Né le 25 octobre 1905 à Nuremberg (Bavière, Allemagne), exécuté le 29 mai 1944 à Badaroux (Lozère) ; ouvrier du bâtiment ; militant du KPD (Parti communiste d’Allemagne) ; résistant AS (brigade MOI Montaigne puis maquis Bir Hakeim).

Max Frank, mort à Badaroux (Lozère)
Max Frank, mort à Badaroux (Lozère)
Extrait du livre d’Éveline & Yvan Brès, op. cit.,1987, HT, à côté de la p. 250
Ouvrier du bâtiment, Max Frank était militant du PC allemand. Richard Hilgert raconte : "Au mois d’août [1942] nous étions tous en règle en tant que protestants, grâce aux papiers que nous avait fournis le pasteur Brée. Seul Max Frank n’avait pu bénéficier de tels documents, car il s’était déclaré catholique. Or, le vicaire de Nîmes, auquel Luise Kraushaar alla parler en sa faveur, refusa de le couvrir [...] D’où le risque pour lui d’être déporté en Allemagne par l’administration du camp de Beaucaire. Aussi alla-t-il se cacher des semaines durant dans une grotte près de Cassis où il fut approvisionné tant bien que mal par Tünnes dit "Frisé" qui travaillait chez un paysan du coin. Mais la situation devint dangereuse car la grotte était visitée par les touristes. Max revint donc du côté de Nîmes où il creva littéralement de faim. Un jour [...] je l’aperçus qui déambulait et le conduisis chez Franz Blume et Luise Kraushaar." Il fut alors recueilli chez ces deux camarades, en situation illégale faute d’avoir obtenu un certificat d’aryenneté. Il réussit cependant à se faire embaucher à la mine de Rochebelle où travaillaient comme mineurs de fond des Allemands affectés au 805e GTE (groupement de travailleurs étrangers).
Après l’invasion de la zone non occupée par les troupes allemandes, la direction du Parti communiste allemand donna la consigne de se mettre à l’abri et de maintenir les groupes existants. Max Frank et ses camarades se réfugièrent à Pénens, commune de Saint-Frézal-de-Ventalon (Lozère), puis ils partirent dans la Drôme, à Poët-en-Percip où ils produisaient du charbon de bois.
Max Frank rejoignit, en mars 1944, le maquis AS (de la brigade Montaigne-MOI Mouvement ouvrier internationaliste en Cévennes et dirigé par l’ex militant du PC exclu pour trotskisme, François Rouan (issu du mouvement Combat), au Galabertès (commune de Saint-Etienne Vallée-Française, Lozère). Lors des combats du 12 avril, autour de la Picharlerie et du Galabartès, dans la Vallée Française (Lozère), Max Frank faisait partie du groupe composé de six Allemands dont Willi Nett et Hermann Mayer, deux Français dont François Rouan dit Montaigne, un Polonais, Kazimierz et un Yougoslave, Yosip. Leur décrochage, relaté par Hermann Mayer, fut possible notamment "grâce aux coups de feu bien ajustés de Max Frank [...qui créent] le désarroi chez l’ennemi". Il ne réussit cependant pas à rejoindre de suite Fontmort. Dissocié du groupe, "ayant tourné en rond [...] dans le secteur encerclé", Paul Hartmann et Martin Kalb le découvrirent tout à fait par hasard, caché dans une grange, trois jours après le retrait des troupes allemandes.
Du château de Fons, le 8 mai, Max Frank et ses camarades allemands Alfred Bucher, Max Dankner, Johann,Karl Heinz, Karl Klausing, Anton Lindner et Albert Stierwald, partirent avec Jean Capel, commandant Barot, et le maquis Bir Hakeim (AS) dans l’Hérault pour réceptionner un parachutage. Il fut désigné par Otto Kühne pour être le responsable politique du groupe d’étrangers.
Au retour, Bir Hakeim se réfugia sur l’Aigoual. Dès le 22 mai, Otto Kühne demanda aux étrangers, et notamment à Max Frank, de le rejoindre à La Baraque. Le retard pris pour exécuter cet ordre leur fut fatal. Dans la nuit du 25 au 26 mai, le maquis Bir Hakeim évacua le Grand Hôtel du Fangas (près du Mont Aigoual) menacé par une attaque des GMR et de la Milice. Il rejoignit à pied la Borie près de La Parade (commune de Hures-la-Parade, Lozère) sur le Causse Méjean.
Le 28 mai 1944, le hameau de La Borie (Voir La Parade (commune de Hures-La Parade) fut attaqué par les troupes d’Occupation. Max Dankner, rescapé, nota dans son récit du combat : "Dans l’après-midi, vers trois heures et demie, on frappa soudain violemment à la porte de la grange. Nous ouvrîmes et Max Frank se précipita à l’intérieur, couvert de sueur et de sang, blessé à la poitrine par une balle qui n’avait fait pourtant que l’effleurer. Il nous rapporta qu’il se trouvait avec quelques camarades dans le château, sur le bord de la route. Un officier allemand leur avait enjoint de cesser le combat à 16 heures. Il leur avait donné sa parole d’officier allemand que tous les maquisards seraient traités comme des prisonniers de guerre. Si nous continuions à combattre, il mettrait le feu à tout le village en déclenchant un tir d’artillerie. [...] Max Frank saignait abondamment et ne disait plus rien. Complètement épuisé, il se traîna hors de la grange".
Parmi les étrangers, l’Autrichien Karl Trinka, les Allemands Anton Lindner, Johann Karl Heinz et Alfred Bucher furent tués. Blessé, Max Frank fit partie des maquisards qui se rendirent, faisant confiance à la parole donnée. Il fut parmi les 27 conduits à Mende et livrés à la police allemande. Il fut fusillé avec ses camarades, le lundi 29 mai 1944, dans le ravin de La Tourette près de Badaroux.
Son nom figure : sur le monument érigé à Mourèze (Hérault) en l’honneur des membres du maquis Bir Hakeim morts au combat ou fusillés ; à la Parade (commune de Hures-la-Parade) où figurent le nom des membres du maquis Bir Hakeim morts lors du combat de la Parade ou des suites de celui-ci et les fusillés sommaires de Badaroux.
 
Voir Ravin de la Tourette (Badaroux, Lozère), 29 mai 1944]
Sources

SOURCES : Éveline &Yvan Brès, Un maquis d’antifascistes allemands en France (1942-1944), Montpellier, Les Presses du Languedoc / Max Chaleil Editeur, 1987, 350 p. [Les auteurs ont utilisé des archives allemandes (RDA) et des ouvrages édités en RDA relatant l’action des antifascistes allemands dans le Gard et en Lozère (groupe Veylet (AS), maquis AS "Montaigne" et Bir Hakeim, FTPF-MOI)]. — L’Association Départementale des Anciens de la Résistance, La Résistance en Lozère, CD-ROM, AERI, 2006. — Notes d’André Balent.

Jean-Pierre Besse

Version imprimable