SONES Lucien

Fils d’Eugénie Denis, employée de commerce, Lucien Sones fut reconnu par sa mère le 19 décembre 1920 et par son père le 11 août 1930. Demeurant à Houilles (Seine-et-Oise, Yvelines), il fit l’objet d’une enquête de la police française pour « vol et recel de nourriture ». Lors de la perquisition, les policiers découvrirent de la nourriture, un pistolet automatique et seize cartouches. La police allemande, informée, se chargea de la suite de l’enquête. Dans les papiers personnels de Lucien Sones figurait l’adresse personnelle de ses parents, en Grande-Bretagne (son père était de nationalité britannique). Les Allemands suspectèrent certainement Lucien Sones d’espionnage, car lorsque la tante de Lucien Sones demanda aux autorités allemandes la restitution de son corps, la réponse fut : « Le corps d’un espion n’est pas restitué à [sa] famille. » .
Lucien Sones comparut le 16 décembre 1941 devant le tribunal de la Feldkommandantur 758 de Saint-Cloud (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine) et fut condamné à mort pour « détention d’armes ». Le 8 janvier 1942, il fut passé par les armes au Mont-Valérien.
Lucien Sones fut inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) le 8 janvier 1942 division 39, ligne 3, n°40. Après la Libération, ses parents localisèrent son corps qui fut transféré le 31 mai 1945 à Houilles.
Le 13 janvier 1942 Le Courrier de Seine-et-Oise publia un Avis qui annonçait les exécutions de Lucien Sones, Georges Edde et Paul Gontier ; ces deux derniers, domiciliés en Seine-Inférieure (Seine-Maritime) furent condamnés à mort pour détention d’armes le 23 décembre 1941 par le tribunal militaire allemand siégeant à Rouen (FK 517) et ils furent passés par les armes ensemble le 2 janvier 1942 au stand de tir du Madrillet, Grand-Quevilly (Seine-Inférieure, Seine-Maritime).
Lucien Sones fut déclaré Mort pour la France par le Secrétariat général aux Anciens Combattants le 18 juin 1945. Son nom figure sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien.

Dernière lettre retrouvée début 2020 dans le cadre d’une succession.

Paris, 8 janvier 1942

Petite Tante et Grand’mère Chérie

Je me trouve quelques heures avant la mort. Je viens d’avoir la visite d’un prêtre Allemand, il m’a bien remonté le moral, mais le résultat n’est pas changé, je dois mourir, il est dur de partir ainsi sans même vous avoir embrassé, vous qui avez été si bons pour moi.

Je ne suis pas un bandit. J’avais un revolver qui ne marchait même pas, enfin la loi veut que je meurs.

Je ne vous demande qu’une seule chose, faire revenir mon corps à Houilles avec celui de mon oncle.

Je sais qu’il est dur aussi pour vous d’apprendre cette chose atroce, enfin maintenant il est trop tard, je dois mourir, et avec courage. C’est aujourd’hui jour de ma fête [Saint- Lucien] cela (.........une ligne illisible, plis.........cours.............) je suis déjà bien servi. Je vous quitte Chère Tante, et Grand’Mère en vous souhaitant bonne chance à Tous. Embrassez bien Robert à son retour d’Allemagne, Georgette, le Petit Raymond, Jacqueline qui ne m’a jamais l’oublier, Georges et Odette Cormoli et toute la famille. Ma Tante Juliette je pense à vous tous avant ma mort. Adieu. Bonne chance à Tous

Lulu

(Je serais heureux près de mon Oncle)

Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)