fait prisonnier. À ce moment, Jean Santopietro aurait été arrêté « dans la cour de Monsieur Durand à Gibles ».
Vraisemblablement conduit à Mâcon (selon la dernière lettre de Michel Mazaud), il fut ensuite transféré à la prison Montluc (Lyon, Rhône), cellule 80.
Les 14 et 15 janvier 1944, le tribunal militaire allemand siégeant à Lyon jugea et condamna à mort Jean Santopietro et quinze camarades du maquis comme francs-tireurs et pour avoir favorisé l’ennemi.
Le 1er février 1944, il a été fusillé au stand de tir du terrain militaire de la Doua avec ses compagnons.
Enterré dans un charnier sur place, son corps fut retrouvé après la guerre et identifié le 1er août 1945 par sa mère.
Il reçut la Médaille de la Résistance en 1946.
Le 1er février 1944, il écrivit deux lettres, l’une à ses parents, l’autre à sa fiancée, avant d’être exécuté.

MONTLUC, le 1er Février, 1944
Chère Maman, cher Papa,
Lorsque vous recevrez cette lettre, je serai déjà fusillé. Le Tribunal m’a condamné à mort le 15 janvier.
Mes derniers jours se sont passés à préparer ma mort. Il est maintenant 1 heure, à 4 heures, nous serons exécutés.
Je quitte la terre sans haine et avec le seul regret de ne pas vous avoir en ce moment. Un prêtre catholique est près de nous. Je vais mourir en chrétien, je vais me confesser et assister à une messe juste avant l’exécution. [espace vide] nous avons décidé de ne pas nous faire bander les yeux. Dans quelques heures je ne serai plus là, et pourtant je me sens calme prêt à mourir bravement.
Mes chers parents ne regrettez rien, ce qui m’arrive Dieu l’a voulu. Il a permis que je prépare ma mort.
Avant cette mort qui doit tous nous prendre tôt ou tard, je vous adresse mes plus chères pensées.
Votre fils,
JEAN

Ma chère Marinette,
comme je l’attendais depuis 15 jours, l’heure de mon exécution approche.
Je pars ne regrettant rien de ce que j’ai fait, j’ai cru faire mon devoir, les Allemands croient faire le leur. Je pars sans haine te rendant la parole que tu m’avais donnée, tu vivras pour un autre époux.
Ne m’oublie pas dans tes prières,
Adieu,
JEAN.
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). – Arch. Dép. Rhône, 3460W3, 3808W841, 3808W15, 3335W22, 3335W7, 182W265, 668W1, recensements de population de La Mulatière (1921) et Pierre-Bénite (1926, 1931, 1936). – Bruno Permezel, Montluc. Antichambre de l’inconnu (1942-1944), Éd. BGA Pernezel, 1999. – Amicale du Bataillon du Charollais, Le maquis de Beaubery et le bataillon Charollais, 1983. – Association nationale des médaillés de la Résistance française, Annuaire des médaillés de la Résistance, 1953. – Mémorial GenWeb.

Jean-Sébastien Chorin

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