Né le 30 juillet 1913 à Châteaubriant (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), fusillé comme otage le 21 septembre 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; forgeron-ajusteur ; militant communiste, secrétaire régional du Parti communiste du Calvados ; résistant.

Fiche de Roger Bastion à Romainville
Fiche de Roger Bastion à Romainville
DAVCC référence AC - 21P 421 920
Fourni par Martine Reby-Hinard
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la famille de Roger Bastion vint se fixer à Caen (Calvados) où son père, Victor, avait été affecté au dépôt de la SNCF. Sa mère s’appelait Marie, Blanche Victorine née Armenier, "ménagère". Roger Bastion exerça d’abord la profession de forgeron aux hauts fourneaux de la Société Métallurgique de Normandie où il se lia d’amitié avec un vieux militant anarchiste, le « père Romain », qui assura sa formation militante. Dans les années 1930, il fréquenta assidûment les réunions politiques et adhéra aux Jeunesses communistes le 17 janvier 1934. Autodidacte, Roger Bastion lisait énormément. Selon tous ceux qui l’ont approché, c’était un homme calme et pondéré, d’une intelligence vive, cherchant toujours à convaincre plutôt qu’à imposer ses idées.
Membre du Secours rouge et du Comité antifasciste local, il fut d’abord secrétaire de la section de Caen du Parti communiste, puis devint secrétaire fédéral en décembre 1938, en remplacement de Marguerite Buffard, professeure de philosophie au lycée Malherbe, déplacée par le gouvernement à la suite de sa participation à la grève du 30 novembre.
En septembre 1939, alors que Roger Bastion venait de rejoindre son régiment à Meaux (Seine-et-Marne), une perquisition – infructueuse – eut lieu à son domicile caennais. Il fut démobilisé en août 1940 et dès l’automne – bien qu’étroitement surveillé par la police –, il participa à la reconstitution clandestine du Parti communiste dans le Calvados, aux côtés d’André Lenormand, de Dives-sur-mer, et de René Plantagenest, ancien secrétaire départemental du Secours rouge. Parallèlement, il renoua les contacts avec ses anciens camarades des Jeunesses communistes et forma un petit groupe spécialement chargé de distribuer des tracts provenant de Rouen. Celui-ci fut démantelé par la police de Caen à la fin du mois de janvier 1941. Appréhendé lui-même, Roger Bastion fut relâché quelques semaines plus tard, faute de preuves. Il travailla quelque temps aux chantiers navals de Blainville-sur-Orne (Calvados) tout en continuant ses activités politiques dans des conditions de plus en plus périlleuses.
Dans les jours qui suivirent l’invasion de l’URSS par les armées hitlériennes, la police multiplia les perquisitions et les arrestations de militants communistes dans le Calvados. Pour y échapper, Roger Bastion entra alors dans une clandestinité totale, assurant quelques mois encore ses responsabilités dans le Calvados. Vers la fin de l’année 1941, il fut désigné pour diriger la Résistance communiste dans le département voisin de la Manche, en remplacement d’André Defrance, lui-même envoyé dans l’Oise.
Domicilié 33 rue d’Auge à Caen, Roger Bastion fut arrêté par la police judiciaire de Paris le 18 février 1942 en gare de Cherbourg (Manche), dans le cadre de l’affaire Pican-Cadras, en même temps que plusieurs autres dirigeants communistes clandestins de Basse-Normandie, tels Achille et Jules Mesnil, Henry Messager et Louis Canton, qui lui avait succédé dans le Calvados. Transféré au fort de Romainville le 24 août 1942, condamné à mort par un tribunal allemand, Bastion a été fusillé le 21 septembre 1942 au Mont-Valérien. Il figurait parmi les 46 otages exécutés ce jour-là sur ordre du Militärbefehlshaber in Frankreich, à la suite d’attentats perpétrés contre des soldats allemands dans la région parisienne. Il était célibataire.
Il fut déclaré Mort pour la France le 19 juin 1946.
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Calvados, M. 11 666, 11 675. – Arch. Dép. Loire-Atlantique, 305 J. — Serge Klarsfeld, Le livre des otages, Paris, Éditeurs français réunis, 1979. – Marcel Leclerc, La Résistance dans la Manche, Cherbourg, Éd. La Dépêche, 1980. – Bertrand Hamelin, Le Parti communiste dans le Calvados, des origines à 1946, mémoire de maîtrise, université de Caen, 1994. – Témoignages d’André Montagne et Louis Kerzhero. – Dossiers du secrétariat d’État aux Anciens Combattants et Victimes de guerre (Val-de-Fontenay). — État civil de Suresnes et de Châteaubriant.

Jean Quellien

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