Né le 3 novembre1914 à Chédigny (Indre-et-Loire), mort au combat le 20 juillet 1944 à Lacombe (Aude) ; employé dans une compagnie d’assurance ; résistant ; membre du SOE ; responsable du réseau Détective ; maquisard du Corps franc de la Montagne Noire.

Henri Sévenet était le fils d’un agriculteur, ancien élève de l’école supérieure agronomique de Rennes, qui fut tué en juin 1915 dans la Meuse.
À la veille de la Seconde Guerre mondiale, Henri Sevenet était employé dans une Compagnie d’assurances à Paris. Mobilisé en 1939, il fut fait prisonnier et réussit à s’évader. Il gagna alors Lyon puis Londres.
De retour en France, Il fut recruté en mai 1941 pour le SOE par Pierre de Vomécourt et fut en relation avec son frère, radio. L’arrestation de ce dernier, le menaçant, l’amena à gagner à nouveau la Grande-Bretagne. Il franchit donc les Pyrénées en juillet 1942 grâce au réseau Pat O’Leary (Voir : Ponzán Francisco). Il atteignit Barcelone puis, l’Angleterre où il suivit un entrainement spécialisé. Il accéda à ce moment-là au grade de capitaine.
Il fut parachuté à Chédigny (sa ville natale), aux environs de Loches le 27 août 1942 pour créer un réseau, Détective, et pour préparer un attentat contre la ligne de chemin de fer Tours-Poitiers mais il fut aussitôt envoyé par Philippe de Vomecourt dans le Sud et échappa à l’arrestation début novembre 1942 à Lyon. Entre temps, grâce à un opérateur radio de Lyon, il fit passer cinquante-trois messages à Londres. Il put aussi, grâce à une couverture d’agent d’assurances assurer l’instruction d’un groupe des environs d’Agen (Lot-et-Garonne) au maniement des armes et des explosifs. Il effectua également des séjours et des missions à Marseille et à Cannes (Alpes-Maritimes), dans la période comprise entre octobre 1942 et février 1943. À partir de la fin de 1942, il fut basé à Toulouse et dirigeait des opérations (parachutages, instruction de recrues dans la perspective de la lutte armée, recherche de contacts dans une vaste zone englobant la majeure partie du sud de la France (entre Lyon, Cannes et Agen). Déjà repéré en Touraine, il le fut aussi, dans la région d’Agen. Il décida donc de revenir en Angleterre. Mais les filières sur lesquelles il comptait (par l’Ariège et l’Andorre ou par Cerbère, Pyrénées-Orientales) comme celles de "Pat O’Leary" n’étaient pas, alors, opérationnelles. Pour retourner à Londres une nouvelle fois, il gagna l’Espagne depuis l’Ariège (Haut Vicdessos) par ses propres moyens se rendant à Ordino, (Andorre) par le col de Siguer (2396 m, à la limite entre l’Andorre et l’Ariège) après avoir marché dans la neige avec des chaussures basses pendant dix huit heures, vêtu d’un pull-over, se guidant avec le soleil. Il arriva ensuite en Espagne, suivit la vallée du Sègre qu’il quitta pour gagner Barcelone via Manresa. Il partit vers Londres depuis la capitale catalane en mai 1943. Il était à Londres le 24 mai 1943 et se porta volontaire pour de nouvelles missions dans la France occupée.
Une nouvelle fois parachuté le 15 septembre 1943, il créa le réseau Détective d’abord à Carcassonne puis dans l’Aude. Deux jours plus tard, un radio, le capitaine britannique Richardson (alias "Despaigne") était parachuté à son tour. Il fut renforcé par un second radio britannique, le capitaine Kenneth Mackenzie parachuté le 22 mars 1944. Michael Foot écrit : « Dans l’Aude et la moitié sud du Tarn, Sévenet fit de Détective centré sur Carcassonne une organisation efficace de saboteurs de voies de communication et procura des armes au Corps Franc de la Montagne Noire (CFMN), un groupe fort d’un millier d’hommes », dès sa préfiguration, avant même sa création formelle. Il collabora bientôt avec un résistant toulousain, Roger Mompezat (1895-1958), un des créateurs du Corps franc de la Montagne Noire. Il se joignit, après avoir participé à la fondation du CFMN, à Castres (Tarn) le 20 avril 1944, aux actions intrépides de cette grande formation armée qui, après le 6 juin 1944, affronta les Allemands dans ce massif montagneux à cheval sur l’Aude, le Tarn et l’Hérault. Il en fut l’un des trois animateurs avec Roger Mompezat et le capitaine Bernard Jouan de Kervenoael qui devint, après Roger Mompezat, le chef militaire du CFMN. Celui-ci passa à l’action après le débarquement du 6 juin. Il compta bientôt environ 1000 hommes.Le CFMN affirma continuer le 3e régiment de Dragons de l’armée d’armistice en garnison à Castres (Tarn), de 1940 à sa dissolution en 1942. Beaucoup de ses hommes passèrent à la Résistance et renforcèrent les maquis du sud-ouest du Massif Central, le CFMN en premier lieu, mais aussi le Corps franc du Sidobre et le maquis de Vabres (Tarn) Voir aussi : Fourcade Louis.
Il fut tué lors d’un combat au hameau de la Galaube à proximité du village de Lacombe décapité par un éclat de bombe lâchée par la Luftwaffe. Le détachement du CFMN eut quatre tués (dont Sévenet, un de ses chefs et trois blessés à l’occasion d’un combat défensif). Pendant ce combat, le CFMN sut faire face à l’attaque allemande, terrestre et aérienne.
Sévenet fut enterré à Laprade (Aude).
Le réseau Détective du SOE fut homologué par les FFC sous le nom de Mathieu et comme ayant fonctionné d’octobre 1943 à septembre 1944.
Henri Sévenet fut homologué, à titre posthume, Commandant FFI (JO du 12 novembre 1947).
Son nom figure : sur le mémorial de Valençay avec 103 autres agents de la section F du SOE ; sur le mémorial du CFMN à Escoussens (Tarn) ; sur le monument aux morts de Chédigny (Indre-et-Loire).
 
Sources

SOURCES : SHD, DIMI, Bureau Résistance, 16P295699. — Gérard Bouladou, Les maquis du Massif Central méridional 1943-1944. Ardèche, Aude, Aveyron, Gard, Hérault, Lozère, Tarn, Nîmes, Lacour Rediviva, 2006, 617 p. [En particulier, p.334 sq., p. 338]. — Michael R.D. Foot, Des Anglais dans la résistance, le service secret britannique d’action SOE en France 1940-1944, Tallandier, 2008. — Lucien Maury, La Résistance audoise (1940-1944), tome II, Carcassonne, Comité de l’histoire de la Résistance audoise, Carcassonne, 1980, 441 p. [pp. 132-138]. — Harry Roderick Kedward, À la recherche du maquis, la Résistance dans la France du Sud, 1942-1944, Paris, Éditions du Cerf, 1999, 473 p. [p. 263, 266, 386.]. — État civil (aucune mention marginale).

André Balent, Jean-Pierre Besse

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