Né le 30 décembre 1916 à Haguenau (Basse-Alsace annexée), fusillé le 24 mars 1944 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) ; instituteur dans le Bas-Rhin, puis le Puy-de-Dôme ; syndicaliste SNI ; résistant, secrétaire général du Mouvement national de Résistance Les Ardents.

Alfred Klein était instituteur à Haguenau avant la guerre, syndicaliste SNI. Célibataire, il fut mobilisé en 1939. Fait prisonnier en 1940, ayant probablement refusé le rapatriement en Alsace annexée de fait comme Volksdeutscher (Allemand ethnique), il réussit à s’évader et se réfugia en Auvergne.
Il fut nommé instituteur à l’école Jules-Ferry de Chamalières (Puy-de-Dôme) dans la banlieue de Clermont-Ferrand. Il habitait 44 avenue de Royat à Chamalières. Il s’inscrivit comme étudiant à la faculté de droit de Strasbourg repliée. Dès janvier 1941, il entra en Résistance en adhérant au mouvement « Les Ardents » fondé par le général Roger Lazard dit « François », dont il devint le secrétaire général et qu’il organisa en sizaines ou en carrés. Il opéra des liaisons avec les autres mouvements du département en vue d’actions communes. Il camoufla des armes, aida aux évasions de prisonniers de guerre, confectionna des faux papiers. En 1943, il participa à l’organisation du maquis des Ardents à Ceyssat (Puy-de-Dôme). Klein fut surtout un agent de renseignement précieux qui désigna les installations stratégiques à détruire par les bombardements alliés, en particulier l’aérodrome d’Aulnat (Puy-de-Dôme), attaqué avec succès dans la nuit du 10 au 11 mars 1944 par la Royal Air Force, et l’Arsenal des Gravanches à Clermont. Il contrôla, à Royat (Puy-de-Dôme), une école de sabotage et d’utilisation du plastic particulièrement destinée aux sous-officiers. Il était également chargé des liaisons avec l’armée, le clergé et les étudiants de la Faculté de Strasbourg rapatriée à Clermont-Ferrand. Plus spécialement, aidé par Madame Populus, de Clermont-Ferrand, Alfred Klein parvint à faire évader un grand nombre de prisonniers, dont beaucoup étaient Alsaciens et Lorrains.
Dénoncé (il grava les noms des mouchards sur le mur de sa cellule no 46 à la prison du « 92 »), il fut arrêté dans sa classe par la police allemande (Sipo-SD) le 15 janvier 1944, le même jour que son cousin Rodolphe Rischmann. Il aurait été dénoncé par une femme de Maringues.
Le SD venait de découvrir, au cours d’une perquisition, dans sa chambre, des plans du camp d’aviation d’Aulnat accompagnés de renseignements recueillis auprès d’un maréchal des logis en congé d’armistice et employé à l’aérodrome : Rodolphe Rischmann, cousin germain d’Alfred Klein.
Torturé, il ne parla pas. Il fut interné à la prison militaire du 92e Régiment d’infanterie à Clermont-Ferrand.
Condamné à mort par le tribunal du commandement militaire France-Sud de Lyon, déplacé à Clermont-Ferrand, le 14 mars 1944 en même temps que Rodolphe Rischmann et Isidore Despradelle, il a été fusillé ainsi que ses compagnons le 24 mars 1944. Les obsèques solennelles d’Alfred Klein furent célébrées le 6 octobre 1944 à l’église de Chamalières, puis au cimetière où parlèrent le directeur de son école, le secrétaire général départemental du SNI, l’inspecteur primaire et le général « François ». Il obtint la Médaille de la Résistance. Une plaque apposée à l’école Jules-Ferry rappelle son souvenir à Chamalières depuis mai 2002.
Extrait de sa dernière lettre à sa famille : « La France, ma chère patrie, se relèvera et l’étendard de la Liberté et du droit des gens flottera bien haut. Une vraie communauté franco-allemande se fera jour qui servira à établir une paix éternelle. Que le sacrifice de notre vie profite à cet idéal. Ce sera notre meilleure récompense. »
Extrait de sa dernière lettre à son directeur d’école, M. Genestine et à ses collèges : « Je vais être fusillé à 6 heures. Je voudrais que mon souvenir reste à l’école. Donnez le dernier adieu à mes élèves et dites-leur en mon nom de bien travailler pour devenir des hommes de caractère et de bons Français. Adieu mes amis, je meurs la conscience tranquille et avec la certitude qu’il y aura une justice.
Vive notre belle France. »
"Fais en sorte", écrivait-il de sa prison, à sa cousine Madame Rischmann, que les enfants "n’oublient jamais notre sacrifice et notre mort et qu’ils n’en n’aient pas honte mais qu’ils soient fiers ; car nous serons morts, la tête haute, la conscience tranquille, en bon Français et surtout en très grands Français (Karacternenschen) qui n’ont pas peur d’afficher leurs réels sentiments... Priez pour nous...".
Sources

SOURCES : AVCC, Caen, 72 BVIII (Notes Thomas Pouty). – AVCC Caen, AC 21 P 469 176, dossier Alfred Klein (nc). — SHD Vincennes, GR 16 P 320610, dossier résistant Alfred Klein (nc). — Arch. Dép. Du Puy-de-Dôme, 908 W 496 : liste des fusillés, des massacrés dans la région du Puy-de-Dôme, 1er mars 1945 .— Arch. dép. du Puy-de-Dôme : crimes de guerre, dossier Bisenius alias Dubois .— Alfred Klein, document dactylographié, 2 pages (archives Roger Tounzé). — La Nation, Clermont-Ferrand, 7-8 octobre 1944. – Bulletin du SNI du Bas-Rhin, novembre-décembre 1945. – Eugène Martres, Les archives parlent : Auvergne, Bourbonnais 1940-1945, p. 211. – Gilles Lévy, Francis Cordet, À nous, Auvergne ! La vérité sur la résistance en Auvergne 1940-1944, Paris, 1974, p. 155, 188. – Les institutrices et les Instituteurs du Puy-de-Dôme en hommage à leurs Collègues “Morts pour la France” : Guerre de 1939-1945, 8 p. — Chamalières Magazine, juin 2002 – http://www.memoresist.org, http://premiumwanadoo.com/lesardent – Souvenirs et archives de Pierre Wolff de Wolfisheim (Bas-Rhin), son élève à Chamalières. — Compléments par Eric Panthou.

Léon Strauss

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