Né le 7 avril 1922 à Paris, fusillé par condamnation le 8 février 1943 au stand de tir du ministère de l’Air à Paris (XVe arr.) ; étudiant ; résistant au sein du groupe du lycée Buffon puis au sein du réseau Hector et enfin au sein des FTPF.

Jacques Baudry
Jacques Baudry
Les 5 fusillés du lycée Buffon
Les 5 fusillés du lycée Buffon
Tête de la dernière lettre de Jacques Baudry
Tête de la dernière lettre de Jacques Baudry
Jacques Baudry (Arch. PPo.)
Jacques Baudry (Arch. PPo.)
Fils de Marc, professeur d’économie et de Marcelle, Jacques Baudry, fils unique, suivit des études au lycée Buffon jusqu’au baccalauréat. Il poursuivit des études à la Sorbonne et à l’École spéciale de mécanique et d’électricité dans le VIe arrondissement. Au lycée Buffon il fit la connaissance de Pierre Grelot et Pierre Benoit. Il vivait chez ses parents 247 rue de Vaugirard à Paris (XVe arr.).
Dès la rentrée de 1940 des tracts et journaux circulèrent au lycée Buffon appelant à « secouer les chaînes, à ne pas être un peuple de chiens couchants... à ne pas lécher les bottes prussiennes ». Le journal créé en septembre 1940, intitulé Valmy était rédigé par le professeur Raymond Burgard. Le 11 novembre, des lycéens et étudiants manifestèrent à l’Étoile, il y eut 123 arrestations dont onze lycéens de Buffon. Les cinq lycéens de Buffon Jean Arthus, Jacques Baudry, Pierre Benoit, Pierre Grelot et Lucien Legros qui ont été fusillés le 8 février 1943 participèrent-ils à cette manifestation du 11 novembre 1940 ? En tout cas ils ne figurent pas parmi ceux qui furent interpellés.
Pendant l’hiver 1941-1942 ils devinrent tous les cinq membres du Front national. Jacques Baudry, membre du réseau Hector depuis le 1er juillet 1941, intégra les FTPF le 1er mai 1942. Il était aussi membre des TP (Troupes patriotiques), en fait les FTP créés en janvier 1942. Le 2 avril 1942, Raymond Burgard fut arrêté ; le 16 avril, jour de la rentrée vers 10 h 30, heure de la récréation, une cinquantaine de lycéens extérieurs pénétrèrent dans l’établissement où un groupe du lycée les attendait. Une centaine de jeunes crièrent « Libérez Burgard ! » et entonnèrent « La Marseillaise ». Un agent du lycée, sympathisant pétainiste, fit fermer les portes du lycée. Jean Arthus et Lucien Legros réussirent à s’échapper par le petit lycée, tandis que Jacques Baudry, Pierre Benoit et Pierre Grelot aidés par Jacques Talouarn, appariteur, militant communiste, se cachèrent dans les caves, évitant ainsi l’interpellation.
Jacques Baudry fut arrêté le 4 juin 1942 à huit heures du matin au domicile de ses parents par trois inspecteurs de la Brigade spéciale n° 2 pour « menées communistes et détention d’armes ». Il fut interné à la préfecture de police de Paris jusqu’au 14 juin 1942 puis au Dépôt jusqu’au 23 juin 1942. Le tribunal militaire allemand de la Luftwaffe qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.) le condamna à mort le 15 octobre 1942 avec ses camarades Jean Arthus,Pierre Benoît, Pierre Grelot et Lucien Legros. Ils fut internés à la Santé (Paris, XIVe arr.) jusqu’au 26 octobre 1942 puis transférés à Fresnes (Seine, Val-de-Marne) où « les cinq du lycée Buffon » poursuivirent leur action au sein même de la prison (refus de recevoir l’aumônier allemand qui portait l’uniforme de la SS, tentative d’évasion...).
Jacques Baudry a été fusillé le 8 février 1943 au stand de tir du ministère de l’Air à Paris (XVe arr.) à 11 h 22, ainsi que Jean Arthus, Pierre Benoit, Pierre Grelot et Lucien Legros.
Il fut inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) le 8 février 1943 division 47, ligne 1, n° 11.
Comme Jacques Baudry en avait exprimé le souhait, il fut ré-inhumé auprès de ses grands-parents à Douchy (Loiret) le 18 juillet 1947. En 1952 les restes de ses camarades Jean Arthus, Pierre Grelot, Pierre Benoit et Lucien Legros furent incinérés et mis dans une urne qui fut déposée le 8 février 1952 dans la crypte de la Sorbonne.
Son père, Marc Baudry, déposa plainte le 29 janvier 1945 contre les policiers qui avaient arrêté son fils. Il déclara avoir la certitude que son fils Jacques fut violemment frappé, mais il ne savait pas par qui.
Jacques Baudry fut reconnu Mort pour la France, il fut homologué sous-lieutenant, membre des Forces Françaises Combattantes (FFC) au titre du réseau Hector, membre des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) et Interné résistant (DIR). Il fut décoré de la Légion d’honneur, de la Croix de guerre avec palmes et de la Médaille de la Résistance (décret du 10 janvier 1947, publié au JO du 11 janvier 1947). Il fut cité avec ses quatre camarades à l’ordre de la Nation : "Glorieux enfants de France, qui formèrent pendant l’Occupation le groupe des Cinq étudiants du Lycée Buffon, se montrèrent en toutes circonstances animés de la foi patriotique la plus pure et la plus agissante"
Son nom est gravé sur la plaque du ministère de la Défense à Paris XVe arr., sur une plaque apposée dans le hall d’entrée du Lycée Buffon « À la mémoire des lycéens résistants fusillés le 8 février 1943 » et sur une plaque apposée au-dessus de la porte d’entrée du 247 rue de Vaugirard : « Ici fut arrêté par les nazis, le 4 juin 1942, Jacques Baudry, élève du Lycée Buffon, martyr de la Résistance. ».
Dernière lettre à ses parents
 
