Né le 19 janvier 1922 à Brest (Finistère), fusillé le 10 décembre 1941 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; résistant, membre du groupe Élie (CND Castille), FFC.

Robert Busillet
Robert Busillet
Fichier de l’Association des familles de fusillés, Musée de la résistance nationale
Robert Busillet, domicilié à Brest, était le fils du capitaine Félix Busillet, né en Savoie le 25 novembre 1891, un militaire titulaire de nombreuses décorations, mort à Bar-le-Duc d’une méningite à pneumocoques, le 30 septembre 1939, alors qu’il servait en tant que militaire.
Pupille de la Nation, Robert Busillet passa le baccalauréat en 1940. Grâce à Louis Stéphan il intégra le groupe de résistance formé dès novembre 1940 par Louis-Jean Élie, puis travailla dans le studio photographique de Lucien Le Bigot à Brest : il profita du laboratoire photographique pour copier certaines photos allemandes en toute discrétion, avec l’accord et l’aide du photographe. Louis-Jean Élie avait contacté le capitaine René Drouin qui parvint à entrer en contact avec le colonel Rémy et le réseau CND Castille. La mission du groupe Élie consistait notamment à récupérer des armes dans des cafés fréquentés par les Allemands. C’est lors d’une de ces opérations, le 28 avril 1941, que se joua le destin du groupe, lors d’une bagarre dans un café de la rue Louis-Blanc avec plusieurs soldats allemands. Si tous parvinrent à s’échapper, la Gestapo, par l’arrestation d’un suspect, mit ensuite la main sur une liste de noms dont plusieurs des membres du groupe Élie qui furent arrêtés les uns après les autres. Interpellé le 6 juin 1941 pour participation à des sabotages, incarcéré à Fresnes (Seine, Val-de-Marne), avec 37 membres de son groupe, Robert Busillet fut condamné à mort le 22 novembre 1941 par le tribunal allemand du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.). Le préfet du Finistère demanda que Robert Busillet soit gracié en s’appuyant sur le parcours de son père, mais la grâce ne fut pas accordée. Robert Busillet a été fusillé au Mont-Valérien le 10 décembre 1941 avec dix de ses camarades : Louis-Jean Élie, Georges Bernard, René Gourvennec, Roger Groizeleau, Albert Muller, Roger Ogor, Joseph Prigent, François Quéméner, Louis Stephan et Joseph Thoraval
Quelque temps plus tard, ces mots furent remis à la famille par un camarade de prison : « Je meurs fusillé sans preuves. Je meurs pour mon pays, car j’ai voulu conserver mon honneur. Que notre sacrifice ne soit pas vain. Je meurs car je n’ai pas voulu trahir. »
En signe de protestation, les ouvriers de l’Arsenal de Brest déclenchèrent une grève qui était la deuxième, la première ayant été organisée après l’exécution des otages de Châteaubriant. Un service religieux célébré à Saint-Martin le 8 janvier 1942 en mémoire des onze membres du groupe Élie fusillés le 10 décembre 1941 au Mont-Valérien réunit plusieurs centaines de personnes.
Robert Busillet fut inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) le 10 décembre 1941 division 39, ligne 3, n°31.
Par une lettre du 17 décembre 1941, le maire de Brest demanda à Fernand de Brinon, d’intervenir auprès des autorités allemandes pour que les corps des onze brestois fusillés le 10 décembre 1941 soient rendus aux familles. Sans succès. C’est à partir de juillet 1947 que les remises de corps s’effectuèrent. Robert Busillet a été réinhumé le 25 novembre 1947 à Guingamp (Côtes du Nord, Côtes d’Armor).
Reconnu Mort pour la France par le Secrétariat général aux Anciens Combattants le 23 juillet 1945, Robert Busillet a été homologué Interné résistant (DIR) et membre des Forces françaises combattantes (FFC). A titre posthume, il reçut la Croix de Guerre 1939-1945, avec étoile d’argent en 1946 et la médaille de la Résistance en 1955.
En souvenir du groupe Élie, la ville de Brest a appelé rue des 11-Martyrs l’une de ses voies qui donne sur son hôtel de ville, perpendiculairement à la rue Jean-Jaurès. Une plaque a été apposée.
Le nom de Robert Busillet figure sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien. Son nom figure aussi sur une stèle érigée en 2003 à Brest dans le square Rhin-Danube en hommage aux seize résistants du groupe Élie Morts pour la France, avec la mention "La ville de Brest A la mémoire de ceux qui se sont sacrifiés pour que nous puissions vivre libres - Groupe Élie : premier groupe de résistance brestoise.". On y trouve les noms des onze membres du groupe Élie fusillés le 10 décembre 1941 au Mont-Valérien, et aussi les noms de cinq membres du groupe Élie morts en déportation : Jean Caroff, Capitaine René Drouin, Yves Féroc, Jean Gouez et Hervé Roignant.
Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)
Robert Busillet à sa famille
Prison de Fresnes (Seine) 10 décembre 1941
Fresnes, le 10-12-1941
Ma Maman chérie, ’.
Adieu, je vais mourir ; oui, je sais, à 4heures je vais être fusillé, on vient de me l’annoncer et déjà, ce matin, je l’avais deviné.
Si tu savais comme je suis calme, maman chérie. Dieu est avec moi. Oh ! qu’il te donne des jours, toi qui as tant souffert ; encore un calvaire horrible à traverser. Mais, courage, je vais venir bientôt te chercher, et là-haut, tous les trois, nous serons heureux.
• J’aurais tant voulu te revoir et t’embrasser encore une fois, mais ,hélas ! Oh ! que je te plains, ma petite maman. Moi, je vais rejoindre papa. Il a longtemps que j’avais le pressentiment de mourir jeune. Cette fois, mon heure a sonné, à 4 heures je serai avec Dieu, il me semble qu’il m’appelle et qu’il me dit « mon petit, viens ! »
La guerre nous aura tués, papa et moi, mais je t’en conjure, mamiou chérie, c’est ton fils qui va mourir qui te le demande, ne te révolte pas contre Dieu, soumets-toi, nous nous reverrons bientôt dans un monde meilleur.
Je vais prendre toutes vos photos avec moi sur ma poitrine, elles m’accompagneront dans mon cercueil.
En mourant, je prononcerai ton nom, ma chérie, je t’ ai tant aimée. Je meurs pour mon papa et pour mon Dieu.
Courage, maman chérie, et reçois les derniers baisers de ton petit.
Robert.
PS. : Je te donne cette aile de papillon en souvenir de moi. À bientôt, courage.
 
