Né le 13 avril 1919 à Sestao (Espagne), fusillé le 10 mars 1944 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; ouvrier ferblantier ; résistant FTPF du groupe Victor Hugo.

Fils de Julien Bordèje Penacho et de Rosario Gomez Pedraja, Galo Bordèje fréquenta l’école primaire jusqu’à douze ans et apprit le métier de ferblantier. Il obtint sa naturalisation en 1935. Il demeurait chez ses parents 27 rue du Docteur Potain à Paris (XIXe arr.). Sympathisant du Parti communiste, il participa à différentes initiatives de l’organisation. Mobilisé le 17 novembre 1939 au dépôt d’infanterie au camp d’Avord à Bourges (Cher), puis affecté au 4e Régiment de tirailleurs tunisiens, il fut démobilisé en octobre 1942 à Magnac-Laval (Haute-Vienne). Un militant communiste le contacta à la fin de l’année 1942 dans un café de la Place des Fêtes non loin de chez lui. Il demanda à réfléchir.
Il travailla jusqu’en janvier 1943 à la société Métaux alliance blanc. Il accepta en mai 1943 d’entrer dans les FTP, eut un entretien avec un responsable et écrivit sa biographie. Matricule 2104, surnommé désormais Jules, membre des FTP, il participa en juin 1943 à une tentative d’attentat rue de Hanovre à Paris (IIe arr.), contre une brasserie réquisitionnée par les Allemands. Action initiatique, il était chargé de lancer une grenade. Il passa à pied devant la terrasse du café... mais garda la grenade non dégoupillée dans sa poche. Il fut sévèrement admonesté par un nommé Marcel pour son manque de cran, malgré sa formation militaire.
Après discussion, du fait de ses connaissances militaires il devint responsable technique régional. Mais les armes manquaient. Galo Bordèje s’occupa des liaisons, remettait l’argent et les titres de ravitaillement, les documents aux uns et aux autres. Mis en rapport avec Émile Reaubourg, dit René, il fut affecté au groupe Victor Hugo. Il participa le 27 juin 1943 avec René à une action contre la permanence du Francisme 39 rue Violet (XVe arr.). André Joineau dit Charles lança une grenade qui n’explosa pas. Un policier nota sobrement sur un procès-verbal « ni dégâts, ni victimes ».
Le 24 juillet 1943, une équipe de FTP fut chargée de tuer Coulon, un cordonnier considéré comme un collaborateur. Son échoppe était rue Esquirol (XIIIe arr.). Quatre FTP dont André Joineau, Jean Camus, « Jean » et Galo Bordèje étaient de l’opération punitive. L’organisation manquait de fonds et il fut décidé fin juillet de pratiquer une récupération d’argent chez un homme réputé comme un trafiquant de marché noir. Les cinq hommes de l’équipe devaient se faire passer pour des faux-policiers, mais quand ils se présentèrent, ils apprirent par le concierge que l’homme était en vacances. Début août Galo Bordèje participa à quatre exercices de tir au pistolet en forêt de Fontainebleau et de Sénart (Seine-et-Marne).
Muté au groupe spécial de récupération, Galo Bordèje prit le pseudonyme de Paul. Le 21 août quatre FTP se rendaient à bicyclette jusqu’à la mairie de Fourqueux près de Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise, Yvelines). À la fermeture de la mairie, la secrétaire de la mairie devait sortir avec une sacoche contenant des tickets de rationnement. Elle sortit accompagnée d’un homme. Galo gardait les vélos. Par mesure de prudence les FTP décidèrent de la suivre jusqu’à son domicile. Émile Reaubourg accompagné de Roland Vachette dit Francis frappa à la porte du pavillon, entra, une dispute éclata avec la secrétaire. Reaubourg sortit, indiqua aux autres FTP « Il n’y a rien à faire ». À l’intérieur le ton monta entre la femme et Roland Vachette, elle menaça d’appeler la gendarmerie.
Le 31 août 1943 vers 7 heures, Jean Camus sous la menace d’une arme vola une automobile au Pont de Levallois-Perret (Seine, Hauts-de-Seine). Galo Bordèje et Roland Vachette s’engouffrèrent dans le véhicule. Aux environs de Gonesse, le chauffeur fut libéré. À Chantilly, trois autres FTP, Émile Reaubourg, Pierre Lorgnet et Louis Chapiro dit Béret montèrent dans la voiture. À la mairie du lieu, l’attaque n’était pas réalisable, retour vers Paris... panne d’essence à cent mètres d’un poste allemand. Direction Roissy-en-France à pied. Le groupe fut repéré par des soldats allemands. Des coups de feu furent échangés, Galo Bordèje lança une grenade contre une automobile qui s’enflamma... Profitant de l’effet de surprise, les quatre FTP dérobèrent des bicyclettes et s’enfuirent, Bordèje perdit son pistolet 7,65 mm. Jean Camus était blessé, les hommes abandonnèrent les vélos. Dans Goussainville, ils se cachèrent dans des buissons, mais repérés ils furent encerclés par une quarantaine de gendarmes et de soldats allemands.
Lors de la perquisition domiciliaire rue du Docteur-Potain, une brochure « Les Soviets partout » fut saisie, ainsi qu’une fausse carte d’identité au nom de Gaston Guillaume et des tickets d’alimentation.
Galo Bordèje fut interrogé dès le 1er août par des policiers allemands du Sonderkommando IV de la police de sécurité et du renseignement de la SS (Sipo-SD) au 11 rue des Saussaies (VIIIe arr.). À partir du 4 octobre, il fut questionné par un inspecteur de la Sûreté française, enfin à compter du 5 novembre par le commissaire principal René Hénoque de la B2. Au cours des multiples interrogatoires, il fut très probablement battu, les policiers voulant à tout prix connaître le nom du FTP qui tua le commissaire Paul Tissot le 28 juin 1943 à Vincennes.
Incarcéré à la prison de Fresnes, il comparut le 29 février 1944 devant le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.). Condamné à mort pour « actes de franc-tireur », Galo Bordèje fut passé par les armes le 10 mars à 15 h 12 au Mont-Valérien en même temps que Maurice Charpentier, Pierre Lorgnet, Charles Delagarde, Albert Drouhot et Louis Furmanek. Son inhumation eut lieu au carré des corps restitués aux familles au cimetière d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne
L’abbé Franz Stock qui assistait les condamnés écrivit le 10 mars :« Vendredi 10.3.44, 7 exécutions, Visites à Fresnes, 3e division. Puis 7 exécutions l’après-midi : Bordeje Galo 1919 ; Lorgnet Pierre 1921 ; Réaubourg Emilel 1919 ; Charpentier Maurice 1919 ; Delagarde Charles 1913 ; Drouhot Albert 1911 ; Furmanek Louis 1926 ; se sont confessés et ont communié tous les 7, alors que, communistes, ils oeuvrent pour la cause. Enterrés à Ivry. »
En exécution des instructions du secrétaire général des Anciens Combattants du 23 octobre 1946, Galo Bordèje fut déclaré « Mort pour la France ».
Sources

SOURCES : Arch. PPo. BA 1748, BA 1752, BS2 carton 36. – DAVCC, Caen Boîte 5, Liste S 1744-140/44 (Notes Thomas Pouty). – Site Internet Mémoires des Hommes. – Mémorial GenWeb. – État civil, Paris (XIXe arr.).

Daniel Grason, Gérard Larue

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