Né le 11 juin 1904 à Angoulême (Charente), fusillé comme otage le 2 octobre 1943 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; chef du Bureau de dessin de la section d’études économiques de la Marine marchande à Vichy ; résistant gaulliste, membre du réseau Alliance.

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Pierre Magnat
SOURCE : DAVCC
Fils d’Hippolyte et de Jeanne, Marie Chabot, Pierre Magnat épousa Marthe, Juliette Lefièvre, à Nogent-le-Roi (Eure-et-Loir) le 10 juin 1940. Sans enfant, le couple habitait sous l’Occupation au 4 rue Voltaire à Vichy.
En 1942, Pierre Magnat s’engagea dans la Résistance. Son emploi dans l’administration de la Marine marchande lui permit d’accéder à des informations importantes pour les Alliés. Il devint un agent P2 du réseau Alliance du 1er novembre 1942 – pseudonyme « Pétoncle » – rattaché au secteur « Sea Star Allier/Asile », un agent « très actif » selon l’attestation de Marie-Madeleine Méric dite Fourcade. Adjoint au chef de réseau « renseignements Marine », il transmit des informations sur les déplacements de la flotte allemande et participa – dans le cadre du réseau Alliance ou au sein du réseau « Base-Espagne », sous le pseudonyme de Martial – à l’évasion de prisonniers en leur procurant fausses cartes et faux papiers.
Dénoncé par un agent double, il fut arrêté par la Sipo-SD le 4 mai 1943 à son domicile. Incarcéré à la prison de Moulins, il fut condamné à la déportation par le tribunal militaire de cette ville, puis transféré au fort de Romainville (Seine, Seine-Saint-Denis) le 24 septembre. Il fut l’un des cinquante otages fusillés au Mont-Valérien le 2 octobre 1943 en représailles à l’exécution de Julius Ritter, colonel SS, responsable en France du Service du travail obligatoire (STO), abattu le 28 septembre 1943 par un détachement des Francs-tireurs et partisans-Main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI) composé de Marcel Rayman, Léo Kneler, Spartaco Fontanot et Celestino Alfonso. Vers 18 heures, après étiquetage des objets personnels, les cinquante détenus furent enfermés dans des cars. Selon le Mémorial du réseau Alliance, « Parmi eux se trouvent quatre des nôtres. [...] Le car disparaît, suivi d’un autre contenant le peloton d’exécution et au Mont-Valérien, tombent quatre agents du secteur Asile : Louis Biard, Jean Bouteille, Pierre Magnat et Louis Maudeux. » Ils furent passés par les armes entre 18 heures et 19 heures.
Un graffiti collectif des six otages gardés à la chapelle a été apposé : "Magnat, Dutreix, Rimbert, Klein, Maudeux et Arbona "mort ensemble pour la patrie le 2 octobre 43 tous les 6" et un autre graffiti :
« MAGNA Gérard Chef de Division Marine Marchande
né le 11-6-04 à ANGOULEME
fusillé le 2-10-43 à 19H30 »
Son corps fut incinéré au cimetière du Père-Lachaise à Paris (XXe arr.) et probablement inhumé au cimetière de Pantin. Déclaré « Mort pour la France » à une date non renseignée, il fut reconnu « Interné Résistant » le 13 novembre 1962. Sa nomination comme chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume, le 27 juillet 1946, fut accompagnée de la citation suivante : « Fonctionnaire de la Marine marchande animé d’un vibrant patriotisme, entre comme volontaire au SR Alliance à la fin de 1942. Utilisant les renseignements qu’il recueillait au 2e Bureau de la Marine à Vichy pour en faire profiter le Réseau, a fourni des informations très précieuses sur toutes les questions concernant l’activité maritime de l’ennemi. Arrêté par la Gestapo en mai 1943, au moment où il va être chargé d’importantes fonctions, pris comme otage à la prison du fort de Romainville, a été fusillé au Mont-Valérien le 2 octobre 1943. » La Croix de guerre avec palme lui fut décernée ainsi que la Médaille de la Résistance polonaise. Reconnu chargé de mission de 2e classe, il fut homologué au grade de lieutenant. Il obtint la mention Mort pour la France par décision en date du 27 août 1978.
Sources

SOURCES : SHD Vincennes, GR 16 P 383136, dossier résistant pour Pierre Magnat (nc). — AVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). – Site Mémoire des Hommes, base des fusillés du Mont-Valérien. – Des informations sur la page du site Internet des Amis de la Fondation pour la mémoire de la déportation de l’Allier. — Les graffitis, ultimes témoignages des fusillés du Mont-Valérien, Mont-Valérien.— Site du Mont-Valérien.

Dominique Tantin

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