Né le 20 août 1891 à Varsovie (Pologne), fusillé comme otage le 16 septembre 1941 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; hôtelier.

Fils d’Isaac et de Baldina, née Bala, Chil Opal vint en France en 1922 et fit l’acquisition d’un immeuble 19 rue Tronchet en avril 1923. Il créa et ouvrit dans ce lieu un hôtel en avril 1924 sous l’enseigne « Hôtel Opal ». Il obtint sa naturalisation française le 13 décembre 1927 sous le No 20178 X 27.
Il écrivit le 11 mars 1941 au préfet de police sur papier à en-tête de son établissement,où il sollicitait « une attestation certifiant » qu’il ne s’était « jamais occupé de politique ou d’action corporative ». Sa démarche n’était pas fortuite, l’aryanisation spoliation des biens juifs était enclenchée. Dès juillet 1940, Raphaël Alibert, le ministre de la justice du gouvernement de Vichy, avait créé une commission de révision des 500 000 naturalisations depuis 1927.
Arrêté par la police française à une date inconnue, Chil Opal fut interné au camp de Drancy (Seine, Seine-Saint-Denis) réservé aux Juifs, puis transféré à la prison de Fresnes (Seine, Val-de-Marne). Le 30 août 1941, un administrateur provisoire fut nommé par le Commissariat général aux questions juives (CGQJ) pour prendre possession de son hôtel.
Les militaires allemands firent l’objet de plusieurs actions de la Résistance à Paris début septembre 1941. Le 6 vers 4 h 30 du matin des sentinelles allemandes de faction devant la propriété d’un collaborateur dans le XVIe arrondissement essuyèrent des coups de feu. Le même jour, vers 23 h 30 l’adjudant Hoffmann fut pris pour cible, rue Fontaine (XVIe arr.). À la même heure, boulevard Bonne-Nouvelle (Xe arr.), Ehwin Gerstner reçut plusieurs coups de poing au visage. Au moment où il prenait son billet à la station Porte Dauphine (XVIe arr.), le matelot Denecke fut blessé d’une balle à la cuisse le 10 vers 19 h 15. Enfin, le 11 sur les Champs-Élysées (VIIIe arr.) le trésorier général Knop reçut un coup de matraque sur la tête.
Les autorités d’occupation décidèrent de fusiller en représailles dix otages le 16 septembre 1941 au Mont-Valérien. Chil Opal, cinquante ans, fut passé par les armes à 8 h 30 en compagnie de : Lucien Matheron, vingt et un ans, René Joly quarante et un ans, Lucien Clément vingt-neuf ans, Albert Gokelaere vingt-six ans, Jules Bonnin vingt-quatre ans, David Liberman dix-neuf ans, Isaïe Bernheim soixante-douze ans, Henri Bekerman vingt et un ans et Léon Blum soixante-deux ans.
Le lendemain, un Avis signé du général Von Stülpnagel fut placardé sur les murs de Paris avec les noms des dix otages "fusillés par mesures de répression contre des agressions commises à Paris contre des membres de l’Armée allemande". Le journal collaborationniste Le Matin publia la reproduction du placard allemand à la une ; le texte du quotidien soulignait qu’il y avait « dix communistes dont cinq juifs de fusillés », reprenant ainsi à son compte la théorie nazie du soi-disant complot « Judéo-Bolchévique » responsable de la guerre. La rédaction du journal appelait la population à dénoncer les auteurs des attentats qualifiés de « criminels ».
Chil Opal fut inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) le 16 septembre 1941 division 39, ligne 4, n°15 ; il fut transféré à Bagneux (Seine, Hauts-de-Seine) le 27 juin 1945.
La mise à mort de Chil Opal, qualifié de « Juif communiste », visait à permettre la spoliation de ses biens. Le notaire du défunt demanda à vérifier la légalité de la nomination de l’administrateur provisoire de l’hôtel. Le 22 avril 1942, Kurt Blanke, officier du MBF (commandement militaire pour la France) répondit au notaire que la nomination autorisait l’administrateur à « disposer des biens ». En conclusion, il écrivit que la « réalisation rapide de la vente semble s’imposer d’autant plus que l’acquéreur a vendu sa propre entreprise ».
Le nom de Chil Opal figure sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien. La mention Mort pour la France lui fut attribuée par l’ONAC de Caen le 9 mars 2012.
Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)
Sources

SOURCES : Arch. PPo. 1W 0182. — DAVCC, Caen, B VIII dossier 2 (Notes Thomas Pouty). — Dominique Rémy, Les lois de Vichy, Romillat, 1992. — S. Klarsfeld, Le livre des otages, op. cit.Le Matin, 17 septembre 1941. — Site Internet Mémoire des Hommes. — Site Internet CDJC CIV-77, XXIX-118, XXX-61. — MémorialGenWeb. — Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry.

Daniel Grason

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