Né le 23 mars 1917 à Amindal, commune d’Avión en Galice ou Rabalaira (Espagne), fusillé le 13 février au terrain militaire du Bêle à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) ; Espagnol ; résistant, communiste du Parti communiste d’Espagne clandestin, membre de l’Organisation spéciale puis des FTPF de Loire-Inférieure.

Benedicto Blanco Dobarro
Benedicto Blanco Dobarro
Fils de Francisco Blanco Anton et de Soledad Dobarro Pinero, Benedicto était le quatrième des neuf enfants du couple qui habitait le sud de la Galice, dans la province d’Orense. En octobre 1936, il s’engagea dans un bataillon des milices galiciennes pour la défense armée de la République qui fut rattaché début 1937, à la 11e compagnie dirigée par Enrique Lister. Il y connut un autre galicien de sa province, Alfredo Gomez Ollero, récemment promu capitaine ; ils participèrent ensemble à la défense de Madrid.
Les armées républicaines étant défaites, comme des milliers de républicains espagnols, Benedicto Blanco Dobarro prit le chemin de l’exil à travers les Pyrénées puis fut interné dans les camps d’internement d’Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales) puis du Barcarès . Il s’engagea dans un Groupement de travailleurs étrangers GTE, et rejoignit la région nantaise (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique),où il retrouva Alfredo Gomez Ollero, communiste clandestin. Celui-ci l’intégra dans l’organisation clandestine du Parti communiste d’ Espagne, avec pour mission de structurer l’organisation sur Blain, ville située à une trentaine de kilomètres au nord de Nantes, où résidaient de nombreux Espagnols. Ils y distribuèrent des tracts en langue maternelle, imprimés à Nantes et transportés par l’agent de liaison Teodoro Benito Morales. Informé par Alfredo Gomez Ollero de la constitution de Groupo Especial de guérilleros armés, Benedicto constitua avec trois camarades, un groupe à Blain ; ils reçurent deux bombes en attendant d’autre matériel. Mais le Service de Police anticommuniste (SPAC) en liaison avec la police allemande réussit à démanteler l’essentiel de la structure clandestine du Parti communiste d’ Espagne en Loire-Inférieure ; les arrestations commencèrent le 27 juin 1942. Réfugié à la caserne désaffectée de la Briandais à Saint-Nazaire, avec ses camarades Miguel Sanchez Tolosa, Ernesto Prieto Hidalgo et Basilio Blasco Martin, Benedicto y fut arrêté le 17 septembre 1942, " pour organisation terroriste et transport d’armes".
Transféré à Nantes, torturé par les policiers de la SPAC, le 21 septembre il fut écroué à la prison Lafayette de Nantes, où il partagea sa cellule avec Jean Bouvier et Auguste Chauvin ainsi que ses compagnons espagnols.
Le 15 janvier 1943, le procès appelé plus tard "Procès des 42" s’ouvrit au Palais de justice de Nantes ; il devait démontrer l’existence d’un complot communiste, en même temps qu’il visait à impressionner la population. Le réquisitoire du procureur allemand ne laissa aucune chance à Benedicto Blanco Dobarro : « a formé un groupe à Blain, a répandu des tracts, a été dans l’Armée rouge, a vu placer des bombes. » Cinq Espagnols figuraient au banc des accusés : Alfredo Gomez Ollero et Benedicto Blanco Dobarro, en tant que chefs de l’Organisation spéciale, Miguel Sanchez Tolosa, Ernesto Prieto Hidalgo et Basilio Blasco Martin, comme simples membres du groupe de Blanco Dobarro.
Le 28 janvier 1943, le verdict fut rendu ; les trente-sept francs-tireurs furent condamnés condamné à mort pour appartenance à une « organisation terroriste » par le tribunal militaire allemand FK 518 de Nantes, puis fusillés au champ de tir du Bêle, neuf le 29 janvier, vingt-cinq le 13 février et trois le 7 mai 1943.
Il a été inhumé au cimetière de La Chapelle-Basse-Mer, avec ses camarades espagnols fusillés le même jour : Benedetto Blanco Dobarro, Basilio Blasco Martin, Ernesto Prieto Hidalgo et Miguel Sanchez Tolosa. aux côtés de 12 Français dont les corps réintégrèrent plus tard les lieux de sépulture souhaités par leurs familles.
La mention " Mort pour la France " lui fut attribuée suivant la décision du Ministre des Anciens combattants le 6 juin 1947.
Grâce aux lettres que son co-détenu, Auguste Chauvin envoyait à sa femme,dans lesquelles il évoquait ses compagnons espagnols, le "Collectif du procès des 42", initié par Carlos Fernandez, nantais fils de réfugiés politiques espagnols, put identifier les cinq Espagnols inhumés à La Chapelle-Basse-Mer.
En 2004, suite à la victoire de la gauche aux élections espagnoles, le "Collectif du Procès des 42" crée par le Comité départemental du souvenir des fusillés de Nantes et Chateaubriant eut l’idée d’envoyer aux autorités de Madrid un avis de recherche pour tenter d’établir le contact avec les familles de ces cinq fusillés. C’est ainsi que, très vite, deux premières familles se manifestèrent, des familles qui ignoraient tout de leur parent, frère, père, grand-père ou oncle, depuis son départ d’Espagne. Tout au plus avaient-elles été informées du décès, mais elles ignoraient l’activité de résistant, le procès, l’exécution et, bien sûr, le lieu de la sépulture.
La venue de ces familles à Nantes et leur recueillement sur les lieux où leur ancêtre avait été exécuté ou enterré ont donné lieu à des scènes émouvantes. Aussi, le carré du cimetière de La Chapelle-Basse-Mer fut remis à neuf, et une sculpture, réalisée par le plasticien d’origine allemande Ekkehart Rautenstrauch et payée par une souscription volontaire, fut inaugurée le 12 février 2006, en présence des deux filles d’Alfredo Gomez-Ollero, de la soeur de Miguel Sanchez-Tolosa et d’une foule de 400 personnes environ.
La même année, en Galice, un colloque a été organisé sur la vie de Benedicto Blanco Dobarro.
Désormais, les honneurs leur sont rendus chaque année.
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). — Carlos Fernandez, De la Guerre d’Espagne...à la résistance, Nantes, Comité départemental du souvenir des fusillés de Châteaubriant et Nantes et de la Résistance en Loire-Inférieure, 2010 et archives consultées : Arch dép. Loire-Atlantique 27 J 60, 1623 W45, 1305 W46. Arch. mun. Nantes : 1134 W40. Arch. mun.Blain : 2 J13. Presse galicienne La Region 22 mars 2006 — Ghislain Audion, Réfugiés espagnols en Loire-Inférieure, 1936-1945, De la République espagnole à la Résistance, Geste éditions, 2015, p.70-71 .— La Résistance de l’Ouest, 13 février 1946.

Delphine Leneveu, Annie Pennetier

Version imprimable