Né le 21 juillet 1914 à Artaix (Saône-et-Loire), fusillé le 26 février 1943 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; tourneur sur métaux ; militant communiste ; résistant au sein des FTPF.

Gabriel Rabot, sa fille Josiane et son épouse Emma
Gabriel Rabot, sa fille Josiane et son épouse Emma
Gabriel Rabot
Gabriel Rabot
Fils de Jean, maçon, et de Marie, née Chapuis, lingère, Gabriel Rabot fut orphelin de père. Ce dernier mort pendant la guerre 1914-1918, Gabriel Rabot fut adopté par la Nation en 1920. Il épousa Emma Deiber et une enfant naquit en 1939. La famille vivait 207 bis avenue Jean-Jaurès à Aubervilliers (Seine, Seine-Saint-Denis). Gabriel Rabot adhéra au Parti communiste en 1937 chez Renault, à Boulogne-Billancourt (Seine, Hauts-de-Seine), où il travaillait. À la déclaration de guerre, en 1939, il fut affecté spécial comme tourneur sur métaux aux Établissements Barbier-Renard à Paris. Pendant la guerre, il rejoignit les Francs-tireurs et partisans (FTP), fit partie du détachement Gaston Carré, puis fut nommé responsable militaire régional pour le secteur de la banlieue nord de Paris, sans être permanent.
Gabriel Rabot prit part à l’incendie du siège du Rassemblement national populaire (RNP) à Aubervilliers en juin 1942. Le 16 septembre, un engin incendiaire fut lancé contre l’Office de placement allemand, 76 route des Petits-Ponts à Drancy (Seine, Seine-Saint-Denis). Le 19 septembre, à la porte de la Villette, il participa à l’attaque d’un autobus transportant des soldats allemands, mais l’opération échoua. Le 5 octobre vers 20 h 45, une grenade fut lancée avenue Jean-Jaurès contre l’autobus faisant le trajet La Villette-Le Bourget (face au stade de la préfecture de police à Pantin). Il y eut deux blessés, un soldat allemand dans le bus et un passant.
Gabriel Rabot préparait avec des FTP un incendie d’ateliers dans les usines Hotchkiss, 168 boulevard d’Ornano, près du carrefour Pleyel à Saint-Denis (Seine, Seine-Saint-Denis). Cette entreprise fabriquait des armes et des chars pour le compte des occupants. Les policiers de la Brigade spéciale no 1 (BS1) filèrent pendant des semaines des militants de la région Paris-Est. Seize FTP furent interpellés, dont Gabriel Rabot, par quatre inspecteurs de la BS1 le 14 octobre 1942 : il roulait à bicyclette et portait sur lui un revolver calibre 7,65 mm muni d’un chargeur garni de huit balles.
La perquisition de son domicile eut lieu en présence de la concierge : furent saisis deux parabellums avec chargeurs, plus treize balles. Emma Barot, qui travaillait sous le contrôle des Allemands à l’aérodrome du Bourget, fut arrêtée sur la demande de la police française le 15 octobre par la Gestapo et remise à la BS1. Interrogée, puis incarcérée, elle fut relâchée le 11 décembre 1942.
Interrogé dans les locaux des BS, Gabriel Rabot fut battu. À la demande de son patron, l’un de ses collègues de travail, André Gruyer, se présenta à son domicile pour prendre de ses nouvelles le 15 octobre. Les policiers avaient tendu une souricière : il fut arrêté et emmené à la BS1. Gabriel Rabot fut incarcéré à la prison de Fresnes (Seine, Val-de-Marne), où des policiers du service de renseignements de la SS (SD) l’interrogèrent. Dans une lettre au préfet de police en date du 29 janvier 1943, Emma Rabot fit part d’objets dérobés par les policiers au cours de la perquisition : un appareil photographique, une chaîne en or avec pendentif pour dame et une alliance en or. Elle demanda également la restitution de sa bicyclette.
Gabriel Rabot comparut le 16 février 1943 devant le tribunal du Gross Paris, qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.). Il fut condamné à mort pour « activités de franc-tireur », puis passé par les armes le 26 février 1943 à 16 h 04 au Mont-Valérien. Inhumé dans le cimetière d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne), Gabriel Rabot fut après la guerre réinhumé dans le carré des victimes de la guerre 1939-1945 au cimetière d’Aubervilliers. Son nom figure sur les monuments aux morts d’Artaix et d’Aubervilliers, où une rue porte son nom.
« Mon mari a été battu, torturé », déclara Emma Rabot devant la commission d’épuration de la police. André Gruyer, qui rencontra Gabriel Rabot dans les locaux des BS, témoigna : « Sur la porte de la pièce où il était interrogé était fixée une pancarte portant ses mots : ``Aveux spontanés’’. Il m’a dit avoir été frappé par deux fois sur les cuisses et sous la plante des pieds avec une matraque, jusqu’au moment où il perdit connaissance. » (Rapport du 11 décembre 1944.)
Sources

SOURCES : Arch. PPo., 1W 0808, BA 1752, KB 21, KB 74. – DAVCC, Caen, Boîte 5 / B VIII 4, Liste S 1744-51/42 (Notes Thomas Pouty). – Site Internet Mémoire des Hommes. – Mémorial GenWeb. – État civil, Artaix.

Daniel Grason

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