Né le 29 décembre 1920 à Plouhinec (Morbihan), fusillé après condamnation à mort le 22 mai 1941 à Vannes (Morbihan) ; marin pêcheur.

Affiche annonçant la condamnation à mort</br> de Louis Larboulette
Affiche annonçant la condamnation à mort
de Louis Larboulette
Il est présenté comme un ouvrier des chemins de fer, ce qui ne semble pas être le cas.

SOURCE : Cliché Georges Ribeill.
Dernière lettre de Louis Larboulette
Dernière lettre de Louis Larboulette
Sur le mémorial des fusillés à Saint-Avé
Sur le mémorial des fusillés à Saint-Avé
SOURCE :
Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson
Stanislas Larboulette était le fils de François Marie Larboulette, manœuvre, décédé, et de Célina Jeanne Marie Talec ou Le Talec, cultivatrice. Célibataire, il était domicilié chez sa mère à Keryvon en Plouhinec (Morbihan) et exerçait la profession de marin pêcheur.

Il fut arrêté le 11 avril 1941 par les autorités allemandes alors qu’il travaillait sur la voie ferrée près de la gare de Riantec (Morbihan). Était-il auxiliaire de la SNCF ? La ligne avait été créée en 1939. Faisait-il de la dépose ou récupération de matériel ? Son acte de décès le déclare marin-pêcheur.
La veille, au village de Ker Yvon en Plouhinec, un peu éméché, il blessa grièvement, lors d’une bagarre l’interprète de la Kommandantur. Cette rixe se déroula chez l’épouse d’un prisonnier de guerre français femme que les deux hommes « fréquentaient ». Transféré à la prison de Vannes (Morbihan) le 12 avril 1941, il fut condamné à mort par le tribunal militaire allemand de Vannes (FK 750) le 26 avril 1941 pour « coups et blessures » contre un militaire de l’armée d’occupation. Il a été fusillé le 22 mai 1941 à 6 heures à Vannes.

Informé de cette exécution par le rapport mensuel de mai 1941 que lui avait adressé le préfet du Morbihan au sujet des relations avec les autorités d’occupation, François de Brinon, ambassadeur de France, délégué du gouvernement de Vichy dans les Territoires occupés, réclama le 30 juillet 1941 d’être informé sur les motifs de cette exécution. Le 2 août 1941, le préfet du Morbihan lui répondit que Louis Larboulette avait été « exécuté le 22 mai 1941 au matin, au polygone militaire de Vannes », que son corps avait été « restitué à sa mère et transféré le lendemain à Plouhinec pour y être inhumé » et joignit àn sa lettre la copie du rapport de gendarmerie donnant toutes précisions sur les circonstances de l’affaire ».
Orthographe et écriture respectée.
 
Vannes le 29 Mai 1941
Chers mère frères et sœurs,
Je vous écrit quelque mots et vous dire que ma recours en grâce a été rejetée et ce matin je vais être exécuté. Vous souhaitez le bonjour à toute la famille et mon oncle de Vannes qui a été bon pour moi. Vous viendrez à Vannes pour prendre ma valise et les sous qui me reste.
Alfred prendra soin de mon vélo et quand il pourra gagné son pain il lui appartiendra vous donnerez ou vous vendrez les rasoirs et tondeuses faites d’eux se que vous voudrez.
Tachez de vous aider entre vous parce que moi je n’appartiens plus de ce monde et je vous sait très courageux.
Je suis bien préparé à recevoir la mort. et je hais toute les mensonges qui ont été dit contre moi. vous lui direz dans la figure dans ce qu’elle n’a pas pu faire. elle n’aura pas beaucoup de chance après ça et je serais bine content de la voir souffrir.
Dites à tous mes camarades le chatiment [sic] que je reçois pour ne pas qu’ils fassent comme moi et ainsi (met) à mes frères.
Prenez courage mas chère mère parce que il n’y a pas une femme ni une famille qui recueille tant de souffrance que vous. Aidez-vous entre-vous encore une fois, ne montrez à personne que vous êtes malheureux. et peut-être un jour viendra où vous serez heureux. Dites aussi (à) Fine et sa fille et ses fils et son mari que je ne les ai jamais oublier et jusqu’au dernier moment je pense toujours a eux et à tous mes bons camarades.
Je mourai [sic] en bon Français et les allemands verront bien quand ma lettre sera transmise en allemand, ils verrons bien que les Français sont très courageux et ils n’ont pas peur de la mort. Tout à l’heure le gardien chef et monsieur l’aumonier sont venus me réveiller ça ma fait une petite émossion [sic]. Jété conféser [sic] hier pour la communion aujourd’hui la fête de l’Assencion [sic] sans penser a se qui me venait, mais j’ai un bon jour pour mourir je feré [illisible] une assencion [sic] le même jour que Ntre [sic] Seigneur Jesus Christ.
Il n’y en a pas un qui [illisible] l’honneur de mourir dans l’état que moi.
Je termine ma lettre en vous embrassant pour la dernière fois.
Votre fils devoué [sic] qui mourera [sic] courageusement du chatiement [sic] allemande.
Louis


L’acte de décès numéro 272, dressé en mairie de Vannes le 23 mai 1941 sur la déclaration de Gwenola Peyron, assistante sociale à Vannes, le déclare « décédé le 22 mai 1941 à 6 heures, 2 place Nazareth » et porte la mention marginale « Fusillé » ajoutée au crayon. [L’adresse de la prison de Vannes en 2019 est 12, place Nazareth].
La Commission nationale des déportés et internés (CNDIR) reprenant l’avis de la commission départementale considéra que l’affaire relevait du droit commun. Cependant la mention « Mort pour la France » fut confirmée sur son acte de décès le 5 novembre 1945 et le statut d’Interné Résistant lui fut attribué au mois de décembre 1963.
Stanislas Larboulette a obtenu la mention « Mort pour la France » ajoutée en marge de son acte de décès le 5 novembre 1945.

À Saint-Avé, le nom de Stanislas Larboulette est inscrit sur le mémorial des fusillés.
Il figure aussi, sous le prénom Louis, comme victime civile sur le monument aux morts de Plouhinec.
Sources

SOURCES : AVCC, Caen, 21 P 472 806. — Arch. Départ. du Morbihan, 2 W 15910, arrestations, condamnations, exécutions par les autorités allemandes, et 2 W 15918, exécutions par les autorités allemandes. — J.-P. Besse, T. Pouty, Les fusillés (1940-1944), op. cit. — Notes d’Henri Dropsy.. — État civil, Plouhinec (acte de naissance) ; Vannes (acte de décès).

Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson, Alain Prigent, Serge Tilly

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