Né le 9 avril 1924 à Herserange (Meurthe-et-Moselle), fusillé par condamnation le 13 septembre 1943 à Lyon (Rhône), retrouvé dans un charnier à La Doua, à Villeurbanne ; tailleur ; syndicaliste ; résistant au sein des FTPF.

Korsec Maurice, Bonein Marcel, D'Alessandri. Plaque à Marseille.
Korsec Maurice, Bonein Marcel, D’Alessandri. Plaque à Marseille.
Cliché Claude Pennetier
Tombe de Maurice Korzec au Mémorial de La Doua
Tombe de Maurice Korzec au Mémorial de La Doua
Cliché Jean Lorcin
Maurice Korzec était le fils de Mordka Korzec et d’Estéra Frischmann. Son père, d’origine polonaise, travailla à Herserange comme commerçant et comme ouvrier dans une usine de métallurgie. Le chômage le poussa à s’installer à Paris où il devint ouvrier boulanger. Mordka Korzec fut un militant syndicaliste CGT membre de la commission intersyndicale juive de Paris. La famille Korzec habita 37 rue Alphonse-Karr (XIXe arr.) puis, après la guerre, 51 rue de l’Ourcq (XIXe arr.).
En 1939, Maurice Korzec entra en apprentissage à l’ORT puis il travailla dans une usine d’aviation. En 1941, il partit pour Marseille (Bouches-du-Rhône) avec sa sœur Rose et devint tailleur dans une maison de confection. Il fut militant syndicaliste et distribua journaux et appels de la CGT clandestine. Il habita 32 rue Curiol à Marseille en dernier lieu.
À partir de 1942, Maurice Korzec fit partie d’un groupe de résistance des Jeunesses communistes. Le 1er mars 1943, il intégra le détachement Marat (FTP-MOI, secteur de Marseille) où il fut nommé chef d’un groupe de choc. Il participa à de nombreux attentats. Pour mener à bien ces actions, il se déguisa en jeune fille élégante, en cheminot, en balayeur des rues... Le 3 avril 1943, il déposa sa première bombe sous la fenêtre d’une caserne allemande à l’Estaque (Marseille). Le 8 mai, il fit sauter avec ses camarades seize transformateurs qui fournissaient de l’électricité à des usines au service de l’occupant. Le 18 mai, il fit exploser une bombe devant un cantonnement allemand, rue de l’Eclipse. Le 24 mai, avec son groupe, il détruisit à la bombe six locomotives dans la gare d’Arenc (Marseille). Le 29, il fit exploser, dans la même gare, douze wagons-citernes.
Le 5 juin 1943, alors qu’il était couvert par deux camarades (Albéric D’Alessandri et Marcel Bonein), Maurice Korzec lança, vers 21 h 30, une bombe dans le hall d’entrée du Capitole, un soldatenkino (cinéma réquisitionné par la Wehrmacht), situé en plein centre de Marseille. Plusieurs soldats et quelques civils furent blessés. Maurice Korzec, lui-même blessé lors de cette opération, fut arrêté sous la fausse identité d’Henri Marcellin.
Il fut emprisonné à Marseille. Maurice Korzec subit des tortures et resta des journées entières ligoté dans un cabinet de toilette. Il fut transféré à la prison Montluc (Lyon, Rhône).
Il fut condamné à mort par un tribunal militaire allemand le 8 septembre 1943 et fusillé par les Allemands au fort Montluc le 13 septembre 1943. Il écrivit une dernière lettre à ses proches le 8 septembre 1943. Sur le mur de sa cellule de Montluc, il inscrivit : « Je meurs avec courage pour que vive la France. »
Son exécution et celles de Marcel Bonein et Albéric D’Alessandri furent annoncées le 3 novembre 1943, dans la presse régionale, par un communiqué allemand qui le présentait comme « le Juif Corzes ».
Retrouvé dans le charnier de la Doua (Villeurbanne, Rhône) après la guerre, son corps fut inhumé dans le cimetière de la nécropole nationale de la Doua.
Le 29 août 1945, il fut décoré de la Croix de guerre avec palme et citation à l’ordre de l’armée : « Chef de groupe très dévoué et courageux. Volontaire pour les actions les plus périlleuses. Arrêté par la Gestapo à la suite de l’action du 5 juin 1943, devant un cinéma réquisitionné par l’ennemi. Torturé sauvagement, eut une attitude héroïque. Ayant essayé de s’évader a été assassiné par les Allemands dans le jardin de la Gestapo ». Le 8 septembre 1952, il fut homologué sous-lieutenant des Forces françaises de l’intérieur (FFI). Le titre d’Interné Résistant lui fut attribué le 8 janvier 1962.
Deux plaques apposées sur le monument des Mobiles, en haut de la Canebière, face à l’emplacement du cinéma « Le Capitole », évoquent Maurice Korzec. L’une porte l’inscription : « Le 5 juin 1943, trois francs-tireurs et partisans (FTP) Korsec Maurice, Bonein Marcel, D’Alessandri attaquèrent les soldats allemands sortant du soldatenkino. Ils ont été fusillés à Lyon. Français, souvenez-vous » ; l’autre : « L’Union des Juifs pour la Résistance et l’entraide à la mémoire de leur camarade de combat Maurice Korsec. »
La plaque du Mémorial de La Doua donne par erreur le 2 octobre 1943 comme date d’exécution, parmi 7 autres victimes.
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Dernière lettre
 
Lyon, le 8 septembre 1943.
Mes très chers tous,
Je ne sais pas si ce mot vous parviendra, mais
j’espère qu’il pourra vous donner de mes dernières
nouvelles, car je crois que je serai condamné pour toujours. Il faut beaucoup de courage comme moi j’en ai. Mon seul regret sera de ne pas vous avoir revu
avant de partir dans un monde que l’on dit « meilleur ».
Ecrivez à Rose et embrassez-la bien fort de ma part.
Qu’elle prenne ses précautions. Il faut avoir confiance
en l’avenir, tout s’arrangera et j’espère que vous
reverrez bientôt votre petite Renée
Je vous embrasse tous des milliers de fois en espérant que vous n’aurez pas trop de chagrin et que vous allez tous bien.
Votre fils, frère, qui ne cesse de penser à vous
Maurice.
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen, dossier de Maurice Korzec. – Arch. Dép. Rhône, 3335W22, 3335W15. – Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, 76 W 117, gendarmerie des Bouches-du-Rhône, confirmation message téléphoné du 6 juin 1943 à 10 heures. – Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, 76 W 132, direction de la police nationale, bulletin hebdomadaire de renseignements, 7 juin 1943. – Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, 8 W 64, Section spéciale, dossier Charles Piacenza. – Robert Mencherini, Résistance et occupation (1940-1944), Midi rouge, ombres et lumières : une histoire politique et sociale de Marseille et des Bouches-du-Rhône de 1930 à 1950, Syllepse, 2011. – David Diamant, Combattants, héros et martyrs de la Résistance, Éd. Renouveau, 1984. – Grégoire Georges-Picot, L’innocence et la ruse. Des étrangers dans la Résistance en Provence (1940-1944), Éd. Tirésias, 2012. – David Diamant, Les Juifs dans la Résistance française, 1940-1944, Éd. Renouveau, 1971. — Commission intersyndicale juive auprès de la CGT, Combattants de la liberté, Paris, 1948, p. XLIII. — [www.deportesdelyon.fr]

Jean-Sébastien Chorin

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