Né le 24 avril 1922 à Brétignolles-le-Moulin (Mayenne), fusillé le 11 mai 1944 à La Barre-de-Semilly (Manche) ; étudiant en pharmacie ; résistant au sein des FTPF.

Jean Turmeau
Jean Turmeau
Michel Desrues, Magali Even, Mémorial de la Mayenne 1940-1945. Fusillés, massacrés morts aux combats de la Libération, Direction départementale de l’ONACVG de la Mayenne, 2001
Le père de Jean Turmeau était percepteur à Javron (Mayenne) et sa mère directrice d’école. Jean Turmeau fut étudiant en pharmacie à Quimperlé (Finistère) puis à Brest.
Au mois de mars 1942, il participa au sabotage de la centrale électrique du port commercial de Brest. Il fut l’adjoint au commandant des Francs-tireurs et partisans (FTP) Louis Pétri, commandant « Tanguy », pour l’Ille-et-Vilaine et la Mayenne du mois de juin au mois de septembre 1943.
Arrêté le 3 ou le 4 septembre 1943 par la 13e brigade mobile, il s’évada à Rennes (Ille-et-Vilaine) et se réfugia à Laval (Mayenne). Il devint alors responsable départemental des FTP dans la Manche à partir du 2 novembre 1943, avec René Berjon (« Émile ») et Léon Pinel (« Jules »), sous le pseudonyme d’« Alfred ». Il était commandant aux opérations militaires. Il disposait d’une cachette chez une marchande de chaussures d’Avranches (Mme Jehan) et chez une restauratrice de Sainte-Pience (Mme Chenu).
Il se rendit fin janvier 1944 à Cherbourg. En mission à Flers (Orne) pour rencontrer un interrégional, Jean Turmeau fut arrêté le 2 février 1944 par la police française de Rouen et les Renseignements généraux. Remis aux Allemands, torturé, il fut interné à Alençon jusqu’au 22 février 1944, puis transféré à Saint-Lô (Manche). Il fut condamné à mort par le tribunal militaire allemand de Saint-Lô (FK 722) le 10 mai 1944 et fusillé le lendemain à La Barre-de-Semilly au champ de tir de Saint-Lô. Les Allemands ignoraient son identité et l’exécutèrent sous le nom d’Alfred Ottino. Il avait passé sa dernière nuit à chanter des refrains patriotiques.
Il existe une rue Jean-Turmeau à Rennes et une école maternelle à son nom à Douarnenez (Finistère), où il est enterré.
Reconnu Mort pour la France, il fut homologue Interné résistant (DIR), membre des FFI.
Dernière lettre rédigée sur une feuille arrachée d’un cahier de petit format (165 x 22 mm) sur laquelle il a écrit, au crayon de bois
 
Ma chère maman, mon cher papa et chère petite Jeannine,
C’est une bien triste lettre que je vous envoie là. Il en effet fort probable que lorsque vous la recevrez je ne serai plus. J’ai en effet à la suite de mon arrestation par la Police Mobile de Rouen, à Flers été remis aux autorités allemandes à Flers, Alençon puis ici à Saint-Lô où je viens d’être condamné à mort à la suite de mon activité. La mort ne me fait pas peur, je l’avais un peu prévue, j’irai à elle la tête haute, en vrai Français qui sait pour quoi il a combattu. Ce n’est pas cela qui me fait de la peine, c’est de vous laisser là sans vous avoir revus ; c’est de penser à tous les soucis que j’ai été pour vous durant ces 21 ans là, à tout le mal que je vous ai donné et que c’est justement au moment où je pouvais espérer vous le payer qu’il me faut y renoncer ainsi qu’à tout le reste sur terre.
Enfin je ne me plains pas, j’ai eu une belle jeunesse, agréable, aisée, exempte de soucis. J’en ai bien
[2e page] profité. J’ai joui des plaisirs à volonté, la vie a toujours été assez clémente pour moi et je n’ai jamais eu ce que l’on peut appeler vraiment du mal. Aussi je vous en rends grâce de tout mon cœur, de toute mon âme. Comme je voudrais vous le dire, vous le prouver, vous embrasser, vous prendre sur ma poitrine, vous dire enfin tout ce que vous avez été pour moi et que mon caractère malheureusement peu expressif me prêtait peu à épencher (sic).
Ma petite Jeannine tâches de me remplacer auprès de Papa et Maman et aides les le plus possible toutes les fois qu’il le sera nécessaire. Je te donne ma bague que tu porteras et ma ceinture si je peux l’avoir. Ils te rappelleront ton frère et pourquoi il est mort et que tu dois toujours faire comme s’il était là en le remplaçant près de papa et maman. Vous donnerez mes adieux à toute la famille, j’en écrit pas plus ici faute de place. Pour mes affaires vous en disposerez que vous voudrez. Pour le reste mes camarades de prison vous donneront des détails. Vous irez voir Mme Jehan que vous embrasserez pour moi et vous ferez également mes adieux à Marie Louise.
P.S. : Je veux que rien dans la toilette marque ma fin.
Je vous embrasse de toute mon âme, de toute ma force mille fois. Je penserai à vous jusqu’à la fin.
Votre fils Jean.
Sources

SOURCES : AVCC, Caen (Notes Thomas Pouty), 21 P 684903. – SHD Vincennes, GR 16 P 580318. — Michel Desrues, Magali Even, Mémorial de la Mayenne 1940-1945. Fusillés, massacrés morts aux combats de la Libération, Direction départementale de l’ONACVG de la Mayenne, 2001, photographie de Jean Turmeau p. 115. – André Debon, Louis Pinson, La Résistance dans le bocage normand, Éd. Tirésias, 1994, photographie de Jean Turmeau, p. 168. — Site de Sébatien-Philippe Laurens.

Jean-Pierre Besse, Delphine Leneveu

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