Né le 3 août 1917 à Nogent-sur-Oise (Oise), fusillé comme otage le 7 mars 1942 à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) ; menuisier ; militant communiste de Bondy (Seine, Seine-Saint-Denis).

Fils d’Albert Douvillez, ajusteur, et d’Angèle Bonnardel, Robert Douvillez fut déclaré par son père en mairie, sa mère le reconnut en mairie de Bondy (Seine, Seine-Saint-Denis). Célibataire, il vivait 55 avenue Galliéni à Bondy. Membre de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), il adhéra à la Jeunesse communiste de France en 1936 et en fut le secrétaire local en 1938. Menuisier, il travaillait chez Humbert et Rossignol dans la localité.
Le dimanche 4 août 1940, il distribuait L’Avant-Garde no 16 de juillet 1940 sur le marché Galliéni de Bondy en compagnie de quatre jeunes communistes de la localité. Le tract ronéoté portait en manchette « Gloire à la jeunesse Soviétique ». Un marchand de fruits et légumes alerta la police. Il fut arrêté par des policiers du commissariat de Noisy-le-Sec ou par les gendarmes, ainsi qu’Henri Guenet, dix-huit ans, soudeur ; Désiré Bertieau, dix-sept ans, fraiseur ; Marcel Moroy, dix-neuf ans, manœuvre et Robert Massiquat, vingt ans, mouleur.
Inculpé d’infraction au décret du 26 septembre 1940, il fut emprisonné à la Santé à Paris XIIIe arr. La cour d’appel de Paris le condamna le 9 avril 1941 à dix mois de prison. Incarcéré à Fresnes (Seine, Val-de-Marne), à l’expiration de sa peine, maintenu en détention administrative, il fut transféré au camp de Choisel à Châteaubriant (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique).
Le dimanche 1er mars 1942 vers 9 h 30, une sentinelle allemande postée devant le groupe scolaire du 41 rue de Tanger (XIXe arr.) fut tuée par Karl Schœnharr, jeune de l’Organisation spéciale (OS). L’école servait de lieu de cantonnement à des soldats allemands. Un autre membre de l’OS déposa un engin qui n’explosa pas. D’autres membres assuraient la protection, le repli se déroula sans problème. Le lendemain un « Avis » paraissait dans Le Matin qui donnait le signalement du tireur et le numéro de téléphone des Renseignements généraux.
En représailles à cet attentat, les Allemands décidèrent de fusiller des otages : Gaston Huart du XVIIIe arrondissement, Roger Jurquet et Roland Martin, tous les deux membres des Jeunesses communistes de Montreuil-sous-Bois ont été fusillés le 7 mars 1942 à Biard (Vienne). Le même jour, Jean-Baptiste Rechossière, Pierre Rigaud et Corentin Cariou furent passés par les armes à Carlepont (Oise).
Quant à Robert Douvillez, il fut passé par les armes à Nantes avec Armand Feldmann. Dans sa dernière lettre, Robert Douvillez écrivit : « Fait à Nantes, le 7 mars 1942 à une heure de l’après-midi. » et annonçait son exécution pour le jour même à 4 heures de l’après-midi. Les archives de la DAVCC indiquent par erreur Châteaubriant comme lieu d’exécution.Le maire de Notre-Dame-des-Landes, commune situé à 18 km de Nantes, témoigna le 4 novembre 1944 que deux inconnus avaient été inhumés dans le cimetière de sa commune début mars 1942. Le 11 décembre 1944, l’interprète de la préfecture Edmond Duméril écrivit que dans les archives du Camp de Choisel à la Kreiskommandantur de Châteaubriant, à la date du 7 mars 1942, se trouve l’ordre de livrer à la Felgendarmerie Armand Feldmann et Robert Douvillez et que le Ministère des prisonniers, déportés, et réfugiés en date du 5 décembre 1944 certifie la fusillade de M.M. Douvillez et Feldmann le 7 mars 1942 en représailles d’un attentat commis à Paris.
Le nom de Robert Douvillez figure sur le monument aux morts de Bondy, le conseil municipal donna son nom à une rue de la ville.
Dernière lettre
Nantes, le 7 mars 1942
Chère Mère,
Quand tu recevras cette lettre, j’aurai cessé de vivre.
J’ai été condamné à mort ce matin pour l’attentat de Paris ; je serai fusillé à 4 heures de l’après-midi.
Je pense, ma petite mère que cela va être un rude coup pour toi. J’en ai un triste chagrin pour toi-même. Je pense à toi ainsi qu’à mes 2 soeurs que j’aimais tendrement.
Oui, je vais mourir en pensant à vous, vous que j’ai aimé et que j’aurais voulu revoir ; mais le destin est là. Je vais tâcher de mourir bravement, attaché au poteau. Je penserai à vous et je mourrai avec vos photos dans les yeux.
Ne me regrettez pas trop, car il faut mourir un jour ou l’autre ; ce qui est sur la terre doit disparaître un jour ou l’autre.
Mon destin, ma pensée ne vous quittent pas d’une minute ; et ma dernière heure sera encore pour vous tous.
Enfin, espérons pour vous une vie meilleure. Je vous le souhaite de tout coeur.
Yvette, elle sait voir la vie. Toi, ma chère petite mère, tu sais que tout ce qui est sur terre doit disparaître.
J’aurais voulu te soutenir dans ta vieillesse ; j’espère que tes filles sauront le faire comme je l’aurais fait moi-même.
Et surtout, surtout, ma chère petite mère, soit courageuse autant que je le suis en ce moment où je vais mourir et j’espère être très courageux.
Oui, je vais mourir bravement ; je vais quitter cette terre et j’espère que la jeune génération qui s’élève reprendra le flambeau qui s’est échappé de mes mains, ouvertes par la mort.
Ton fils et votre frère qui vous dit ADIEU pour toujours, oui.
Fait à Nantes, le 7 Mars 1942, à 1 heure de l’après-midi.
Robert
Sources

SOURCES : Arch. PPo., BA 1752, 77W 1734. – DAVCC, Caen, B VIII dossier 3 (Notes Thomas Pouty). – Arch.dép. Loire-Atlantique affaire Feldmann/Douvillez,pièce 16.507 D communiquée par Jean Chauvin, avril 2018.— Le Matin, 2 mars 1942. – Jean-Pierre Sauvage, Xavier Trochu, Mémorial des victimes de la persécution allemande en Loire-inférieure 1940-1945, 2001. — Vincent Duguet, Des Bondynois dans la Résistance, s.d. – Mémorial GenWeb. – Jean Bourgeon, Journal d’un honnête homme pendant l’occupation, Thonon-les-Bains, L’Albaron, 1990. — Notes de Carlos Fernandez. — Brochure de l’Amicale de Châteaubriant-Voves, 1954. — État civil, Nogent-sur-Oise. —

Daniel Grason, Annie Pennetier

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