Né le 24 octobre 1886 à Paris, fusillé en avril 1944 à Arras (Pas-de-Calais) ; industriel ; militaire, avocat, industriel ; résistant responsable de l’Organisation civile et militaire (OCM).

Plaque aux corps retrouvés le 23 octobre 1944, Arras
Plaque aux corps retrouvés le 23 octobre 1944, Arras
Alfred Touny, Jean Cavaillès, Raoul François, Pierre Baudel, Germain Bleuet, Paul Caron, Gustave Chevalier, Ernest Prarond, François Revel, André Tempez, Jean Tison, Amédée Coinne
Lieutenant-colonel, Alfred Touny était major de Saint-Cyr en 1906. Licencié ès-lettres et en droit, il était un ancien combattant de la guerre 1914-1918 dans un régiment de cuirassiers. Blessé,au sortir du conflit, il est chevalier de la Légion d’honneur et titulaire de la croix de guerre, sept citations. Il démissionna de l’armée en 1920 et devint avocat au barreau de Paris jusqu’en 1923, puis industriel.
Le nom de Touny a été pour la première fois relevé par la police française au cours d’une perquisition effectuée, en 1937, à la suite de l’affaire des cagoulards. Après avoir été chef de la 16e section du Parti social français, il rallia, en 1937, les partisans de Pozzo di Borgo avant, vers la fin de la même année, d’adhérer au Parti républicain national social. En 1938, il prit la direction de la Légion de France et des Camarades du Feu et, en mai de la même année, celle de la propagande concernant la section de Paris, Seine, Seine-et-Oise de ce groupement. Selon une note du conseil municipal de Paris adressée, le 1er mars 1944, à de Brinon, Touny, fils de l’ancien directeur de la police municipale, était « connu avant guerre comme un anti-communiste et anti-juif forcené ».
Mobilisé en 1939, chef du 2e bureau de la 4e armée, il rejoignit en 1940 le régime de Vichy mais rompit avec ce gouvernement. Le colonel Touny s’engaga très tôt dans la Résistance et devint, en décembre 1941, chef national de l’OCM qu’il créa avec Jean Arthuis en 1940. Il en devint le chef après l’arrestation d’Arthuis.
Alfred Touny avait des relations fréquentes avec le Pas-de-Calais et notamment avec Scaillerez (un important agriculteur) et les professeurs du collège d’Arras, Pierre Baudel et Raoul François.
À la fin de 1943, il créa le Comité de coordination militaire de la Zone nord. Après l’arrestation du général Delestraint, il devint le chef de l’Armée secrète de la Zone nord (ASZN), puis président de la Commission militaire nationale de toute la Résistance métropolitaine.
Suite à la découverte des documents trouvés au domicile de Roland Farjon, responsable Nord de l’OCM arrêté à Paris le 23 octobre 1943, le colonel Touny, dit « Murat » fut arrêté à son domicile avenue du général Langlois à Paris XVIe arr., le 25 février, par la Gestapo de l’avenue Foch, et interné quatre jours plus tard à la prison de Fresnes. Entre le 1er et le 22 mars 1944, accompagné d’André Tempez et de Jean Cavaillès, il fut remis entre les mains de l’Abwehr d’Arras. Les trois responsables de la Résistance furent alors internés dans des cellules de l’Hôtel du Commerce à Arras, dans les locaux de « l’ange gardien des V1 ». Dans ce lieu étaient rassemblés les principaux responsables de l’OCM : Pierre Baudel, le colonel Touny (Paris), Raoul François (Arras), François Revel et Gustave Chevalier (Saint-Omer), Paul Caron (Calais), André Tempez, Ernest Prarond et Germain Bleuet (d’Amiens) pour être confrontés tour à tour avec Roland Farjon. Celui-ci leur conseilla, pour dit-il, leur éviter la torture, de tout avouer puisque la police allemande était déjà informée. Au début avril 1944, vraisemblablement le 5, la procédure judiciaire était close et les dossiers transmis au tribunal du 65e corps d’armée allemand réuni à la caserne Schramm à Arras.
Condamné à mort, le colonel Touny a été fusillé secrètement le jour même avec onze de ses camarades résistants dans les fossés de la citadelle d’Arras sans que les décès ne soient notifiés à la mairie d’Arras. Les corps sans sépulture ont été retrouvés à la suite de sondages, le 23 octobre 1944, après la libération d’Arras, dans une fosse commune soigneusement dissimulée par les nazis. Ils n’ont été identifiés, (notamment par le commandant Lhermitte, responsable de l’OCM) que par des détails de leur physique ou de leurs vêtements.
Celui du colonel Touny, ramené à Paris en 1945, fut désigné pour représenter, parmi les quinze héros placés, le 11 novembre 1945, sous le dôme des Invalides, tous les hommes de la Résistance morts du fait de l’ennemi. Inhumé dans la crypte du Mont-Valérien, il fut fait compagnon de la Libération par le général de Gaulle.
Il fut fait officier de la Légion d’honneur, à titre posthume. Une rue d’Arras porte son nom.
Son fils aîné Roger qui avait rejoint l’Angleterre dès juin 1940 est également Compagnon de la Libération.
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Pas-de-Calais, M 5022/1. – Dossier DAVCC Caen. – Fonds « Fernand Lhermitte » (La Coupole). – Laurent Thiery, La répression allemande dans le Nord de la France (1940-1944), Lille, Presses du Septentrion, 2013, p. 239-256. – Gilles Perrault, La longue Traque, Éd. JC Lattès, Paris, 1975. – J.-M. Fossier, Zone interdite, op. cit. – Mémorial des fusillés d’Arras.— Site de l’Ordre de la Libération.

Christian Lescureux, Laurent Thiery

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