Fresnes, lundi 8 février 1943
 
Mes pauvres parents chéris,
 
On va m’arracher cette vie que vous m’avez donnée et à laquelle je tenais tant. C’est infiniment dur pour moi et pour vous. J’ai eu la chance de savoir, avant de mourir, que vous étiez courageux. Restez-le, surtout ma petite maman que j’embrasse de tout mon pauvre coeur.
Mes pauvres chéris ! J’ai accepté le combat, vous le savez. Je serai courageux jusqu’au bout. La guerre sera bientôt finie. Vous serez quand même heureux dans la paix, un peu grâce à moi. Je veux retourner à Douchy, à côté de Pépère et Mémère J’aurais voulu vivre encore pour vous aimer beaucoup . Hélas ! je ne peux pas. La surprise est amère.
 
J’ai eu les journaux Nous mourrons en pleine victoire . Exécution ce matin à onze heures. Je penserai à vous, à Nicole. Hélas ! nos beaux projets d’avenir. Qu’elle ne m’oublie pas non plus, ni mes parents. Mais surtout, que la vie continue pour elle, qu’elle profite de sa jeunesse.
Papa, maman, mes chéris, qui m’avez tant aimé, adieu ! Je vous étreins bien fort tous trois. Courage !
Vivez ! Je vous embrasse le plus tendrement pour la vie.
Adieu, papa, maman ! Adieu, Nicole
Votre Jacques
Vive la France !

Voir Paris (XVe arr.), Le stand de tir de Balard (Ministère de l’Air)
Sources

SOURCES : Arch. Nat., 4 W6 dossier 6 (audiences affaire de la rue de Buci). – Arch. PPo., BA 2128, KB 1, KB 6, KB 95, 77W 3117, GB 172 (photo). – Bureau Résistance GR 16 P 39195. – DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). – Mémorial GenWeb. — Brochure : Les cinq lycéens de Buffon fusillés par les Allemands, sd. — Plaque du ministère de la Défense à Paris XVème. — Site Internet Mémoire des Hommes. — MémorialGenWeb. — Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry.

Daniel Grason, Delphine Leneveu

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