Né le 27 mars 1920 à Sèvres (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine), fusillé le 7 février 1944 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; boulanger-pâtissier ; résistant FTPF.

Maurice Salagnac
Maurice Salagnac
Fils de Léon, maçon, et de Marguerite, née Nuytens, Maurice Salagnac épousa Jacqueline Ballié le 21 février 1942, à la mairie du Xe arrondissement de Paris. Le couple demeurait 15 rue de Belleville, dans le XIXe arrondissement. Ouvrier boulanger-pâtissier avant la guerre, Maurice Salagnac était adhérent au syndicat des travailleurs de l’alimentation. En octobre 1942, sans travail, lui et sa femme décidèrent d’aller travailler en Allemagne. Revenus en permission en juillet 1943 et bien décidés à ne pas retourner à Berlin, ils cherchèrent du travail, mais en vain. Ils rencontrèrent lors d’une alerte un homme qui leur proposa de voir le lendemain « Vidal » (Pierre Simonetti). Ce dernier s’engagea à les aider, leur donna deux cents francs et des tickets de pain, et leur fixa un rendez-vous pour la semaine suivante, en leur demandant de venir avec une photographie pour des fausses cartes d’identité.
Au rendez-vous suivant, les cartes d’identité n’étant pas prêtes, Vidal remit au couple cinq cents francs. Fin septembre, les cartes d’identités en blanc achevées, Jacqueline Salagnac devint agent de liaison sous le pseudonyme « Reine », matricule 1534. Maurice Salagnac prit le surnom de « Bourdon », matricule 1533. Ils changèrent de domicile, habitèrent sous leur véritable identité 29 rue Rébeval, toujours dans le XIXe arrondissement.
L’organisation traversa une période difficile : à la suite de plusieurs chutes de responsables FTP, ni argent ni tickets d’alimentation ne purent être fournis. Maurice Salagnac et son épouse demandèrent au chef de groupe la permission de travailler. Maurice Salagnac effectua un remplacement dans une pâtisserie au 19 rue de l’Étoile (XVIIe arr.), Jacqueline Salagnac fit des ménages chez des particuliers au 9 de la même rue.
Le responsable politique régional indiqua à Pierre Simonetti un moyen de récupérer des tickets d’alimentation, en attaquant la mairie de Paron, près de Sens (Yonne). Le 28 octobre 1943, « Mimile », un chef de groupe, remit un petit paquet qui dissimulait un revolver à Maurice Salagnac. Prudemment, il le cacha dans la boulangerie.
Le 29 octobre, plusieurs FTP se rendirent à Paron, mais les hommes de la Feldgendarmerie 728 de Sens les attendaient en embuscade. Cinq hommes armés furent arrêtés : René Guibet, Alphonse Heimst, Simon Duval, Émile Rivet et Maurice Salagnac. Le SD Kommando IV (service de renseignements de la SS) transmit à la police française des informations sur les interpellés et leurs complices.
Les Allemands indiquèrent que Jacqueline Salagnac, demeurant 29 rue Rébeval dans le XIXe arrondissement, était susceptible de connaître le domicile de Pierre Simonetti, et que l’un des prisonniers avait rendez-vous avec un nommé Vidal le lendemain matin rue de Charonne (XIe arr.). Le samedi 30 octobre vers 8 h 30, des inspecteurs de la Brigade spéciale no 2 (BS2) interpellèrent Pierre Simonetti sur le lieu du rendez-vous. Également arrêtée, Jacqueline Salagnac fut interrogée le même jour par des inspecteurs des BS.
Maurice Salagnac comparut le 1er février 1944 devant le tribunal du Gross Paris, qui siégeait rue Boissy-d’Anglas dans le VIIIe arrondissement. Il fut condamné à mort pour « actes de franc-tireur » et passé par les armes le 7 février 1944 à 15 h 12 au Mont-Valérien, en même temps qu’Alphonse Heimst, Simon Duval et Émile Rivet. René Guibet fut condamné à une peine de travaux forcés, déporté à Buchenwald (Allemagne) ; son rapatriement eut lieu à une date inconnue.
Jacqueline Salagnac partit de Compiègne (Oise) le 31 janvier 1944 à destination de Ravensbrück (Allemagne) ; elle portait le matricule 27816. Enceinte, elle fut rapatriée et accoucha le 4 juillet 1944 d’un garçon prénommé Serge, au fort de l’Est à Saint-Denis. Elle fut libérée le 19 août 1944, quelques jours avant la Libération de Paris.
Sources

SOURCES : Arch. PPo. 77W 751, 77W 776. – DAVCC, Caen, Boîte 5 / B VIII 5, Liste S 1744-059/44 (Notes Thomas Pouty). – FMD, Livre-Mémorial, op. cit. – Site Internet Mémoire des Hommes. – État civil, Sèvres.

Iconographie
PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 188 cliché d’identité.

Daniel Grason

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