Né le 4 janvier 1920 à Ploërmel (Morbihan), fusillé après condamnation à mort le 30 juin 1944 à Saint-Jacques-de-la-Lande (Ille-et-Vilaine) ; mécanicien ; FFC ; sous-lieutenant des Forces françaises de l’intérieur (FFI).

Louis Chérel
Louis Chérel
SOURCE : René Le Guénic,
Morbihan, Mémorial de la Résistance
À la Maltière en Saint-Jacques-de la-Lande
À la Maltière en Saint-Jacques-de la-Lande
Sur le monument des martyrs de la Résistance</br> à Ploërmel
Sur le monument des martyrs de la Résistance
à Ploërmel
SOURCE :
Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson
Louis Chérel était le fils de Joseph Louis Chérel et de Marie, Louise Olichon. Sa mère, veuve en 1944, était domiciliée rue des Patarins à Ploërmel, où il exerçait la profession d’employé de mairie.

Réfractaire au Service du travail obligatoire (STO) Louis Chérel s’engagea avec son père Joseph Chérel dans le Réseau M des Forces française combattantes (FFC). Membre du Bureau des opérations aériennes (BOA) et sous-lieutenant au sein du 12e bataillon des Forces française du Morbihan, il fut blessé dans un accident d’auto avec Henri Calindre en revenant de mission de Rennes le 23 février 1944. Hospitalisé à Ploërmel, il fut arrêté par la Gestapo sur son lit d’hôpital le 3 mars 1944. Le docteur Rousset, les sœurs et les infirmières de l’hôpital furent témoins de son arrestation. Interné le 3 mars 1944, il fut transféré à la prison de Vannes où il fut affreusement torturé et reçut trois cents coups de nerf de bœuf, puis au Fort Penthièvre en Saint-Pierre-Quiberon (Morbihan), et enfin à Rennes à la prison Marguerite le 22 avril 1944. Il fut condamné à mort le 29 juin 1944 comme « franc-tireur » et pour avoir caché des armes parachutées par le tribunal militaire allemand FK 748 de Rennes (dossier S 1744). Il fut exécuté le lendemain sur le polygone de tir de la Maltière en Saint-Jacques-de-la-Lande (Ille-et-Vilaine)en même temps qu’Henri Calindre. Arrêtés en même temps que Louis Chérel et Henri Calindre, Guillot, Turpin et Chantiel furent déportés. Seul le dernier revint des camps.
Le tribunal civil de Rennes par un jugement daté du 14 février 1945, transcrit en mairie de Saint-Jacques-de-la-Lande le 2 mars 1945, l’a déclaré « décédé à Saint-Jacques-de-la-Lande le 13 juin 1944 ».< /br>
Louis Chérel a obtenu la mention « Mort pour la France ». Il a été cité au Corps d’Armée avec attribution de la Croix de guerre. Le titre d’Interné-Résistant lui a été attribué en 1950 et la Médaille de la Résistance par décret du 7 juin 1952, publié au JO du 17 juillet 1952. Il a reçu la Medal of Freedom américaine.

Son père Joseph Chérel est mort sous la torture à la prison Marguerite de Rennes (Ille-et-Vilaine).
En Ille-et-Vilaine, le nom de Louis Chérel est inscrit sur la stèle des fusillés de la Maltière en Saint-Jacques-de-la-Lande et sur le monument de la Résistance érigé dans le cimetière de l’Est à Rennes.
Dans le Morbihan, il figure avec son père Joseph Chérel et son camarade Henri Calindre sur le monument des martyrs de de la Résistance à Ploërmel, où une rue porte le nom de « Joseph et Louis Chérel ».
......................................................................................................
Dernière lettre
 
« Le 29 juin à midi.
« Bien chères mère, soeurs, frères, cousins, amis !
Cette fois tout est fini. Surtout ne vous lamentez pas. Il y a assez de chagrin. Je sais que la guerre aura creusé un grand vide dans notre famille. Je suis condamné à mort mais ne tremblez pas. J’attends mon sort avec calme. Je regrette beaucoup la vie que j’aimais tant. J’aurai voulu vous voir une dernière fois avant de mourir, pour vous parler de mon cher père que vous connaissez tous. Turpin reste pour vous parler de tout cela.
Bientôt la libération viendra pour vous. Mère, c’est à toi que je m’adresse. Je sais que
le coup va être terrible pour toi. Pense que moi je suis brave et que toi aussi tu dois être brave. Tu sais que Minai et Ferdinand vont revenir [sa sœur déportée et son frère
prisonnier en Allemagne] et qu’il faudra les consoler. Pauvre Ferdinand, moi qui avais
fait tant de projets pour l’avenir pour nous deux. Et toi Yvonne [une de ses sœurs] saches sécher tes larmes, tu es jeune.
Allons Madeleine [une autre sœur], je te souhaite beaucoup de bonheur avec Pierre, ce brave garçon, futur beau-frère que je ne reverrai plus. Armande [une 3e sœur] fonde aussi un foyer et si tu as un fils appelle-le Louis, comme son oncle.
Quant à Yvonne [sa fiancée],Moreau et Marc, je vous souhaite le retour d’Amédée bien
vite. Je sais que vous ne m’oublierez pas. Mais surtout prenez courage. Montrez-vous
Français.
Vive la France. Vengeance. Vous pouvez avoir la tête haute. Je n’ai pas failli à mon
devoir, ni à ma parole. J’ai eu toujours le moral bon, grâce à ma petite Yvonne que j’aimais beaucoup. J’aurai voulu en faire ma compagne. Hélas ! Marie Basson, je ne serai jamais le parrain de ton bébé. J’avais beaucoup d’estime pour toi aussi. Fais porter mon nom à ton nouveau-né, je serai content. Adieu, je vous embrasse tous.
Signé : Louis.
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen, 21P249884. — " La Butte de la Maltière - Saint-Jacques de la Lande ", Ami entends-tu… Journal de la Résistance bretonne, , ANACR, numéro 158, décembre 2012. — J.-P. Besse, T. Pouty, Les fusillés (1940-1944), op. cit. – Site des fusillés d’Ille-et-Vilaine. — Roger Leroux, Le Morbihan en guerre 1939-1945, Joseph Floch imprimeur éditeur à Mayenne, 1978. — Renée Thouanel (sous la dir.), La Maltière (1940-1944), Éd. Mairie de Saint-Jacques-de-la-Lande, 2013. — René Le Guénic, Morbihan, Mémorial de la Résistance (photo), Imprimerie Basse Bretagne, Quéven, 2013. — Notes et photographies de Jean-Pierre et Jocelyne Husson). — État civil, Saint-Jacques-de-la-Lande, (Jugement déclaratif de décès du tribunal civil de Rennes).

Alain Prigent, Serge Tilly

Version imprimable