Né le 20 octobre 1922 à Plumelin (Morbihan), fusillé après condamnation à mort le 21 février 1944 à Vannes (Morbihan) ; ajusteur ; FTPF ; membre du Front national de lutte pour l’indépendance de la France.

Sur le mémorial des fusillés à Saint-Avé
Sur le mémorial des fusillés à Saint-Avé
Sur la plaque commémorative </br>de l'ancienne école publique</br> de Guémené-sur-Scorff
Sur la plaque commémorative
de l’ancienne école publique
de Guémené-sur-Scorff
SOURCE :
Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson
Roger Lucas était le fils de Pierre Marie Lucas, boulanger, et de Jeanne Marie Ambroisine Bellec, boulangère, domiciliés au bourg de Plumelin (Morbihan). Adopté par la Nation en vertu d’un jugement du tribunal civil de Vannes en date du 13 octobre 1931, il exerçait la profession d’ajusteur mécanicien à Lorient (Morbihan) et s’était réfugié à Moustoir-Ac (Morbihan) lorsque la ville de Lorient fut bombardé par les Alliés.

Réfractaire au Service du travail obligatoire (STO), il rejoignit le Front national de lutte pour l’indépendance de la France et les Francs-tireurs et partisans français (FTPF). Il fut arrêté le 23 septembre 1943 à Locminé (Morbihan) par la gendarmerie de Pontivy en compagnie de René Pédrono et d’Henri Goumon à la suite d’un vol commis dans une ferme de Moustoir-Ac dont les propriétaires étaient selon le rapport de police de « notoires trafiquants du marché noirs avec les Allemands ». Tous trois furent livrés aux Allemands, malgré la promesse faite par le capitaine de gendarmerie de Pontivy, Gauffenic, au chef de la brigade de Locminé, Jean Milès, qui ne cachait pas sa sympathie pour la Résistance.Transférés à la prison de Pontivy, ils furent incarcérés à Vannes. Quelques mois plus tard, ayant constaté qu’ils étaient porteurs lors de cette opération de pistolets automatiques, ils furent condamnés à mort par le tribunal militaire allemand de Vannes (FK 750) pour détentions d’armes.
Roger Lucas fut exécuté en même temps qu’Henri Goumon, Gérard Lebel et René Pédrono le 21 février 1944 à 9 h 14, dans la prison de Vannes, 12 place Nazareth.
Ce groupe fut soupçonné d’avoir perpétré de multiples vols dans la région, sans aucun lien avec la Résistance.
La mention « Mort pour la France » fut retirée de son acte de décès au mois de janvier 1951. Jean Legal, secrétaire de mairie à Moustoir-Ac pendant l’Occupation, a certifié, au mois de décembre 1962, avoir délivré une fausse carte d’identité à Roger Lucas afin de le soustraire au STO. Cependant, le statut d’Interné Résistant a été rejeté au mois de décembre 1963 au motif qu’un délit de droit commun fut à la base de l’arrestation.

Dernière lettre de Roger Lucas à sa mère.
(Orthographe et ponctuation d’origine).
Vannes le 21 février 1944.
Chère mère,
C’est bien le plus gros chagrin que je vais te causer car je suis condamné à mort je n’espérais pas un tel sort. Mais il n’y a rien à faire le jugement est fin. Le plus dur ce n’est pour moi c’est pour vous tous Odette Robert et Jean ainsi que tante Lulu. Et dire que je ne peux pas vous voir avant.
N’ayez pas trop de chagrin je sais que ce sera dur pour vous mais ayez du courage. Je t’ai fait souffrir maman et tu ti vas encore, encore plus cette fois-ci mais tu vois ce que c’est en écoutant la parole de l’adjudant Guillo [André, mort en déportation] et du capitaine de Pontivy qui me promettait que je n’aurais rien à craindre en remettant les armes c’est moi qui me suis condamnés.
Quand je pense au chagrin que cela va vous faire ça me donne de la peine mais tu pourrais dire que ton fils est mort en brave. Les camarades Pédron (René Pédrono), Le Belle (Gérard Lebel), Goumon (Henri Goumon) sont aussi condamnés. Il passe en même temps que moi.
Je t’embrasse bien fort pour une dernière fois ainsi que Odette Robert Tante Lulu Emilie et toute la famille.
Et pour une dernière Adieu.
Ton fils Dédé



Dans le Morbihan, le nom de Roger Lucas est inscrit sur le mémorial des fusillés de Saint-Avé et sur la plaque commémorative apposée dans la cour de l’ancienne école publique de Guémené-sur-Scorff (Morbihan), où il a été élève.
Sources

SOURCES : AVCC, Caen, 21 P 48 278. — Arch. Dép. Morbihan, 2 W 11 308, exécutés par les Allemands. — J.-P. Besse, T. Pouty, Les fusillés (1940-1944), op. cit. — Dernière lettre conservée par Louis Guiguen, puis par son fils Michel Guiguen. — Notes et photographies de Jean-Pierre et Jocelyne Husson. — Mémorial GenWeb — Site Internet Les Amis de la Résistance du Morbihan, ANACR-56. — État civil, Plumelin (acte de naissance) ; Vannes (acte de décès).

Alain Prigent, Serge Tilly, Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

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