Né le 6 octobre 1920 à Angers (Maine-et-Loire), fusillé le 10 décembre 1941 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; résistant, membre du groupe Élie, Confrérie Notre-Dame (CND) Castille.

Dans cet avis son nom a été déformé en Grouzeleau.
Roger Groizeleau vécut à Brest durant cinq mois, au 18 de la rue Bugeaud. Ce célibataire travaillait comme manœuvre à l’établissement Armor (comme Joseph Thoraval, membre du même groupe) et jouissait d’une bonne réputation dans son entourage. Il appartenait au groupe de résistance formé dès novembre 1940 par Louis-Jean Élie, entrepreneur de transports. Au patronage Saint-Martin se trouvaient beaucoup de membres du groupe Élie dont le fondateur Louis-Jean Élie avait contacté le capitaine René Drouin qui parvint à entrer en contact avec le colonel Rémy et le réseau CND Castille . En janvier 1941, Roger Groizeleau avait cherché à rejoindre l’Angleterre à partir de Roscoff en compagnie de Joseph Thoraval (lui aussi fusillé). Leur projet consistait à s’emparer de la vedette allemande affectée à la surveillance des côtes. Arrêtés au port, ils échappèrent au pire grâce à un alibi (un prétendu bal à l’île de Batz) et furent libérés le 14 février après avoir été incarcérés à la prison de Pontaniou à Brest.
En très peu de temps les actions vont s’enchaîner ; les deux marins parviennent à se faire embaucher à la poudrerie de Saint-Nicolas et en profitent pour sortir des balles. Le 28 février 1941 Roger Groizeleau participe à l’attaque de la batterie D.C.A allemande près de la rue Lazare-Carnot ; il fut aussi l’un de ceux qui tentèrent de libérer neuf internés de la prison de Pontaniou le 18 Mars 1941 vers 21 heures.
La mission du groupe Élie consistait notamment à récupérer des armes dans des cafés fréquentés par les Allemands. C’est lors d’une de ces opérations, le 28 avril 1941, que se joua le destin du groupe, lors d’une bagarre dans un café de la rue Louis-Blanc avec plusieurs soldats allemands. Si tous parvinrent à s’échapper, la Gestapo, par l’arrestation d’un suspect, mit ensuite la main sur une liste où figuraient plusieurs noms de membres du groupe Élie, qui furent arrêtés les uns après les autres. Interpellé le 19 mai 1941 à Brest par les autorités allemandes, incarcéré à Brest puis à Fresnes (Seine, Val-de-Marne) à partir du 5 juillet 1941, Roger Groizeleau fut condamné à mort le 22 novembre 1941 par le tribunal militaire allemand du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.), en dépit de l’intervention du préfet du Finistère, qui axa sa défense sur sa situation familiale périlleuse.
Roger Groizeleau a été fusillé au Mont-Valérien le 10 décembre 1941 avec dix de ses camarades : Louis-Jean Élie, Georges Bernard, Robert Busillet, René Gourvennec, Albert Muller, Roger Ogor, Joseph Prigent, François Quéméner, Louis Stephan et Joseph Thoraval.
Un service religieux célébré à Saint-Martin le 8 janvier 1942 en mémoire de ces onze membres du groupe Élie réunit plusieurs centaines de personnes.
Roger Groizeleau fut inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) le 10 décembre 1941 division 39, ligne 3, n°17.
Par une lettre du 17 décembre 1941, le maire de Brest demanda à Fernand de Brinon d’intervenir auprès des autorités allemandes pour que les corps des onze brestois fusillés le 10 décembre 1941 soient rendus aux familles. Sans succès. C’est à partir de juillet 1947 que les remises de corps s’effectuèrent. Roger Groizeleau a été réinhumé le 18 juillet 1947 à Angers (Maine-et-Loire).
Reconnu Mort pour la France par le Secrétariat général aux Anciens Combattants le 3 septembre 1945, il a été homologué agent des FFC et Interné résistant. A titre posthume, il reçut la médaille de la Résistance en 1953.
En souvenir du groupe Élie, la ville de Brest a appelé rue des 11-Martyrs l’une de ses voies qui donne sur son hôtel de ville, perpendiculairement à la rue Jean-Jaurès. Une plaque a été apposée.
Le nom de Roger Groizeleau figure sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien. Angers, sa ville natale lui a rendu hommage en attribuant son nom à une rue. Son nom figure aussi sur une stèle érigée en 2003 à Brest dans le square Rhin-Danube en hommage aux seize résistants du groupe Élie Morts pour la France, avec la mention "La ville de Brest A la mémoire de ceux qui se sont sacrifiés pour que nous puissions vivre libres - Groupe Élie : premier groupe de résistance brestoise.". On y trouve les noms des onze membres du groupe Élie fusillés le 10 décembre 1941 au Mont-Valérien, et aussi les noms de cinq membres du groupe Élie morts en déportation : Jean Caroff, Capitaine René Drouin, Yves Féroc, Jean Gouez et Hervé Roignant.
Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)
Sources

SOURCES : AVCC, Caen, B VIII 4 (Notes Thomas Pouty). — Arch. Dép. Finistère, 200 W 84 (exécutions). — Arch. mun. Brest. — Georges-Michel Thomas et Alain Le Grand, Le Finistère dans la Guerre (1939-1945), t. 1 : L’Occupation, p. 247-250. — Biger Brewalan, René-Pierre Sudre, Les fusillés du Finistère 1940-1944, master 1, Université de Bretagne occidentale, 2009-2010. — resistance-brest.net. — SHD Vincennes, GR 16P 271606. — Répertoire des fusillés du cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine. — Arch. Municipales, Quimper, fonds Alain Le Grand, 22 J 210.

Biger Brewalan, Annie Pennetier, René-Pierre Sudre

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