Né le 2 avril 1922 à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), fusillé le 29 janvier 1943 au terrain du Bêle à Nantes ; manœuvre ; militant communiste ; membre de l’Organisation spéciale (OS) ; Procès des 42.

Fils de Joseph Guinoiseau et de Marie Rialland ouvrière agricole, André Guinoiseau, célibataire, vivait 59 rue Aristide Briand à Rezé (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) avec sa mère veuve, suspectée d’idées communistes.
Sous l’Occupation, il travailla comme manœuvre dans différents chantiers du camp de Château-Bougon (de juin 1941 à juin 1942, au moins), son acte de décès indique plombier. Militant communiste de Rezé depuis l’avant-guerre, il fit l’objet de la surveillance de la police nantaise dès 1941.
À la suite d’une dénonciation, son domicile fut perquisitionné le 22 octobre 1941 sans que la police trouve trace d’une quelconque activité politique ou subversive.
Il devint rapidement membre du groupe de l’OS de la région nantaise dirigé par son ami Maurice Lagathu. Il participa ainsi au sabotage de la ligne téléphonique de Pornic au mois de décembre 1941, à la tentative d’exécution d’un indicateur au mois de janvier 1942 ou encore à un attentat contre la maison d’un collaborateur.
Lorsque le groupe fut démantelé par la police au mois d’août 1942, il fut considéré comme un spécialiste de la bombe. Lors du « Procès des 42 » monté par la justice militaire allemande au début de l’année 1943, il fit partie des trente-six condamnés à mort le 28 janvier 1943. Au procès, il déclara : « J’ai agi en Français et en patriote. C’est un massacre par des Allemands. »
André Guinoiseau a été fusillé au Bêle à Nantes le 29 janvier 1943.
Dans sa dernière lettre, datée du 29 janvier 1943, il écrit : « Nous mourons tous pour la même cause du socialisme, pour le bonheur de mon pays, pour la délivrance de la France. »
Il a été reconnu Mort pour la France le 16 février 1945.
Une rue de Rezé porte son nom, son corps repose dans le cimetière de la commune.
Nantes le 29 janvier 1943
Ma chère mère,
Je t’envoie ce mot, c’est à dire cette dernière et douloureuse lettre qui te fera, quand tu la recevras, grand malheur. J’espère que tu me vengeras, ainsi que mes nombreux camarades qui vont mourir à mes côtés, mais nous mourous tous pour la même cause du socialisme, pour le bonheur de mon pays, pour la délivrance de la France.
Je vais rejoindre mon pauvre père, ce sera un grand malheur pour toi, certainement le plus grand malheur réalisé jusqu’à ce jour pour toi.
Toute ma captivité, je n’ai pensé qu’à toi. C’est malheureux de mourir si jeune, à vingt ans, car l’avenir nous souriait, mais je meurs la conscience nette, victime innocente de cette affreuse guerre qui aura fait de grands malheurs dans les foyers.
Chère mère, quand tu recevras cette lettre, je ne serais plus de ce monde. Je ete donne le soin ainsi qu’à la famille de me venger ainsi que mes nombreux camarades qui vont tomber sous les balles allemandes. Tâche de refaire ta vie en pensant à ton cher fils regretté. Garde toujours ton cher bien à vous deux à mon père et à toi, que vous avez gagné à votre sueur. Pauvre père, je vais le retrouver.La famille ne t’oubliera pas et te consolera le plus possible pour tes êtres chers qui ne seront plus.
Je te laisse le choix de disposer de ta vie en restant auprès de la famille qui, j’espère ne t’oubliera pas.
Garde toujours près de toi mes affaires en souvenir de ton cher fils regretté qui ne sera plus. Tu recevras toutes mes affaires que j’ai eues dans mes derniers moments.
Vive le Parti. Vive la France, Vive l’Union Soviétique.
Adieu, adieu ma chère mère, je vais mourir en Français.
André Guinoiseau.
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Loire-Atlantique 1694W48, 305 J 3 . – Arch. Dép. Maine-et-Loire 18W70. – Le Phare, janvier 1943. – Acte d’accusation du Procès des 42. – Jean Bourgeon (sous la dir.), Journal d’un honnête homme pendant l’Occupation, Thonon-les-Bains, L’Albaron, 1990.— La Résistance de l’Ouest, 26 juillet 1945.— Acte de décès.

Guy Haudebourg

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