Sa soeur Marie-Thérèse Busillet (Veuve Crouan), née en 1920 mourut en 2017 à Brest
 
Mes chers grands-parents, ma petite Maïté,
Je viens vous dire à vous aussi adieu, à 4 h, je vais être fusillé. Ah ! mime je vous aimais tous et comme je sais que ça va vous être dur. Ma petite Maïté, je te donne un devoir sacré : ta mère et tes grands-parents ; veille sur elle, elle n’en a plus non plus pour longtemps vivre. Priez Dieu qu’il ait pitié d’elle, moi, bientôt j’aurai fini de souffrir.
Pardonnez-moi, mais je ne puis vous écrire plus : j’ai un grand courage, mais [je suis] un peu énervé.
Je ne verrai pas Noël sur terre, mais je serai avec le Christ. J’ai été mis sur terre pour souffrir et j’ai vraiment souffert, mais Dieu est bon et il m’aide.
Adieu, tous mes baisers à vous et aux tantes et oncle.
Je lègue à Marie-Thérèse ce que j’ai en banque pour quand elle se mariera. Si elle a un fils, qu’elle l’appelle Robert, en souvenir de son frère qui l’aimait tant.
Je désirerais être enterré avec mon père.
 
Ces quelques mots ont été remis plus tard à la famille par un camarade de prison.
 
Je meurs fusillé sans preuves. Je meurs pour mon pays, car j’ai voulu conserver mon honneur. Que notre sacrifice ne soit pas vain. Je meurs, car je n’ai pas voulu trahir.
Mes camarades, adieu.
Et vive la France.
Des jours meilleurs viendront pour la France.
Sources

SOURCES : AVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). Arch. Dép. Finistère, 200 W 84 (exécutions). — Arch. mun de Brest. — Georges-Michel Thomas et Alain Le Grand, Le Finistère dans la Guerre (1939-1945), tome I : l’Occupation, p. 247-250. — resistance-brest.net. — Biger Brewalan, René-Pierre Sudre, Les fusillés du Finistère 1940-1944, Master 1, dir. Christian Bougeard, Université de Bretagne occidentale, 2009-2010. — Guy Krivopissko, La vie à en mourir. Lettres de fusillés 1941-1944. Tallandier, 2003. Lettre donnée par sa mère au MRN. — Note de Michel Bondon. — État civil communiqué par Gildas Priol. — Service historique de la Défense, Vincennes, GR 28 P 4 64 12 et GR 16 P 98342 (nc). — Site Internet Mémoire des Hommes. — MémorialGenWeb. — Répertoire des fusillés du cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine.

Biger Brewalan, René-Pierre Sudre, Annie Pennetier

Version imprimable