Né le 13 avril 1921 à Bordeaux (Gironde), fusillé le 23 mars 1942 à Mers-el-Kebir (Algérie) ; marin mutiné, syndicaliste CGT ; résistant individuel.

Fils de Raoul Peyrat, chauffeur, et de Lucia Germaine Béchet, journalière, Paul Peyrat était matelot inscrit à Bordeaux (Gironde) sous le matricule 22854.
Militant au syndicat CGT des marins bordelais, Paul Peyrat embarqua sur l’Henriette, remorqueur des Chargeurs réunis en 1935, puis il passa successivement sur le Cap-Padaran, de la ligne d’Indochine, le La Martinière, le Bourges de la Compagnie Delmas, Le Guilvinec, le Jeanne et le Marigot. Au début de 1940, il était sur la Marrakech dont il débarqua en 1942 à Casablanca pour passer sur le Gabriel Gust’Hau qui devait rejoindre Marseille en convoi. C’est alors qu’il conçut le projet audacieux de livrer le navire à la France combattante.
Paul Peyrat et Jacques Pillien tentèrent de détourner un cargo charbonnier français vers la marine britannique de Gibraltar. Le 6 mars 1942, alors qu’il se trouvait sur la passerelle tenant la barre, il essaya de faire sortir le Gabriel Gust’Hau des eaux territoriales pour rejoindre un croiseur anglais qu’il avait repéré, le commandant s’apercevant du changement de direction, se précipita et donna l’alarme. Le commandant réussit à reprendre le contrôle. Jacques Pillien et Paul Peyrat sautèrent à la mer et nagèrent vers une corvette anglaise qui continua à tourner. Peyrat, mauvais nageur, avait lancé un banc à l’eau pour se soutenir, ils furent récupérés par la Sétoise escorteur dragueur de mines à 50 mètres du but. Déférés devant la cour martiale du tribunal maritime de bord d’Oran (Algérie), condamnés à mort le 13 mars 1942, leur pourvoi rejeté, ils furent fusillés le 23 mars 1942 dans la carrière des tuileries de Roseville à Mers El Kébir (près d’Oran).
Le 10 février 1944, la Cour d’appel d’Alger révisa et annula les condamnations « Attendu que les condamnés ont déclaré qu’ils avaient agi par haine de l’occupant et que tel est le motif de leur action... par ces motifs, la cour annule le jugement susvisé... ».
Ramenée de Casablanca par le bateau de marine marchande l’Angoulème, de la Compagnie générale transatlantique, sa dépouille mortelle fut exposée dans une chapelle ardente installée dans un hangar du port de Bordeaux, les obsèques solennelles se déroulèrent le 16 mai 1947 au cimetière de la Chartreuse. Enterré dans une fosse provisoire, il fut déposé dans le caveau des fusillés du cimetière inauguré par la municipalité de Bordeaux le 14 juillet 1951.
Il obtint la mention « Mort pour la France », la Médaille de la Résistance le 31 mars 1947, la reconnaissance d’Interné résistant le 16 février 1956 et la Croix de guerre avec palme le 3 février 1960.
Son nom figure sur le monument aux morts de Bordeaux.
Son frère René Peyrat, né le 10 août 1927 à Bordeaux, voulut reprendre le flambeau de son frère fusillé. Engagé dans la Résistance, au Corps franc Pommiès en août 1944, il fut mortellement blessé le 6 décembre 1944 à Le Thillot (Vosges), il repose depuis 1952 dans le cimetière national de Rougemont (Doubs). « Mort pour la France ».
Sources

SOURCES : AVCC, Caen, AC21P131190. — SHD, Vincennes, GR16P473081. — Archives familiales. — La Nouvelle République, 20 mars 1947. — Revue de la France Libre, n° 292, quatrième trimestre 1995. — Aperçus d’Histoire sociale en Aquitaine, 1er semestre 2014, n°112-113. — État civil de Bordeaux (Gironde).

Mauricette Laprie

Version imprimable