JAMET Guy, Yvon
Né le 1er février 1920 à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), fusillé le 25 août 1943 au terrain militaire du Bêle à Nantes ; ajusteur ; syndicaliste CGT ; membre du Front national et des FTPF.


Place de Bouguenais. Comité du Souvenir 44.

Inscription "Ils l’ont bien cherché" faite sous la plaque en décembre 2021.
Membre du Front national dès le mois de janvier 1942, groupe Château-Bougon SNCASO, il participa à la distribution de tracts. Il participa ensuite au vol de dynamite et à plusieurs attentats à la bombe. À la fin de l’année 1942, il entra dans le groupe des Francs-tireurs et partisans (FTP) nantais de Jean Fraix. Est-ce lui qui, sous le pseudonyme de Guy, fut responsable de la jeunesse de l’interrégion communiste Ouest (huit départements) ?
Arrêté le 26 janvier 1943 par la police française et le Service de police anticommuniste (SPAC) d’Angers pour « actes de franc-tireur et attentats contre les troupes d’occupation », il fut jugé par le tribunal allemand de Nantes (FK 518) le 13 août 1943 (« Procès des 16 ») et fusillé au terrain militaire du Bêle le 25 août.
Il a été reconnu Mort pour la France 19 février 1945.
Une place de Bouguenais porte le nom de Louis-Bâle-et-Guy-Jamet. Voir Louis Bâle.
Une cellule du PCF de Loire-Atlantique a pris son nom.
Guy Jamet fait partie des 90 syndicalistes CGT de Nantes figurant à la Maison des syndicats de Nantes sur une plaque : "Les syndicats confédérés de Nantes en Hommage à ses Martyrs, victimes de la barbarie nazie."
Dernière lettre« Nantes le 25 aoûtMa petite femme adorée.C’est fini, quand tu recevras cette lettre je ne serai plus en vie.Je vais mourir assassiné par les allemands, car j’ai été condamné injustement. Dans le verdict du procès, il n’y avait rien de nos déclarations faîtes à la police. Au cours du procès, nous avons tous été braves, pas un n’a flanché et nous sommes quinze condamnés à mort sur seize. Ils ont soif de sang, mais notre mort aura servi à quelque chose car bientôt ils ne seront plus là et les français seront heureux à nouveau. Tu n’auras pas à rougir de moi, ainsi que ma fille, mais au contraire soyez fières et vengez moi si vous pouvez. Je n’ai qu’un regret, c’est de ne pas pouvoir te rendre heureuse plus que tu ne l’as été jusqu’à ces jours.Adieu les beaux projets d’avenir, je n’aurai jamais pensé que ma vie serai si brève mais c’était la destiné, j’étais orphelin ma fille le sera. Quand tu penseras à moi, pense bien que je t’ai aimé comme un fou malgré mes aspects rudes parfois, et pardonnes moi si quelque fois je t’ai rendu malheureuse. C’était inconsciemment, car je n’étais pas méchant, tu t’en es aperçu.Souvent dans ma cellule j’ai rêvé d’une vie tranquille avec les deux êtres que j’ai aimé le plus au monde, mais ç’aurait été trop beau, par conséquent irréalisable.Avec petit Louis, on a décidé que si vous voulez, avec ma soeur, vous vous mettrez ensemble, la vie serai moins dure pour vous. Mais tu es jeune et tu peux refaire ta vie. Je te le conseille, mais prends un brave garçon qui ne rendra pas ma fille malheureuse, et à rendre heureuse toi aussi, car je te souhaite une vie heureuse et tranquille.Ils vont assassiner toute la famille, car les photos que tu m’as envoyées seront traversées par les balles sur mon cœur.C’est petit Louis qui a parlé de moi à la police, mais malheureusement pour lui il n’a pas sauvé sa tête. Je ne lui en veux pas il ne savait pas ce qu’il faisait.Je n’en veux pas surtout aux allemands, quoique ce sont des assassins, mais j’en veux surtout aux policiers français qui m’ont remis entre leurs mains. Dis aux copains que je vais mourir en brave et qu’ils continueront à lutter pour le bonheur du prolétariat.Si tu sais où l’on est enterré tu (Illisible) grâce à mon dentier et si tu peux le faire, fais moi revenir dans la fosse. Après la guerre tu auras droit à une pension de veuve de guerre, tu feras les démarches pour l’avoir.Je ne veux pas que ma petite Ginette soit baptisée, elle le fera plus tard si elle veut.Dès que tu sauras officiellement que j’ai été fusillé, viens rechercher mes affaires à la prison.Peut-être qu’avant d’y aller, je pourrai écrire une lettre d’adieu, mais tu la recevras que dans plusieurs mois, et l’on ne peut pas mettre grand chose dessus.J’ai été très heureux de te voir lors (du procès s’a m’a ...(Illisible) très fugitive), mais elle est gravé dans ma mémoire et je n’ai qu’un regret c’est que tu n’es pas amenée ma petite Ginette, j’aurai été content de la voir pour la dernière fois, et surtout de pouvoir vous embrasser avant de mourir, si jeune, mais je tâcherai d’être aussi brave devant les fusils que je l’ai été au procès.Ma petite nénette chérie, la place me manque, je suis forcé d’abréger, mais sache bien que ma dernière pensée en mourant ira vers toi et ma fille adorée.Adieu mes deux amours, dis aussi adieu à Petit Pierre pour moi ainsi que Jojo et aux amis. J’aurai voulu pouvoir te rendre heureuse, mais je ne pouvais pas penser souvent à moi et fais aimer ma mémoire à ma fille.Je vous envoie mes derniers baisers. Ton petit mari qui t’a toujours aimé et qui regrette de ne pas avoir pensé assez à vous et avoir fait votre malheur.Vive la France.Mes derniers baisers à mes deux amours pensez souvent à moi.Je t’envoie mon alliance car ils me la voleraient ».
SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). – Arch. Dép. 44 305 J 3 Arch. Dép. Ille-et-Vilaine 217W15. – Jean Bourgeon (sous la dir.), Journal d’un honnête homme pendant l’Occupation, Thonon-les-Bains, L’Albaron, 1990. – Guy Haudebourg, Le PCF en Loire-Inférieure à la Libération (1944-1947), mémoire de maîtrise d’histoire, Université de Nantes, 1987. — Cliché de la plaque de la Maison des syndicats communiqué par Joël Busson. — Dominique Bloyet, Etienne Gasche, Jeunes résistants en Loire-Atlantique, Coifard librairie Éditeur, 2014.
Guy Haudebourg