Né le 3 juillet 1925 à Clichy (Seine, Hauts-de-Seine), fusillé le 29 janvier 1943 au terrain militaire du Bêle à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) ; chaudronnier ; militant communiste ; membre de l’Organisation spéciale (OS).

André Rouault jeune
André Rouault jeune
Guy Haudebourg, Nantes 1943. Fusillés pour l’exemple, La Crèche, Geste éditions, 20014.
André Rouault à 17 ans
André Rouault à 17 ans
Fils de Pierre Rouault, chaudronnier, et Simone Françoise Fresnel, André Rouault fut un militant de la Jeunesse communiste de Rennes (Ille-et-Vilaine), où il était chaudronnier.Il habitait chez ses parents 110 rue de Brest à Rennes.
Il participa au ramassage d’armes abandonnées par les soldats français lors de la débâcle, ainsi qu’au vol de revolvers d’officiers allemands. Il fut arrêté une première fois, puis relâché, pour avoir distribué des tracts du Front national. Le 2 mars 1942, un mandat d’arrêt fut lancé contre lui. Il échappa à une nouvelle arrestation à Rennes, mais le 11 juin 1942, fut condamné par contumace par la section spéciale de la Cour d’appel de cette ville, aux travaux forcés à perpétuité pour "activité communiste et tentative de meurtre sur des inspecteurs de Police dans l’exercice de leurs fonctions" ;
Il s’était réfugié à Rezé (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) chez Marcel Boissard où il se cacha pendant trois mois. Il devint membre du groupe de l’OS dirigé par Maurice Lagathu, participant à plusieurs attentats. Le 8 juin 1942, rue Saint-Jacques à Nantes, il tira sur un légionnaire, en août, il participa à la destruction de blé et d’un moteur de moulin dont la farine était livré à l’armée allemande. Arrêté le 5 août 1942 par le Service de police anticommuniste (SPAC), torturé au commissariat central, rue Garde-Dieu, André Rouault fut conduit à la prison Lafayette de Nantes. Jugé par le tribunal allemand de Nantes au mois de janvier 1943 (« procès des 42 »), il fut condamné à mort le 28 janvier et fusillé au terrain militaire du Bêle le lendemain, à dix-sept ans.
Reconnu - Mort pour la France - , le nom d’ André Rouault est gravé sur le monument aux morts du cimetière Saint-Paul de Rezé et à Nantes, près du stade de la Beaujoire, sur la plaque commémorative apposée par l’Association nationale des familles de fusillés et massacrés "l’ANFFM de la résistance française à ses glorieux martyrs fusillés en ces lieux de 1941 à1944".
André Rouault fut cité pour la Médaille militaire donnant droit à la Croix de guerre avec palmes et décoré de la Médaille de la Résistance.
Dernière lettre
 
Nantes le 29 janvier 1943
 
Chers parents, chers amis,
Cette lettre est la dernière que je vous écris, car ce matin on vient de nous apprendre que nous serons exécutés. Nous avons souffert dans les geôles, enchaînés depuis cinq mois et ce matin l’on nous donnera le coup de grâce. J’espère et je mourrai en me disant qu’il faut que nous supportions avec courage cette sentence.
Vous vivrez, il le faut, ne serait-ce que pour faire respecter ma mémoire, car je ne suis pas un bandit, ni un assassin… mais un patriote. Je mourrai en soldat. Cher Père et Chère mère, le chagrin de cette affreuse nouvelle ne vous abattra, car vous savez réagir. Je ne souhaite que vous me remplaciez par un enfant de l’Assistance publique est que mon père lui donne les principes d’éducation qui le conduira comme moi sur le chemin de l’honneur.
Mes affaires vous en ferez ce que bon vous semble. Je demande que mon corps soit transporté plus tard, côte à côte avec celui de mon cousin qui est mort lui aussi victime de son idéal.
J’espère que mon oncle va sortir vivant de ces massacres. Il faut que Daniel que son devoir lui dicte une ligne de conduite toute droite. Je pense en ce moment à tous mes amis, Rémy, René Collet, Quémard, Mlle Hélène Levasseur, Raymond et à vous mes parents chéris. Je revois tous ces visages, c’est en pensant à vous que tout à l’heure je mourrai. Je meurs pour mon parti, pour mon pays comme il en tombe tant tous les jours.
Vive la France, Vive le PC.
Adieu
André Rouault
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Loire-Atlantique, 305 J 3. — Arch. Dép. Maine-et-Loire, 18W70. – Arch. Jean-Paul Molinari. – Albert Ouzoulias, Les Bataillons de la jeunesse, Paris, Éd. Sociales, 1972. – Jean Bourgeon (sous la dir.), Journal d’un honnête homme pendant l’Occupation, Thonon-les-Bains, L’Albaron, 1990. – Le Phare, janvier 1943. – Témoignage Henri Gomichon.— Notes de Gilbert Boissard 2016.

Guy Haudebourg

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